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vendredi 23 septembre 2016

Le Sovaldi accessible à tous les patients


Fin d’une absurdité

C’est une très bonne nouvelle : Marisol Touraine a annoncé ce matin, la fin des restrictions de traitements de l'hépatite C. De 150 à 180 000 nouveaux malades sont concernées et pourraient bénéficier d'ici à début 2017 du traitement par le Sovaldi (Sofosbuvir) des laboratoires Gilead

Le Sofosbuvir  constitue un progrès thérapeutique majeur particulièrement bien toléré et particulièrement efficace pour le traitement de l’hépatite C. La situation actuelle, qui réservait aux malades les plus gravement atteints par le virus de l'hépatite C (VHC) le droit de recevoir un traitement à base des nouveaux antiviraux pouvant guérir la majorité d'entre eux, pour des raisons budgétaires, devenait intenable. Les associations faisaient remonter des cas tragiques ou, dans un couple contaminé, la femme, malade, mais non dans un état critique, parce qu’elle avait suivi un régime approprié, se voyait refuser un traitement accordé à son mari qui avait continué à consommer de l’alcool en abondance. Certains médecins recommandaient même à leurs patients de modifier leur conduite de façon à aggraver leur état ; d’autres les envoyaient à l’étranger, d’autres enfin ne respectaient pas les consignes du ministère et l’arbitraire total régnait.

 Un progrès majeur

 Le Sofosbuvir est un nouvel antiviral, dont les premières études ont montré qu’il était particulièrement bien toléré et particulièrement efficace pour le traitement de l’hépatite C- guérison totale pour pratiquement tous les patients !   (cf par exemple New England Journal of Medecine par Sulkowski MS. et al., avec une association Daclatasvir + Sofosbuvir, chez les patients infectés par le VHC de génotype 1 en échec d'inhibiteur de protéase de première génération, aux stades de fibrose Fo-F2. Avant l’époque Sofosbuvir, le traitement de l’hépatite C était  reposait sur l’interféron et la ribavirine et nécessitait des injections hebdomadaires pendant 48 semaines, guérissait environ la moitié des patients, mais provoquait des réactions indésirables fréquentes entrainant l’arrêt du traitement, et parfois engageant le pronostic vital. Ensuite, il ne restait que la greffe de foie et les traitements immunosuppresseurs à vie. Même en laissant de côté la guérison, le confort de vie, l’immense service médical rendu, même en se bornant aux simples considérations économiques, le traitement par le Sofosbuvir est fortement  rentable pour la société.

Au terme de négociations avec Gilead, le comité économique des produits de santé (CEPS) avait  fixé le prix du médicament Sovaldi à 13 667€ HT par boîte de 28 comprimés, soit  41001€ pour un traitement. Ce prix devrait baisser sur la base d’accords prix volumes

 Une politique sérieuse du médicament

 Le Sovaldi, c’est la recherche thérapeutique à son meilleur, un progrès incontestable. Alors, les clameurs anti-industrie pharmaceutique qui ont accompagné son lancement devraient faire honte à leurs auteurs : « Hépatite C : le nouveau hold-up des labos », Hépatite C : le coût « exorbitant » de nouveaux traitements dénoncé  (Le Monde) ; appel de Philippe Even, Marie-Odile Bertella-Geffroy, Nicolas Dupont-Aignan à « légalement autoriser des laboratoires pharmaceutiques concurrents de Gilead « à produire des génériques du sofosbuvir  en leur accordant des licences » ( c’est quitter tout système de protection industrielle et la fin du progrès !- même l’Albanie ne fait plus ça !) etc., etc.

Les patients méritent mieux que cela, une vraie politique du médicament qui favorise l’innovation ; et de préférence l’innovation en Europe, alors qu’une politique de dénigrement systématique et de baisse des prix aveugle conduit, surtout en France, à la fin de la recherche thérapeutique – dans le pays de Pasteur et de Claude Bernard !  L’Europe, si elle veut redorer un blason bien terni, serait bien inspirée de s’occuper de politique de santé pour ce qui peut le plus efficacement être réalisé à son échelle ; et, en France, il est aussi consternant de voir à quel point la politique de santé est absente de la campagne électorale qui s’annonce, alors que c’est un sujet de préoccupation important.

D’autant, qu’à l’inverse de Gilead et du Sofosbuvir, il y a des firmes pharmaceutiques qui ont un comportement de voyous, c.f.  Sarepta pour la myopathie de Duchenne, le sujet d’un blog à venir.
 
 

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