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samedi 5 septembre 2015

5 Septembre 2015 : Comte et Nietzsche

5 septembre 2015 : 158ème anniversaire de la mort d’Auguste Comte

En hommage, une courte réflexion sur une lecture de l’été, le remarquable numéro de Philosophie Magazine consacré à Nietzsche

Nietsche et le positivisme : Nietzsche s’est peu exprimé sur le  Positivisme, qu’il a cependant connu par Paul Rée, parfois qualifié de Positvisme affirmé. Le texte suivant est souvent cité :  « Contre le positivisme, qui en reste au phénomène, « il n’y a que des faits », j’objecterais : non, justement, il n’y a pas de faits, seulement des interprétations. Nous ne pouvons constater aucun factum « en soi » : peut-être est-ce un non-sens de vouloir ce genre de chose. « Tout est subjectif », dites-vous : mais ceci est déjà une interprétation, le « sujet » n’est pas un donné, mais quelque chose d’inventé-en-plus, de placé-par-derrière. – Est-ce finalement nécessaire de poser en plus l’interprète derrière l’interprétation ? Ceci est déjà de l’invention, de l’hypothèse. Dans la mesure exacte où le mot « connaissance » a un sens, le monde est connaissable : mais il est interprétable autrement, il n’a pas un sens par-derrière soi, mais d’innombrables sens. Ce sont nos besoins qui interprètent le monde : nos pulsions et leurs pour et contre. Chaque pulsion est une sorte de recherche de domination, chacune a sa perspective, qu’elle voudrait imposer comme norme à toutes les autres pulsions. »
Nietzsche, Fragments (posthume) fin 1886 – début 1887

Remarquons cependant que Nietzsche ne nie pas que la science, par sa démarche particulière puisse parfois arriver à une connaissance positive :
« Je ne crois pas que l’ »instinct de la connaissance » soit le père de la philosophie, , mais qu’un autre instinct, ici comme ailleurs, q » soit le père de la philosophie, , mais qu’un autre instinct, ici comme ailleurs, s’est servie de la connaissance ( et de la méconnaissance comme d’un simple instrument… Car tout instinct aspire à la domination, et c’est en tant qu’instinct qu’il s’efforce de philosopher. Il est vrai que chez les savants, les esprits proprement scientifiques, il en va peut-être autrement, « mieux » si l’on y tient ; là , il se peut que l’on rencontre quelque chose comme un instinct de la connaissance, , un petit rouage indépendant qui, bien remonté, accomplit bravement sa tâche, sans que les autres instincts du savant participent à cette activité d’une manière essentielle »
Nietzsche, Par delà bien et mal, Des préjugés des philosophes
Au surplus, Nietzsche se trompe en affirmant que le positivisme ne s’en tiendrait qu’aux faits, en assimilant en quelque sorte positivisme et empirisme. Dès le Cours de Philosophie positive, Comte affirme au contraire l’impossibilité de l’empirisme pour fonder une science et affirme le primat de la théorie, sans laquelle on ne pourrait pas même commencer à observer utilement :
"Chacune des branches essentielles de la philosophie naturelle nous a successivement fourni de nouveaux motifs de vérifier que, quoi que l’on en puisse dire, l’empirisme absolu serait non seulement tout à fait stérile,  mais même radicalement impossible à notre intelligence qui, en aucun genre, ne saurait évidemment se passer d’une doctrine quelconque, réelle ou chimérique, vague ou précise, destinée surtout à rallier et stimuler ses efforts spontanés…  En quelque ordre de phénomènes que ce puisse être, même envers les plus simples, aucune véritable observation n'est possible qu'autant qu'elle est primitivement dirigée et finalement interprétée par une théorie quelconque… »
Comte,  Cours de Philosophie Positive, 51ème leçon
Enfin, le Comte de la Synthèse Subjective, souvent laissé de côté, arrive à une conclusion qui aurait peut-être intéressé Nietzsche, en affirmant la relativité de la science ; la science n’est que le monde vu par l’homme. Voici ce qu’il écrit de la science la plus fondamentale, la logique :
« la Logique est le concours normal des sentiments, des images et des signes, pour nous inspirer les conceptions qui conviennent à nos besoins moraux, intellectuels et physiques… La vraie Logique se borne à nous dévoiler les vérités qui nous conviennent »
Comte, Synthèse Subjective, p. 55, Anthropos (1971)
Eric Sartori , Le Socialisme d'Auguste Comte, aimer, penser, agir au XXIème siècle, l'Harmattan 2012
 
 
 

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