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dimanche 17 décembre 2017

Merial, un autre fleuron français en péril

Merial- une longue histoire au service de la santé animale-Charles Mérieux

Merial est un leader mondial en santé animale proposant une gamme complète de médicaments vétérinaires et de vaccins destinés à un grand nombre d’espèces animales. Son plus grand succès commercial est l'anti-parasitaire Frontline, anti-puces pour les animaux de compagnie, également Negard.  

Mais la grande histoire de Merial est lié à Pasteur, à Charles Mérieux et aux vaccins. L’histoire de Merial commence avec Charles Mérieux (1907-2001) – un homme extraordinaire héritier de Pasteur- il fut d’ailleurs après un parcours compliqué formé à l’Institut Pasteur en immunologie.  Pendant la Seconde Guerre mondiale, il est chargé de fabriquer du sérum antitétanique pour l'armée. De par les circonstances, il exerce en plus de cela une activité clandestine et bénévole avec la Résistance en fabriquant du sérum de bœuf, autrement dit du jus de viande, dans le but de nourrir les enfants de Lyon sous-alimentés. Durant cette période, un million de doses sont distribuées chaque année. Charles Mérieux a la vision très claire que en matière de vaccins, santé animale et santé humaine marchent de conserve. Aujourd’hui Merial travaille  sur 300 formulations différentes de vaccins et 1200 présentations destinées à plus de 120 pays et reste  à la pointe de la recherche mondiale  en ce domaine avec la production d’une nouvelle génération de vaccins à partir d’une nouvelle technologie : les vaccins préparés à partir du vecteur viral canarypox. Ces vaccins permettent de stimuler les réponses immunitaires de l’animal d’une manière plus efficace, plus naturelle et plus sûre qu’avec les vaccins dits conventionnels. C’est le cas avec Eurifel FeLV, un vaccin contre la leucémie féline, ou encore avec ProteqFlu, un vaccin destiné à la prévention de la grippe équine.

Reprise par Boehringer Ingelheim et menaces de délocalisation : un désastre social (CFE/CGC)

Ces activités vétérinaires se sont déroulées  dans la cadre de de Rhône Mérieux, (1983),  issu de la fusion des activités vétérinaires du groupe Rhône-Poulenc, Institut Mérieux, Institut de Sérothérapie de Toulouse, Specia et Laboratoire Roger Bellon. Puis est venu, en août 1997, Merial, fusion de Rhône Mérieux et de MSD AgVet, numéro 1 mondial de la santé animale et filiale de Merck & Co En septembre 2009, Merial devient filiale à 100 % de Sanofi-Aventis, à la suite du retrait de Merck & Co- – une belle affaire ! Malheureusement, Sanofi, dirigé par Olivier Brandicourt décidait en 2015 de se séparer de Merial qu’il jugeait pas assez riche en synergies avec Sanofi (tiens le contraire du grand industriel fondateur qu’était Charles Mérieux…). Le 15 décembre 2015, Sanofi et Boehringer-Ingelheim annonçaient un échange d'actifs : Sanofi troquait sa division santé animale Mérial contre l'activité de médicaments sans ordonnance de Boehringer-Ingelheim.
Boehringer annonçait alors : « Nous avions indiqué que le siège mondial de l'ex Mérial serait transféré en Allemagne, mais que Lyon resterait un centre opérationnel clé ». Il y avait qu’à croire. Pourtant le transfert du siège mondial aurait dû alerter.

Moins d’un an après cette reprise, Le groupe Boehringer Ingelheim, annonce qu'il délocalisera environ 200 postes de Lyon vers plusieurs sites à l'étranger. La CFE CGC, qui n’est pas un syndicat boute feu, parle d’un « désastre social » et, dans une lettre aux élus locaux, dont le Maire de Lyon, avertit : « Au-delà du désastre social, cela constituerait de facto la disparition irrémédiable de l’expertise régionale et nationale en matière de stratégie, leadership, marketing, études de marché, services techniques et affaires réglementaires dédiés à la médecine et à la pharmacie vétérinaire. »…
« En tant que ex-salariés de Merial et maintenant salariés de BIAH, nous voulons conserver à Lyon une structure d’entreprise cohérente, pour non seulement perdurer avec un impact économique significatif, mais aussi pour continuer de jouer un rôle important dans l’innovation locale et le développement du territoire au travers du pôle d’excellence européen de biologie, le Biopôle. La suppression de plus de 200 postes décisionnels et à haute technicité, risque aussi de constituer le début d’une saignée difficile à stopper dès lors qu’une certaine masse stratégique critique ne serait plus atteinte localement. »La CFE-CGC demande donc la prolongation de la garantie du maintien des postes en France au-delà de 2019 , une logique réelle et justifiée pour chaque fonction et poste délocalisé, des mesures d’accompagnement adaptées pour les salariés impactés ; l’équité de traitement des salariés concernés.

Merial emploie 6 900 personnes et est présent dans plus de 150 pays à travers le monde. Son chiffre d’affaires en 2015 était de 2,5 milliards d'euros, compte toujours 2 000 de ses 6 600 salariés en France. dispose de huit sites – sur ses dix-huit – dans l’Hexagone, dont un centre de recherche à Saint-Vulbas (dans l'Ain) et trois en région lyonnaise, avec le site historique de Gerland, la grande usine de Saint-Priest, et l’usine de Lentilly pour le packaging secondaire.

On a du mal à croire que Gérard Collomb se désintéresse de ce dossier, qui met en cause une des grandes spécialisation de la région lyonnaise,  on a du mal à croire qu’après la disparition de ce fleuron de la rechercher dermatologique qu’était Galderma, le gouvernement reste indifférent au menaces qui pèsent sur ce fleuron de la santé animale qu’était Mérial. Mais il est vrai que pour les tenants de la secte libérale, il est indifférent que le siège social et les centres de recherches d’une société se situent dans un pays plutôt que dans un autre, pourvu que la libre concurrence soit respectée. Eh bien, c’est tout simplement faux, et beaucoup de pays ne jouent pas ce jeu-là. Avec la disparition ou la délocalisation des centres de recherche, c’est tout un savoir-faire, un savoir scientifique, technique industriel qui disparait.  Combien faudra-t-il  encore de désastres, combien de fleurons historiques et industriels français devront encore disparaître avant que la secte libérale le comprenne !


Et au fait, à quoi sert le tout nouveau délégué interministériel aux restructurations industrielles, M. Jean-Pierre Floris ? Le fait qu’il n’ait pas pu empêcher le démantèlement de Verallia (lui aussi un champion international de l’embouteillage issu de Saint Gobain) et la perte de sa filiale américaine l’ara peut être sensibilisé au problème…

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