Mon précédent billet était consacré à l’anniversaire, qui
a peu attiré l’attention, du déclanchement de la Révolution Culturelle, un
évènement majeur et dramatique du siècle dernier. Silence étrange, si l’on se
souvient, comme je l’avais rappelé, qu’à une certaine époque, les intellectuels
français s’exprimaient beaucoup sur la Chine… Faut-il croire que les délires de l’époque les ont rendu
timides ? Il serait en tous cas dommage de se désintéresser de l’évolution
intellectuelle, philosophique, culturelle, artistique d’une Chine dont
l’influence est amenée à s’amplifier et dont les changements sont fascinants.
Parmi ces changements, en complète contradiction avec la Révolution Culturelle, figure la réhabilitation/résurrection de Confucius, auquel Anne Cheng, Professeur au Collège de France, a consacré plusieurs cycles de conférence très intéressant : Confucius revisité, Confucius ressuscité, le confucianisme est-il un humanisme?
Si la France avait une diplomatie culturelle, à l‘heure où la Chine multiplie les instituts Confucius pour faire connaître sa culture, sa civilisation, son histoire, elle s’intéresserait aux confrontations historiques, aux influences croisées entre le grand penseur chinois, à l’importance qu’a eu en Occident la découverte du Confucianisme pour le mouvement des lumières, la découverte qui fit les délices de Voltaire d’une civilisation brillante, d’un ordre social et politique et d’une morale qui ne s’appuient pas sur une révélation théologique.
Si la France avait une diplomatie culturelle, elle s’intéresserait à l’influence française sur ces intellectuels du Mouvement du 4 mai (Cinq/ Quatre) et de la Nouvelle Culture (4 mai 1919, manifestation des étudiants chinois contre le Traité de Versailles qui accordait au Japon une partie du territoire de la Chine) qui voulaient concilier modernisation et tradition et acclimater en Chine « Mr Science » et « Mr Democracy ». Hu Shi par exemple, (1891-1962) dont Anne Cheng rappelle qu’il faisait de Confucius « un humaniste et un agnostique selon l’idéal des lumières européennes » et « qu’il comparait l’humanisme agnostique de Confucius avec le positivisme d’Auguste Comte », qui suivit les cours de Dewey (lui aussi profondément positiviste, comme en témoigne une foi commune) ; et qui regtettait que le mouvement Cinq/quatre ait, sous la pression des événements abandonné le combat culturel pour le combat politique ; ou encore Chen Duxiu (1879-1942), lui aussi admirateur de Comte, avant de devenir l’un des fondateurs du PC chinois
Tiens, si la France avait une diplomatie culturelle, elle traduirait Comte en chinois et le ferait dialoguer avec Confucius – juste retour de la fascination des positivistes français, tout particulièrement Pierre Laffitte ( aussi professeur au Collège de France) pour la civilisation chinoise (cf. les positivistes et la chine. Eric Sartori, Monde chinois », 2014/4
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