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jeudi 7 décembre 2017

Glyphosate : la raison l’emporte en Europe, la démagogie en France

Etude épidémiologique : pas de confirmation de caractère  cancérigène du Glyphosate

Alors que l’Union européenne doit décider, le 27 novembre, du sort du glyphosate, le Journal of the National Cancer Institute (JNCI) publie quelques jours avant  dans sa dernière édition les données d’une grande recherche épidémiologique visant à mettre en évidence les effets des pesticides sur les travailleurs agricoles. Il s’agit de la plus grande étude épidémiologique à ce jour sur ce sujet. Débutée dans les années 90, l'Agricultural Health Study a suivi plus de 50.000 agriculteurs et épandeurs américains en Iowa et en Caroline du Nord et dont 80% utilisaient du glyphosate. Près de 6.000 cas de cancer ont été observés au cours de ce suivi. Verdict de l'analyse : le glyphosate n'est pas significativement associé à une augmentation du risque de cancer, quelle que soit sa localisation. Toutefois, parmi les épandeurs qui ont été le plus exposés au glyphosate, les chercheurs constatent un risque accru de leucémie aiguë myéloïde par rapport aux autres utilisateurs, qui augmente avec la durée d'exposition et devient statistiquement significatif au-delà de 20 ans.

En 2005 déjà, les premiers résultats issus de l'étude prospective Agricultural Health Study, incluant des hommes et des femmes suivis sur plusieurs années, ne montraient déjà pas d'association statistiquement significative entre l'utilisation du glyphosate et le risque de cancer à l'exception d'un risqué augmenté mais non significatif de myélome multiple. Luc Multigner, médecin épidémiologiste à l'Inserm et spécialiste de l'effet des substances chimiques environnementales sur la santé commente, dans Science et Avenir  : " Peut-être que dans un avenir proche, ce suivi montrera un risque plus important mais ma conviction est qu'il sera modeste si cela était le cas ».
C’était plutôt une bonne nouvelle qui invitait à relativiser les déclarations d’un CIRC (Centre International de Recherche) sur le caractère cancérogène probable ( et seulement probable) du glyphosate spécialisé dans les alertes tonitruantes  confirmait ce que le Ministre M. Hulot reconnaissait déjà, à savoir que le glyphosate est certainement le plus efficace et le moins toxique des herbicides.

Le glyphosate est toxique : il rend fou…les écolos et les éditorialistes

Il est curieux, mais pas inattendu, que cette bonne nouvelle ait déclenché une véritable hystérie chez les écologistes fanatiques. Stéphane Foucart, dans Le Monde, d’habitude beaucoup mieux inspiré tenta d’expliquer  que l‘étude était douteuse puisque le glyphosate était tellement répandu qu’il était impossible de déterminer des groupes exposés et non exposés. Cette notion curieuse n’a pas eu grand succès mais Le Monde, suivit d’un certain nombre de journaux, dénonça alors un scandale incroyable : le rapport d’expertise de l’agence européenne, sous-traité aux allemands, reprenait des passages complets des études menées par Monsanto. Ben oui, si les industriels font des études, autant qu’elles servent à quelque chose, et je ne vois pas pour quels motifs elles ne devraient pas être prises en considération – si elles sont mal faites ou insuffisantes, que les autorités publiques le disent
Autre remarque, précisément en matière de cancer ; c’est la reproductibilité et la qualité  des résultats publiés par les laboratoires publics qui est maintenant davantage sujet à caution, puisque moins du tiers d’entre elles peuvent être reproduite ; les raison : pressions à la publication intégrité scientifique en baisse…

Commentant la décision finale européenne de prolonger l’autorisation du glyphosate pour cinq ans (au lieu de 10 ans comme initialement envisagé et de trois ans comme le souhaitait MM. Macron et Hulot, Marianne (1er décembre 2017)  rajoute plusieurs couches. C’est « une humiliation pour la France » ( enfin pour la démagogie de ses dirigeants, pas pour les agriculteurs ni la plupart des scientifiques) ! Le « Parlement européen est bafoué » (Quelle est sa compétence scientifique ?). « Où est la rigueur scientifique lorsque les experts recopient les travaux de Monsanto « ? ( Ben davantage dans les travaux de Monsanto que dans bien des équipes universitaires ou organes internationaux en manque de publicité et de crédits). » Le ministre de l’Agriculture, Stéphane Travert a affiché une position notoirement alignée sur celle de l’agrobusiness » (tiens donc, les agriculteurs, pourtant les premiers et à vrai dire les seuls exposés ne seraient pas d’accord pour l’interdiction ?). « La ministre de la santé, Mme Agnès Buzyn, cancérologue professionnelle, n’a pas daigné mobiliser ses homologues ? » (Ben justement, elle sait peut-être de quoi elle parle…)

Tiens, au fond ils ont raison, le glyphosate est dangereux, il rend fou.

Les alternatives au Glyphosate Un rapport pas très encourageant

Donc finalement le glyphosate reconduit pour cinq ans, fureur écologiste et  Macron cédant à la démagogie écologiste (curieusement, Hulot apparait presque modéré) pour annoncer qu’en France ce sera trois ans (difficile à faire, la FNSEA se chargera de lui expliquer) et le ministre de l’agriculture et le premier ministre disant trois ans, sauf si pas d’alternatives meilleures d’ici là.
Et des alternatives justement, un rapport de l’INRA (Usages et alternatives au glyphosate) sort au bon moment La bonne presse (Le Monde, …) triomphe. Sauf que les conclusions sont rien moins qu’encourageantes : « Sortir du glyphosate en particulier, des pesticides en général, passe et passera par des changements profonds ». Les solutions : désherbage mécanique et travail superficiel du sol, labour, couverts intermédiaires et gel hivernal ou hachage. Bref peu enthousiasmantes.  Impossibilité d’alternative pour l‘agriculture de conservation, pour les terrains difficiles, pour la production des semences, pour celles des légumes de frais et de conserve, la culture du lin, celle des fruits à coquescerise sur le gateau l’INRA prévient : utilisation ciblée d’autres herbicides homologués (mais qui peuvent avoir des profils tox/écotox plus défavorables que celui du glyphosate), pourra être nécessaire pendant une période de transition ( de combien ?)

Et ceci encore : « L’évaluation du surcoût économique est délicate… l’impact économique sera d’autant plus marqué que la diversification des cultures est faible, qu’il n’y a pas d’élevage, que le secteur concerné touche des marchés très concurrentiels au sein de l’Union Européenne. C’est-à-dire qu’on est en France dans le cas le plus défavorable ! : Les principaux blocages peuvent être de nature biotechnique ou résulter de notre trajectoire agricole ayant conduit i) à des exploitations de grande taille, ayant peu recours à la main d’œuvre, ii) à la spécialisation des territoires qui limitent les utilisations alternatives des terres et favorisent la sélection d’une flore adventice difficile, iii) à des standards de marché et des cahiers des charges ».

« La réflexion sur la transition vers la sortie du glyphosate doit donc se faire sur une échelle de temps qui prend en compte la mise en œuvre de ces techniques alternatives. ». Compte-tenu de la tonalité du rapport, à vue de nez,  c’est bien  plus de dix ans !
Bon autrement dit, si des journalistes et commentateurs ont trouvé ce rapport encourageant, moi, je veux bien, mais c’est tout de même le lire de manière assez curieuse.
Finalement, la seule solution, celle  du Président Mao, l’envoi massif à la campagne des écologistes pour désherber, sarcler etc. Why not ?

Face aux  professionnels de l’intimidation

On peut s’étonner du silence général d’une communauté scientifique et des experts et des  professionnels. Mais c’est qu’il y a  un lobby de gens  fanatisé, rétrograde, idéologues de l’anti-science, persuadés de lutter pour le bien contre le mal et les méchants, et devenus des professionnels de l’intimidation bien relayés par des medias qui ont renoncé à tout travail d’éducation, à toute liberté d’exposition, de discussion, d’appréciation. Un lobby grassement subventionné et devenus des professionnels de l‘intimidation.

Contre ces professionnels de l’intimidation et de la désinformation, il faudra réagir. Cela ne pourra se faire que par un effort de transparence et de discussion accrues : par exemple, (une solution que ne refuserait pas Stéphane Foucart) : comme en matière de santé, la publication obligatoire  de toutes les études de toxicité et d’écotoxicité menées par les industriels, soit dans des publications scientifique, soit dépôt  obligatoire auprès des agences réglementaires des données et d’un résumé.

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