Etude épidémiologique : pas de confirmation de caractère cancérigène du Glyphosate
Alors que l’Union européenne doit
décider, le 27 novembre, du sort du glyphosate, le Journal of the National
Cancer Institute (JNCI) publie quelques jours avant dans sa dernière édition les données d’une
grande recherche épidémiologique visant à mettre en évidence les effets des
pesticides sur les travailleurs agricoles. Il s’agit de la plus grande étude
épidémiologique à ce jour sur ce sujet. Débutée dans les années 90,
l'Agricultural Health Study a suivi plus de 50.000 agriculteurs et épandeurs
américains en Iowa et en Caroline du Nord et dont 80% utilisaient du
glyphosate. Près de 6.000 cas de cancer ont été observés au cours de ce suivi.
Verdict de l'analyse : le glyphosate n'est pas significativement associé à une
augmentation du risque de cancer, quelle que soit sa localisation. Toutefois,
parmi les épandeurs qui ont été le plus exposés au glyphosate, les chercheurs
constatent un risque accru de leucémie aiguë myéloïde par rapport aux autres
utilisateurs, qui augmente avec la durée d'exposition et devient
statistiquement significatif au-delà de 20 ans.
En 2005 déjà, les premiers
résultats issus de l'étude prospective Agricultural Health Study, incluant des
hommes et des femmes suivis sur plusieurs années, ne montraient déjà pas
d'association statistiquement significative entre l'utilisation du glyphosate
et le risque de cancer à l'exception d'un risqué augmenté mais non significatif
de myélome multiple. Luc Multigner, médecin épidémiologiste à l'Inserm et
spécialiste de l'effet des substances chimiques environnementales sur la santé
commente, dans Science et Avenir
: " Peut-être que dans un avenir proche, ce suivi montrera un risque
plus important mais ma conviction est qu'il sera modeste si cela était le
cas ».
C’était plutôt une bonne nouvelle
qui invitait à relativiser les déclarations d’un CIRC (Centre International de
Recherche) sur le caractère cancérogène probable ( et seulement probable) du
glyphosate spécialisé dans les alertes tonitruantes confirmait ce que le Ministre M. Hulot
reconnaissait déjà, à savoir que le
glyphosate est certainement le plus efficace et le moins toxique des herbicides.
Le glyphosate est toxique : il rend fou…les écolos et les
éditorialistes
Il est curieux, mais pas
inattendu, que cette bonne nouvelle ait déclenché une véritable hystérie chez
les écologistes fanatiques. Stéphane Foucart, dans Le Monde, d’habitude beaucoup mieux inspiré tenta d’expliquer que l‘étude était douteuse puisque le
glyphosate était tellement répandu qu’il était impossible de déterminer des
groupes exposés et non exposés. Cette notion curieuse n’a pas eu grand succès
mais Le Monde, suivit d’un certain
nombre de journaux, dénonça alors un scandale incroyable : le rapport
d’expertise de l’agence européenne, sous-traité aux allemands, reprenait des
passages complets des études menées par Monsanto. Ben oui, si les industriels
font des études, autant qu’elles servent à quelque chose, et je ne vois pas
pour quels motifs elles ne devraient pas être prises en considération – si
elles sont mal faites ou insuffisantes, que les autorités publiques le disent
Autre remarque, précisément en
matière de cancer ; c’est la reproductibilité et la qualité des résultats publiés par les laboratoires
publics qui est maintenant davantage sujet à caution, puisque moins du tiers
d’entre elles peuvent être reproduite ; les raison : pressions à la
publication intégrité scientifique en baisse…
Commentant la décision finale européenne
de prolonger l’autorisation du glyphosate pour cinq ans (au lieu de 10 ans
comme initialement envisagé et de trois ans comme le souhaitait MM. Macron et
Hulot, Marianne (1er
décembre 2017) rajoute plusieurs couches.
C’est « une humiliation pour la France » ( enfin pour la démagogie de
ses dirigeants, pas pour les agriculteurs ni la plupart des
scientifiques) ! Le « Parlement européen est bafoué » (Quelle
est sa compétence scientifique ?). « Où est la rigueur scientifique
lorsque les experts recopient les travaux de Monsanto « ? ( Ben
davantage dans les travaux de Monsanto que dans bien des équipes universitaires
ou organes internationaux en manque de publicité et de crédits). » Le
ministre de l’Agriculture, Stéphane Travert a affiché une position notoirement
alignée sur celle de l’agrobusiness » (tiens donc, les agriculteurs,
pourtant les premiers et à vrai dire les seuls exposés ne seraient pas d’accord
pour l’interdiction ?). « La ministre de la santé, Mme Agnès Buzyn,
cancérologue professionnelle, n’a pas daigné mobiliser ses
homologues ? » (Ben justement, elle sait peut-être de quoi elle
parle…)
Tiens, au fond ils ont raison, le
glyphosate est dangereux, il rend fou.
Les alternatives au Glyphosate Un rapport pas très encourageant
Donc finalement le glyphosate reconduit
pour cinq ans, fureur écologiste et
Macron cédant à la démagogie écologiste (curieusement, Hulot apparait
presque modéré) pour annoncer qu’en France ce sera trois ans (difficile à
faire, la FNSEA se chargera de lui expliquer) et le ministre de l’agriculture
et le premier ministre disant trois ans, sauf si pas d’alternatives meilleures
d’ici là.
Et des alternatives justement, un
rapport de l’INRA (Usages et alternatives au glyphosate) sort au bon moment La
bonne presse (Le Monde, …) triomphe.
Sauf que les conclusions sont rien
moins qu’encourageantes : « Sortir du glyphosate en particulier, des pesticides en
général, passe et passera par des changements profonds ».
Les solutions : désherbage mécanique et travail superficiel du sol,
labour, couverts intermédiaires et gel hivernal ou hachage. Bref peu
enthousiasmantes. Impossibilité
d’alternative pour l‘agriculture de conservation, pour les terrains difficiles,
pour la production des semences, pour celles des légumes de frais et de
conserve, la culture du lin, celle des fruits à coquescerise sur le gateau
l’INRA prévient : utilisation ciblée d’autres herbicides
homologués (mais qui peuvent avoir des profils tox/écotox plus défavorables que
celui du glyphosate), pourra être
nécessaire pendant une période de transition ( de combien ?)
Et ceci encore : « L’évaluation
du surcoût économique est délicate… l’impact économique sera d’autant plus
marqué que la diversification des cultures est faible, qu’il n’y a pas
d’élevage, que le secteur concerné touche des marchés très concurrentiels au
sein de l’Union Européenne. C’est-à-dire
qu’on est en France dans le cas le plus défavorable ! : Les
principaux blocages peuvent être de nature biotechnique ou résulter de notre
trajectoire agricole ayant conduit i) à des exploitations de grande taille,
ayant peu recours à la main d’œuvre, ii) à la spécialisation des territoires
qui limitent les utilisations alternatives des terres et favorisent la
sélection d’une flore adventice difficile, iii) à des standards de marché et des
cahiers des charges ».
« La réflexion sur la
transition vers la sortie du glyphosate doit donc se faire sur une échelle de
temps qui prend en compte la mise en œuvre de ces techniques
alternatives. ». Compte-tenu de la tonalité du rapport, à vue de nez, c’est bien
plus de dix ans !
Bon autrement dit, si des
journalistes et commentateurs ont trouvé ce rapport encourageant, moi, je veux
bien, mais c’est tout de même le lire de manière assez curieuse.
Finalement, la seule solution,
celle du Président Mao, l’envoi massif à
la campagne des écologistes pour désherber, sarcler etc. Why not ?
Face aux professionnels de l’intimidation
On peut s’étonner du silence
général d’une communauté scientifique et des experts et des professionnels. Mais c’est qu’il y a un lobby de gens fanatisé, rétrograde, idéologues de
l’anti-science, persuadés de lutter pour le bien contre le mal et les méchants,
et devenus des professionnels de l’intimidation bien relayés par des medias qui
ont renoncé à tout travail d’éducation, à toute liberté d’exposition, de
discussion, d’appréciation. Un lobby grassement subventionné et devenus des
professionnels de l‘intimidation.
Contre ces professionnels de
l’intimidation et de la désinformation, il faudra réagir. Cela ne pourra se
faire que par un effort de transparence et de discussion accrues : par
exemple, (une solution que ne refuserait pas Stéphane Foucart) : comme en
matière de santé, la publication obligatoire
de toutes les études de toxicité et d’écotoxicité menées par les
industriels, soit dans des publications scientifique, soit dépôt obligatoire auprès des agences réglementaires
des données et d’un résumé.
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