Le scandale Novexel et l’innovation en France.
Novexel est (était) l’exemple de la biotech ( entreprise de biotechnologie)française qui réussit. Aventis avait laissé sur l’ancien site de Romainville de Roussel-Uclaf, une « spin-off » consacrée à la recherche dans le domaine des antibiotiques, domaine dont il désirait se désengager. Pour une fois, cela s’était fait correctement : Novexel avait été créé avec un portefeuille de projets crédibles assez avancés et d’autres plus novateurs, et des moyens adaptés.
Novexel a parfaitement réussi à la fois à mener à terme, donc à un médicament, les projets avancés, et à avancer ses propres projets de recherches. Trop bien réussi : la multinationale Astra-Zeneca rachète la société, pour le plus grand profit des investisseurs, et pour le malheur des chercheurs et des équipes qui ont permis ce succès et qui sont tous licenciés. (Ceci dans la plus grande indifférence de Claude Bartolone, pourtant partie prenante du parc d’activité Biocitech, dont Novexel était l’un des fleurons).
Autrement dit, dans la politique d’innovation française , ou bien les « jeunes pousses » échouent, et les chercheurs en paient le prix, ou bien elles réussissent, et les chercheurs … paient le même prix. Cela ne se passe pas ainsi dans les autres pays européens. Faut-il s’étonner que la France acquière ainsi un retard considérable dans la recherche scientifique et l’innovation ?
Deux ouvrages récents et intéressant mettent en évidence le retard de la France en matière de recherche et d’innovation et ses conséquences, le déclin industriel français : Etats généraux de l’industrie, 2010, Jean-françois Dehecq, (Ladocumentationfrancaise.fr) ; Pas d’avenir sans industrie Jean-Louis Levet, Economica 2010).
A noter
- de 1999 à 2009, les exportations françaises dans la zone euro ont chuté de 16.8 à 13.2%
- Entre 1995 et 2007 la part de production de haute technologie n’a cessé d’augmenter en Allemagne ( elle est de 12%) et l’export a crû de 2.4 %
- L’industrie manufacturière française représente 16% de la valeur ajoutée contre environ 25% en Allemagne
- Le coût du travail n’est pas en cause : il est de 24.9 dollars en France, de 34.1 dollars en Allemagne, 27.1 dollars au Royaume-Uni, et il est encore plus élevé au Danemark, Suède, Luxembourg
- Ce qui est en cause est simple : la France se caractérise par un faible investissement dans la recherche et l’innovation (1.9% du PIB) contre 2.4 % en Allemagne !! Et ce ne sont pas des aventures comme celles de Novexel qui amélioreront les choses.
- Une autre cause : depuis le début des années 90, l’Unon européenne a décidé que la concurrence primerait sur toutes les autres politiques, contrairement à ce qui se passe aux USA, au japon et en Chine
- Quelques pistes proposées par les auteurs :
Réhabiliter l’état développeur, les commandes publiques et les aides aux PME
Baisse de l’impôt sur les sociétés pour les bénéfices réinvestis
Conditionner les aides aux entreprises
Améliorer la transparence des circuits de sous-traitance
Prendre conscience de l’impact sur l’emploi du tout délocalisable et que la délocalisation de la production finit par entraîner celle de la recherche
Il y a donc beaucoup à faire, et de manière urgente, en matière de recherche et d’innovation…cela devrait devenir une sujet central pour les prochaines élections
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