Le rapport du Giec :
le nucléaire, seule solution permettant de respecter les accords de Paris.
Selon un rapport
des Nations unies publié le 8 octobre, maintenir le réchauffement planétaire en
dessous de 1,5°C nécessite une forte augmentation de la production d’énergie
nucléaire.
Ce rapport spécial « Réchauffement de la planète de 1,5°C » du Groupe d’experts
intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) avait été commandé par les
gouvernements lors des négociations de Paris sur le climat en 2015. Une étude
précieuse pour orienter le sommet de la COP24 à Katowice, en Pologne, en
décembre.
En
décembre 2015, la signature de l’accord de Paris avait permis de fixer pour
objectif un réchauffement global des températures terrestres limité à 2°C à
l’horizon 2100, et si possible à 1,5°C. C’est au regard de cet objectif
ambitieux que le GIEC vient de publier un nouveau rapport. Celui-ci étudie donc
les moyens à mettre en œuvre pour parvenir à contenir la hausse de la
température globale à 1,5°C à l’horizon de la fin du siècle. A la lecture du
rapport, il y a urgence à agir. Les
experts du GIEC estiment en effet que le réchauffement global à 1,5°C sera
atteint plus tôt que prévu, entre 2030 et 2052.
Dans
son résumé aux décideurs, le GIEC propose 4
scénarios permettant de limiter la hausse globale de la température à 1,5°C à
l’horizon 2100. On trouve ces scénarios dans le Résumé à l’intention des
décideurs..
Tous les scénarios
du GIEC nécessitent plus de nucléaire : Le nucléaire augmente dans les
quatre scénarios par rapport à 2010, de
59-106% d’ici 2030, de 98-501% d’ici 2050. Ce scénario inclut d’ailleurs la
hausse la plus notable (+501%) à l’horizon 2050 de la production nucléaire.
Ainsi le respect des objectifs
climatiques nécessitera de multiplier par six les capacités nucléaires
mondiales.
Les commentaires
du GIEC sur le nucléaire : il faut commencer maintenant les nouveaux EPR !
Dans
son rapport, au chapitre 4, le GIEC rappelle que « dans les années 1960 et
1970, la France a mis en œuvre un programme visant à obtenir rapidement près de
80% de son électricité du nucléaire sous 25 ans, mais le décalage actuel entre
la prise de décision et la mise en service des installations est de 10 à 19 ans
». Le rapport précise d’ailleurs que le rythme actuel de déploiement de
l'énergie nucléaire est « limité dans de nombreux pays par l'acceptabilité
sociale » liée à des préoccupations relatives aux risques d'accident et à la
gestion des déchets radioactifs.
«
Bien que l'évaluation comparative des risques montre que les dangers pour la
santé sont faibles par unité de production d'électricité et que les besoins en
terrains sont inférieurs à ceux d'autres sources d'énergie, les processus
politiques déclenchés par les préoccupations de la société dépendent des moyens
propres à chaque pays pour gérer les débats politiques autour des choix
technologiques et de leurs impacts environnementaux », conclut le rapport du
GIEC.
Nucléaire et
Climat : la lettre des scientifiques aux chefs d’Etat.
Un
groupe international d'experts du climat et de l'énergie a écrit aux principaux
chefs d’Etat, le premier dans la liste étant Macron, en raison des accords de
Paris et parce que la France apparait comme un modèle en matière de
décarbonation de l’énergie, en raison de l’importance du secteur nucléaire.
A
Monsieur le Président de la République Emmanuel Macron
Monsieur
le Président,
Nous
vous écrivons en tant qu'environnementalistes, écologistes et climatologues
pour vous féliciter de votre victoire dans l'élection présidentielle et pour
applaudir votre politique en faveur d'une taxe carbone. Personne n'a autant
fait que la France pour diffuser une énergie propre sur un réseau électrique.
Sachant cela, nous vous écrivons
également pour vous faire part de notre inquiétude devant votre décision
d'éloigner la France d'une production nucléaire propre.
Peu
de pays ont fait plus que la France pour démontrer les bénéfices humanitaires
et environnementaux obtenus par la création d'une société fortement dotée
d'électricité nucléaire. Non seulement la France a été l'hôte de conférences
sur le climat des Nations Unies, elle est aussi un des pays développés dont les émissions de dioxyde de carbone par
habitant sont les plus faibles.
Toute réduction de
la production nucléaire en France aura pour effet d'augmenter la production
d'électricité par des combustibles fossiles, donc la pollution, au vu des faibles
facteurs de charge et de l'intermittence du solaire et de l'éolien. L'Allemagne
en est l'illustration parfaite. Ses émissions n'ont pratiquement pas changé
depuis 2009 et ont, en fait, augmenté tant en 2015 qu'en 2016, à cause des
fermetures de centrales nucléaires. En dépit d'une augmentation de la puissance
installée solaire de 4%, et de celle de l'éolien de 11%, la production de ces
deux sources a baissé de 3 et 2% respectivement du fait qu'il y a eu moins de
soleil et de vent en 2016 qu'en 2015.
Et
là où la France a une électricité parmi les moins chères et les plus propres
d'Europe, celle de l'Allemagne est une des plus chères et plus sales. L'
Allemagne a dépensé près de 24 milliards € de plus que le prix de marché en
2016 pour ses seuls prix garantis d'achat des renouvelables mais ses émissions
ont stagné. Il est à prévoir que l'Allemagne n'atteindra pas ses objectifs de
réduction d'émissions de 2020, et de loin. Malgré des investissements énormes
dans les renouvelables, seulement 46% de l'électricité allemande sont issus de
sources d'énergie propre, à comparer aux 93% de la France.
Le
solaire et l'éolien peuvent jouer un rôle important en France. Cependant, si la
France devait investir dans le solaire et l'éolien de façon comparable à
l'Allemagne, il faudrait s'assurer que ces investissements augmentent la part
d'énergie propre de la France et ne la diminuent pas malencontreusement. Les
renouvelables peuvent contribuer à une électrification plus poussée des
transports, celle-ci étant déjà bien entamée avec le réseau ferré mais pouvant
être poursuivie avec les véhicules individuels.
Un remplacement du
nucléaire par des combustibles fossiles et des renouvelables nuirait
considérablement à l'économie française de trois façons : augmentation
des prix de l'électricité pour les ménages et l'industrie, la fin des
exportations lucratives d'électricité et - peut-être le plus important - la
destruction de la filière nucléaire française à l'export. Si le parc nucléaire français est contraint de fonctionner avec un
facteur de charge réduit, la filière nucléaire française en sera paralysée par
une augmentation de ses coûts et une réduction de ses revenus. A terme,
cela conduira à des niveaux de sûreté inférieurs et à une réduction des
possibilités de financement de la recherche, du développement, ainsi que des
efforts pour l'exportation des technologies nucléaires françaises. Les pays qui
cherchent à construire de nouvelles centrales nucléaires veulent, avec raison,
savoir que le produit que la France leur vend est un produit dont la France
elle-même profite.
Le programme
nucléaire français a, par le passé, été l'objet d'admiration dans le monde. La France a fait la preuve, dans les années
1970 et 1980 qu'il est de fait possible pour un pays industrialisé de décarboner
son secteur électrique. Pour la France, la prochaine étape, nécessaire afin
de contribuer à la lutte contre le changement climatique et pour l'amélioration
de la qualité de l'air, est d'augmenter sa production d'électricité propre à
partir de toutes les sources non-fossiles et de réduire massivement
l'utilisation des combustibles fossiles dans les secteurs du chauffage et des
transports. L'électricité nucléaire
devra y jouer un rôle central.
Exemples de signataires: James Hansen, Climate
Science, Awareness, and Solutions Program, Columbia University, Earth
Institute, Columbia University, Kerry Emanuel, Professor of Atmospheric , Science,
Massachusetts Institute of Technology, Steven Pinker, Harvard University,
author of Better Angels of Our Nature, Richard Rhodes, Pulitzer Prize
recipient, author of Nuclear Renewal and The Making of the Atomic Bomb, Erle C. Ellis, Ph.D, Professor, Geography &
Environmental Systems, University of Maryland, Joe Lassiter, Professor, Harvard
Business School…
Fermeture de Fessenheim
:
une erreur industrielle, une hérésie
climatique, une gabegie économique
Suite
à l’action en justice de la CFE-CGC, le décret de Ségolène Royal actant la
fermeture de Fessenheim a été annulé. Une action remarquable et une déclaration
tout aussi remarquable et courageuse de la part d’un syndicat qui n’est pas connu
comme spécialement revendicatif ( mails il semble que cela change avec leur
nouveau président François Hommeril.
Le
Conseil d’État fait une leçon de droit public à Ségolène ROYAL et la CFE
Énergies obtient l’annulation du décret abrogeant l’autorisation d’exploitation
Fruit
d’un caprice politique, le décret de Ségolène ROYAL actant la fermeture de la centrale
nucléaire de Fessenheim a été annulé par le Conseil d’État. La CFE Énergies avait
en effet saisi le Conseil d’État en mai 2017 pour faire annuler ce décret où
l’État s’était arrogé des droits que la loi ne lui conférait pas, c’est-à-dire
de décider à la place de EDF uniquement dans un but politique à quelques jours
des élections.
Le
9 avril 2017, Ségolène Royal avait publié en urgence un décret portant
abrogation de l’autorisation d’exploiter la centrale nucléaire de Fessenheim,
n’hésitant pas à cumuler passage en force, déni de gouvernance et
précipitation. La CFE Énergies avait alors dénoncé un décret aussi illégal que précipité.
Aucune urgence ne justifiait la précipitation avec laquelle ce décret a été
publié, hormis de sombres considérations de tactique politicienne ou
d’agitation médiatique en pleine campagne électorale.
La
CFE Énergies a contesté cet excès de pouvoir pour non-respect du cadre
juridique de la demande d’abrogation qui ne peut qu’émaner de l’exploitant EDF,
et non de l’administration. Elle avait donc déposé auprès du Conseil d’État un
recours en annulation d’un décret illégal. Suivant l’avis du rapporteur public,
le Conseil d’État vient d’annuler le décret contesté par la CFE Énergies, en se
rangeant à nos arguments.
Pour
la CFE Énergies et les salariés qui persistent à considérer que la fermeture de
la centrale
nucléaire
de Fessenheim est une erreur
industrielle, une hérésie climatique, une gabegie économique et une énorme
injustice pour les salariés d’EDF et de la filière nucléaire française,
c’est une victoire à la fois
juridique mais aussi politique. En matière énergétique, ce sont le pragmatisme,
la raison et l’esprit de
responsabilité qui doivent plus que jamais prévaloir au moment où le GIEC tire
la sonnette d’alarme climatique.
Si
la CFE Énergies fait aujourd’hui de l’accompagnement des salariés sa priorité
pour qu’ils ne paient pas les pots cassés d’une décision politique
irresponsable, elle considère que la décision du Conseil d’État doit conduire
chacun à mettre l’intérêt général, l’urgence climatique, l’impératif industriel
et la souveraineté énergétique au cœur des décisions.
A
l’heure où il rend ses derniers arbitrages sur la Programmation Pluriannuelle
de l’Énergie, le Gouvernement
doit tirer les conséquences de cette décision du Conseil d’État pour faire les
bons choix, de manière rationnelle, pragmatique et responsable. Cela vaut à la
fois pour l’avenir du parc nucléaire français, celui des centrales charbon ou
l’indispensable évolution de la régulation du système électrique français avec
l’objectif de favoriser les investissements industriels de long terme nécessaires
à la décarbonation de l’économie.