Un modèle vraiment ? Pas en ce qui concerne
les gaz à effet de serre !
Pour les antinucléaires, l’Autriche, qui a mis fin, le 5 novembre 1978,
à la mise en service effective de la centrale nucléaire de Zwentendorf qui a
interdit depuis toute construction de centrale nucléaire en Autriche, qui a
voté une loi « interdisant
la fission nucléaire à des fins énergétiques » et qui
attaque la Commission Européenne lorsqu’elle subventionne la
construction de centrale nucléaires plus performantes et plus sûres (les EPR)
est un modèle enthousiasmant décrit en terme . Par exemple, Sortir du
Nucléaire : « il est loin, le temps où le chancelier Kreisky sur
la centrale de Zwentendorf, diffamait les adversaires du nucléaire comme
n’étant que « quelques extrémistes de gauche et de droite » !
Mais quelle est la
réalité ? Constatons d’abord que tous les écologistes ne sont pas aussi
élogieux. Ainsi, Johannes Wahlmüller,
Global 2000 – Les Amis de la Terre Autriche : »
Au premier regard, les performances de l’Autriche dans le secteur de l’énergie
semblent brillants : en 2015, environ 32 % de la consommation finale brute
d’énergie étaient issus de sources renouvelables. Dans l'UE, seules la
Lettonie, la Finlande et la Suède ont des parts d’énergie renouvelable plus
élevées. Par ailleurs, environ 78 % de la consommation d’électricité en
Autriche sont d’ores et déjà issus d’énergies renouvelables. Pourtant, la
situation est loin d'être une réussite dans la politique énergétique et
climatique autrichienne. Ainsi, l’Autriche n’a pas été en mesure d’atteindre
ses objectifs découlant du protocole de Kyoto : au lieu de réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 13 % par
rapport à leur niveau de 1990, c'est une hausse de 2,5 % qui a eu lieu en 2012.
En conséquence, l’Autriche est tenue de payer des certificats de CO2 d’un
montant de 71,55 tonnes de CO2.
L’Autriche dispose d’un atout compétitif majeur,
son énergie hydraulique ; elle se place au 4e rang des producteurs d’énergie
hydraulique en Europe. Elle profite largement de cette possibilité pour attirer
dans ses vallées alpines des industries fortement consommatrices comme l’aluminium-
comme nous le faisions en France avec Péchiney. Fort bien qu’elle profite de
cette chance ; mais lorsqu’elle prétend interdire à ses voisins et aux
pays européens d’avoir leur propre énergie compétitive en l’occurrence nucléaire,
c’est un peu fort de café.
Du point de vue climatique, la politique
autrichienne est tout simplement catastrophique. Les énergies fossiles
représentaient encore 64,9 % de la consommation d'énergie primaire en
2014. Les émissions de CO2 liées à l'énergie de l'Autriche étaient en 2014 de
7,11 t CO2 par habitant, niveau supérieur de 59 % à la moyenne mondiale et de
65 % à celui de la France. Pour un pays dont les principales industries
connues sont les valses de Vienne, les Sacher Torte et les cristaux Swaroski, c’est
un peu beaucoup !
En matière d’électricité, l'Autriche
est largement importatrice : en 2015, ses importations nettes d'électricité
atteignaient 10,1 TWh ; sa production nationale ne couvrait que 81,8 % de sa
consommation d'électricité. Voilà le bilan du non-nucléaire ! Mais là où c’est encore plus
drôle, ou plus exactement plus tragique, c’est que du coup, dépendant pour ses
importations de son voisin allemande, la très vertueuse Autriche est « saturée
d’électricité sale », pour
reprendre le titre d’un article de l’Humanité. « Vienne s’insurge contre
l’exportation des « surplus » d’électricité « low cost » produits dans les
centrales au charbon et au lignite allemandes, qui ruinent les investissements de
l’Autrichedans ses… énergies renouvelables. »
Faute de nucléaire, la vertueuse Autriche inondée d’électricité
sale allemande !
Que
se passe-t-il ? Non seulement le criminel arrêt du nucléaire en Allemagne
a placé celle-ci à la tête des nations développées émettrices de CO2, mais elle
empoisonne même ses voisins, annihilant les efforts de la très vertueuse et
très antinucléaire Autriche : « les énergies du moment les plus
compétitives, mais aussi les plus polluantes, le charbon et le lignite,
exploité outre-Rhin dans de gigantesques mines à ciel ouvert, ont pris une
place considérable en contrepoint de la montée en puissance de l’éolien et du
solaire. Et ceux-là ont été stimulés par des financements prélevés directement
sur la facture des usagers ordinaires, nombre d’entreprises en étant, elles,
exemptées afin de… « préserver leur compétitivité ». Triple peine : des
usagers qui paient plus chers, pour une énergie plus (et même extrêmement
polluante) et un bilan très négatif pour les gaz à effet de serre et le climat.
En
fait, le problème du « tournant » germanique – destiné à accompagner l’abandon
progressif du nucléaire – réside dans le cadre qui le contraint, celui de
l’ordolibéralisme. L’État y joue seulement un rôle d’arbitre et laisse aux
marchés le dernier mot sur la régulation du système. Ce montage génère de
formidables surproductions. Car les centrales thermiques classiques, qui
doivent fournir une production d’électricité suffisante pour garantir
l’approvisionnement du réseau en cas d’absence de vent et/ou de soleil,
fonctionnent aussi à plein quand les éoliennes turbinent et les cellules
photovoltaïques scintillent. Berlin s’étant opportunément démené pour
enclencher la libéralisation du marché de l’électricité à l’échelle du
continent, les réseaux des pays voisins doivent absorber ses surplus…ceux
provenant des sources d’énergie les plus polluantes (Merci pour les épisodes de
pollution en France).
Conclusion :
Trop c’est trop. Le ministre de l’Environnement autrichien, Andrä Rupprechter,
tape du poing sur la table. Il revendique des règles nouvelles pénalisant les
énergies polluantes pour que l’Allemagne cesse d’inonder ses voisins de ses
surplus d’électricité à très haute teneur en carbone…
D’accord,
très bien, mais cela ne résoudra pas le fait que l’Autriche est incapable d’arriver
à l’autonomie de sa production électrique, et que cela ne s’arrangera pas car
tous les scenari impliquent une augmentation important de la production
électrique si l’on veut avoir la moindre
chance d’éviter le dérèglement climatique.
Le
résultat du choix idéologique du non nucléaire sur le réchauffement climatique.
Des courbes valent mieux que de longs discours, voir ci après ! La France est
le seul pays au monde à avoir près de 80 % de son électricité nucléaire, elle
est le seul pays au monde à avoir cette courbe décroissante de production des
gaz à effet de serre, elle est parmi les meilleurs pays développés au monde en
ce qui concerne la production de gaz à effets de serre. L’Autriche ( un très
grand pays industriel ?) est l’un des pires, derrière l’Allemagne.
Claro !
France : 5.80 tonnes CO2 par habitant
Autriche : 6.87 tonnes CO2 par habitants
Allemagne : 8.8 tonnes CO2 par habitant
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