Ce n’est pas le but de ce blog que de traiter
de sujets directement politiques, mais j’avoue que je ne peux voir sans une
réelle inquiétude Alain Juppé apparaitre comme le choix favori des français…y
compris maintenant d’un certain nombre d’électeurs de gauche sans doute très
désorientés. Alors, quelques rappels.
Le programme d’Alain Juppé (interview journal du dimanche, 2 octobre et Cinq
ans pour l'emploi)
- réforme
du contrat de travail : « réhabiliter
le CDI et le rendre plus attractif pour l'entreprise», notamment en y incluant
«des motifs prédéterminés de rupture » - autrement dit, le CDI sans garantie ; plus même
question de prudhommes !
- généralisation de la
pratique du référendum d'entreprise», qui pourrait être organisé «avec
l'accord du chef d'entreprise et d'au moins un syndicat représentatif». Son
résultat aurait «force obligatoire» si les négociations avec les représentants
du personnel n'aboutissaient pas
- libéralisation du travail du dimanche, Alain Juppé est favorable à
une «libéralisation» sur la base du volontariat des salariés et d'une
majoration de leur rémunération. Selon lui, les blocages survenus par exemple
aux Galeries Lafayette et au Printemps relèvent «d'une vision paléolithique de
notre société »
- passage au trente-neuf
heures… éventuellement payées trente-cinq : « laisser la
liberté de négociation dans l'entreprise. Mais la loi disposera : si dans
deux ans la négociation n'a pas abouti, le temps de travail hebdomadaire
passera à 39 heures »
- limitation des mandats syndicaux : les élus syndicaux devront
consacrer au moins 50 % de leur activité à leur métier dans
l'entreprise et ne pourront nt pas faire
plus de deux mandats consécutifs. C’est tellement mieux pour négocier dans les
entreprises d’avoir des délégués peu expérimentés !
- réduire la dépense publique de 100 milliards en cinq ans, le nombre de fonctionnaires de 250.000
(où ça ?) et ramener l'impôt sur les sociétés à la moyenne européenne
(en comptant l’Irlande ?)
Et il y a aura pire que le 49-3
« J'élaborerai
une loi d'habilitation autorisant le gouvernement à légiférer par ordonnances »,
Et ce ne sont pas des promesses en l’air :
« j'ai une certaine crédibilité : dans ma
vie, j'ai fait ce que j'ai dit. »
Le passé d’Alain Juppé : Alain Juppé track record !
Pour ceux qui n’ont pas oublié les grèves de
1995, les embouteillages monstres, les marches interminables sous la neige, les
poubelles non ramassées et l’armée se substituant aux très partiellement aux transports
en commun et même aux éboueurs (mainteant, avec tout ce qu’ils ont à faire, ce
serait même impossible !)
- une
bonne connaissance du système judiciaire : En 1999, Alain Juppé est
mis en examen pour « abus de confiance, recel d'abus de biens sociaux, et prise
illégale d'intérêt » pour des faits commis en tant que secrétaire général du
Rassemblement pour la République et maire adjoint de Paris aux finances, de
1983 à 1995. Il est considéré comme un élément clé d'un système de financement
occulte d'emplois au sein du RPR financés par la mairie de Paris et des
entreprises désireuses de passer des contrats publics. Le 30 janvier 2004, il
est condamné par le tribunal correctionnel de Nanterre à 18 mois de prison avec
sursis et à une peine de dix ans d'inéligibilité. Le 1er décembre 2004, la Cour
d’appel réduit la condamnation à 14 mois de prison avec sursis et un an
d'inéligibilité. « Il est regrettable
qu'au moment où le législateur prenait conscience de la nécessité de mettre fin
à des pratiques délictueuses qui existaient à l'occasion du financement des
partis politiques, M. Juppé n'ait pas appliqué à son propre parti les règles
qu’il avait votées au parlement. Il est également regrettable que M. Juppé,
dont les qualités intellectuelles sont unanimement reconnues, n’ait pas cru
devoir assumer devant la justice l'ensemble de ses responsabilités pénales et
ait maintenu la négation de faits avérés »
- une connaissance approfondie des problèmes immobiliers : En juin 1995, Le Canard enchaîné publie un
document interne de la ville de Paris, signé en janvier 1993 par Alain Juppé,
qui donne l'ordre à ses services de diminuer le loyer de son fils Laurent, logé
dans un appartement relevant des propriétés de la ville, rue Jacob. Par
ailleurs, Alain Juppé est locataire, à un prix défiant toute concurrence, d’un
appartement de 189 m² dans la même rue, où sont réalisés des travaux pour
plusieurs millions de francs aux frais des contribuables. Il attend deux
semaines avant de se justifier et refuse de s'excuser, affirmant rester « droit
dans ses bottes »
- Un sens sûr de l’économie : En 1996, le Premier ministre souhaite vendre au groupe Daewoo
l’entreprise publique Thomson Multimédia, officiellement « très endettée »,
contre un franc symbolique après sa recapitalisation par l’État, à hauteur de
11 milliards de francs. Il faut noter que Thomson Multimédias détient à cette
époque les brevets et licences de la totalité des supports numériques sur
disque (CD, CD-Rom, LaserDisc, DVD, disques magnéto-optiques, disquettes…) qui
génèrent des royalties dans le monde entier avec l’émergence de la télévision
numérique.
- Le
sens du dialogue social : Les grèves de 1995 en France contre le plan
Juppé de 1995 furent à leur époque les plus importantes depuis celles de Mai
68. Lors des six grandes manifestations qui ont touché toutes les grandes
villes du pays, 2 millions de personnes (selon les organisations syndicales)
sont descendues dans la rue. Du 24
novembre au 15 décembre, des grèves d'ampleur ont eu lieu dans la fonction
publique et le secteur privé contre le « plan Juppé » sur les retraites et la
Sécurité sociale. Le mouvement social de l'automne 1995, souvent réduit à la
grève des transports publics, très visible et fortement médiatisée, a concerné
également les grandes administrations (La Poste, France Télécom, EDF-GDF,
Éducation nationale, secteur de la santé, administration des finances, etc.).
Le 12 décembre marque le point culminant du mouvement, avec deux millions de
manifestants. Le 15 décembre, le gouvernement retire sa réforme sur les
retraites, la fonction publique et les régimes spéciaux (SNCF, RATP, EDF).
France.
Selon la DARES, le service des études et des
statistiques du ministère du travail, le nombre des jours de grève a été de 5
millions, dont environ 4 millions de jours de grève dans la fonction publique
et 1 million dans les secteurs privé et semi-public.
Alors, Alain Juppé, stop ou bis ?
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