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dimanche 17 décembre 2017

L’Europe des Droits de l’homme- Inquiétant ?

C’est ici un grand coup de gueule et d’exaspération, qui me conduit à penser qu’il va vraiment falloir sortir de cette Europe-là ; et pour des raisons économiques, et pour des raisons politiques. Nous avons eu l’Europe du charbon et de l’acier, et il n’y a plus beaucoup de charbon, ni d’acier ; l’Europe agricole, qui nous a conduit à la première pénurie de beurre depuis les années 40 ; et l‘Europe dont nous sommes si fiers des droits de l’Homme ????

Condamnations allemandes : l’ancien comptable d’Auschwitz condamné à 96 ans

Il y avait déjà cet  ancien infirmier du camp d'extermination d'Auschwitz, Hubert Zafke, 96 ans, trainé en procès pour crime pour l’humanité. Un coup raté : le procès une fois commencé, des  experts psychiatres ont estimé que le nonagénaire ne pouvait être jugé. "Du fait de sa démence, il n'est plus en état de suivre les audiences, de comprendre la procédure (...) et de se défendre de manière efficace", explique la cour dans un communiqué. Avec regret, la justice allemande a dû abandonner sa proie.

Alors, on a trouvé le comptable d’Auschwitz : Oskar Gröning, 96 ans, qui n’a pas été directement impliqué dans les massacres.  Peu importe que M. Gröning ait combattu publiquement  les négationnistes, réitérant à plusieurs reprises que les chambres à gaz, le processus de sélection, le million et demi de juifs assassinés, tout était vrai ; la justice allemande, qui a sans doute en tant que corps, beaucoup à se faire pardonner, voulait son dernier nazi à condamner. Alors, en 2015, M. Gröning a été condamné à quatre ans de prison pour « complicité » dans le meurtre de 300.000 Juifs.  En 2017, le parquet de Hanovre a déclare, après expertise médicale, Oskar Gröning apte a purger sa peine d’emprisonnement malgré ses 96 ans, décision confirmée en appel en novembre 2017. Il est simplement précisé que ses conditions de détention devront être compatibles avec son état de santé. Lequel n’est pas brillant : « à la différence d’autres anciens nazis jugés récemment, Oskar Gröning coopère avec le tribunal et livre ses souvenirs. Lucide, il est néanmoins extrêmement faible, ce qui oblige les juges à travailler au ralenti : les audiences ne durent pas plus de trois heures, et cinq d’entre elles ont déjà été annulées. Si l’état de santé du prévenu ne lui permettait plus d’assister aux audiences, le procès ne pourrait être mené à son terme, rappelle le tribunal… »

Comment ne pas comprendre que les juges qui rendent ce genre de jugement auraient fait de parfaits juges des tribunaux nazis, et que ceux qui applaudissent à ces jugement au nom des droits de l’homme auraient fait de parfaits membres du parti nazi ? A se demander si l’Allemagne au fond n’est pas toujours aussi nazie, même et surtout quand elle pense ne plus l’être.

Le Tribunal International pour l’ex Yougoslavie- un suicide en plein tribunal

Ca a fait les titres des journaux et de spectaculaires images pour les journaux télés pendant une journée, et après, tout le monde a oublié ; un suicide en plein tribunal, un accusé buvant un flacon de cyanure, le tout filmé en direct, le 29 novembre 2017
Ce tribunal, c’était le tribunal international pour l’ex Yougoslavie. lobodan Praljak, un ancien officier supérieur de l’armée croate, a avalé une fiole de poison juste après l’annonce de sa condamnation à 20 ans de prison. Ses dernières paroles : « Je rejette votre verdict. Praljak n’est pas un criminel ». Le Premier ministre croate Andrej Plenkovic a estimé  “que le verdict à l’encontre de six Croates était injuste”  et que « Son acte exprime la profonde injustice morale envers ces six Croates et le peuple croate ».  Ilija Cvitanovic, président d'une formation croate bosnienne de centre droit, a estimé : « C'est un verdict politique, pas un verdict de justice ». Un journal croate modéré, Jutarnji List, a commenté : « Praljak a avalé le poison, il ne voulait pas vivre avec le verdict du Tribunal pénal de La Haye à son encontre…Avec son geste désespéré, l’ancien général du HVO [les milices croates en Bosnie-Herzégovine de 1992 à 1995] a protesté d’une manière radicale contre ce qu’il voyait comme la plus grande injustice, à savoir une interprétation en noir et blanc de la guerre [en ex-Yougoslavie], soutenue par les procureurs du TPIY”, explique le quotidien de Zagreb …Praljak s’est investi totalement dans le combat contre une interprétation simpliste de la guerre entre les Croates et les Bosniaques de 1992-1994 [selon laquelle les Croates étaient les agresseurs, et les autres les victimes] et du rôle de la Croatie dans cette guerre… Il n’a pas nié les crimes, il n’a pas eu peur de la prison. Il savait qu’il allait être accusé. Pendant plus de dix ans il rassemblait une documentation énorme sur la guerre [il a écrit 18 livres depuis sa cellule]. Mais la vraie vérité sur la guerre n’intéressait ni Zagreb, ni Sarajevo, ni le Tribunal de la Haye”. Et à Mostar, la population Croate lui a décerné un émouvant hommage : « Il n'était tout simplement pas un criminel de guerre, il défendait son peuple et son foyer ».

C’était la dernière séance, le 29 novembre 2017, la dernière séance du Tribunal International pour l’ex Yougoslavie, qui se termine ainsi comme il a commencé et fonctionné en permanence, dans une certaine abjection. Rappelons par exemple le cas d’Ante Gotovina, un général croate accusé de crimes contre l'humanité sur les Serbes de Croatie, qui dans un premier temps fut condamné à 24 ans de prison, puis  libéré en appel, en novembre 2012 - ce qui ressemblait davantage à une loterie qu’à une justice à vrai dire impossible. Et surtout la libération de Ramush Haradinaj,  un des principaux chefs militaires des albanais du Kosovo qui est libéré car les neuf témoins dont trois protégés par la mission d'administration intérimaire des Nations unies au Kosovo (MINUK) qui devaient comparaître contre lui ont été assassinés ou sont morts dans des conditions suspectes. Une autre critique formulée est celle du problème des pressions externes auxquelles ont été soumis les juges ou les témoins. Selon un des anciens procureurs du tribunal Carla Del Ponte, « certains juges du Tribunal pour l'ex-Yougoslavie avaient peur que les Albanais viennent eux-mêmes s'occuper d'eux ».

Rappelons également la mort en détention du dirigeant Serbe plusieurs fois élus président, Milosevic, après que sa santé n’ait pas permis la tenue d’un procès en bonne forme, et que ses demandes de soins en Russie aient été plusieurs fois refusée. Presque un assassinat légal donc, et ceci alors que finalement la Serbie a été jugée non coupable de génocide et qu’il fut reconnu  « qu’il n’y a pas suffisamment de preuves dans ce dossier pour constater que Slobodan Milošević avait donné son accord au plan commun qui visait à expulser définitivement les Musulmans et les Croates de Bosnie du territoire revendiqué par les Serbes ». Déjà au moment du procès, l’hebdomadaire britannique Sunday Times estimait  que « plus de 80 % des déclarations de l’accusation auraient été rejetées par un tribunal britannique comme étant de simples ouï-dire ».

Le suicide en plein tribunal, le 29 novembre 201  de lobodan Praljak ne fait que mettre un tragique point final à une palinodie indigne de justice, à une abjection parée du nom de justice internationale à laquelle l’Europe a fortement contribué. La conclusion factuelle et modérée de la page Wikipedia résume bien l’échec « Le tribunal aura donc échoué dans son objectif principal réconcilier les Serbes, Monténégrins, Croates, Bosniaques et Albanais ».
On peut penser qu’elle est en même temps naïve. Car lorsqu’on veut réconcilier, on ne fait pas des tribunaux, on fait des lois d’amnistie ou de prescription- ce qui a été fait par Mandela en Afrique du Sud, ou, plus récemment avec un succès certain, en Irlande. Le but de ce tribunal était peut-être au contraire de maintenir des fractures ouvertes de façon à justifier le mainrient de certaines organisations comme l’Otan qui ont perdu leur raison d’être. Et pour savoir ce que les Serbes pensent de cette période, allez donc voir le superbe dernier  film de Kusturica, ‎On the Milky Road.

Catalogne – des élections avec les principaux dirigeants d’un des partis en prison ou en exil !

Et pour finir, un spectacle inouï que l’on croyait impossible dans notre grande Europe démocratique : des élections « libres » avec les principaux dirigeants d’un des partis en prison ou en exil ! C’est en Catalogne où les élections régionales menées sous l’impulsion de Madrid qui a pris le contrôle des institutions gouvernementales catalanes se dérouleront avec huit ex-ministres régionaux, dont l’ancien vice-président Oriol Junqueras, en prison, et 5 ex-ministres, dont l’ancien président Carles Puigdemont en exil.

 L’Europe, la grande Europe démocratique… n’y trouve rien à redire, et le ministre belge Theo Francken, qui  avait indiqué sur Twitter que la Belgique devait proposer l'exil politique au gouvernement catalan destitué s’est vite fait recadrer. Quoi que l’on pense de la situation, l’Europe y a pourtant sa part de responsabilité, elle  qui n’a  cessé de vouloir affaiblir les Etats en encourageant les grandes régions à davantage d’autonomie, en finançant des représentations, des organisations culturelles et politiques autonomistes,  des ambassades des régions. Mais voilà, les indépendantistes catalans ne sont décidément plus en odeur de sainteté depuis que Madrid obéit très bien aux injonctions européennes.

Encore une fois, quoique l’on pense de la situation, on voit bien que le calme, la détermination, une ferveur joyeuse sont du côté des nationalistes catalans, tandis que la violence, la répression, les arguments de la peur sur les conséquences économiques de l’indépendance sont de l’autre côté. Mais la Grande Europe des Droits de l’Homme ne veut rien voir, et surtout pas une campagne « démocratique » à la Poutine dans laquelle les principaux partisans de la République Catalane sont en prison ou en exil.

Et en France ?

Nous voyons la principale opposante et son parti poursuivis pour des affaires d'utilisation contestée des assistants européens ( qui ne concernent que le Front National ?), son parti et elle-même interdits de comptes bancaires par leurs banques habituelles ( ce qui ne facilite pas les adhésions), et elle-même (Marine Le Pen) et un député (Gilbert Collard) poursuivis pour ce qui est finalement un délit d'expression - le tweet d'une exécution de Daech ou Al Qaïda en réponse à un journaliste ayant affirmé que le Front National et Daech, c'était la même chose)

Décidément, la secte libérale a de plus en plus de mal à tolérer toute opposition

Même l'Europe des Droits de l'Homme, l'Europe démocratique est dans un état inquiétant ....

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