L’idée circule en boucle,
repart, revient. C’est Aurélien Taché (LREM), rapporteur sur le volet assurance
chômage de la loi « Liberté de choisir
son avenir professionnel !!!!, (on peut
difficilement se moquer davantage des gens !) est « d’instaurer une
dégressivité à partir de six mois ou forfaitiser le revenu », car selon lui, «
la justice sociale ce n’est pas de couvrir pendant deux ans des gens qui ont de
très hauts revenus et pourraient retrouver un emploi ». C’est ensuite Edouard
Philippe qui lors de son passage dans "L'Emission politique", sur
France 2 a confirmé « La mise en œuvre de la dégressivité des indemnités
de chômage pourrait être envisagée dans certains cas, pour les salaires très
élevés, alors que les partenaires sociaux doivent négocier la nouvelle
convention Unedic. »
Clairement il s’agit de monter
l’opinion publique contre des cadres qui seraient profiteur du chômage afin de
préparer la dégressivité des allocations chômages…alors même que la gestion
paritaire de l’Unedic a été un succès qui a permis de retrouver l’équilibre
financier, malgré la crise.
Qui ne voit et ne
comprend qu’il s’agit aussi d’un pas vers la réalisation du programme libéral
de destruction du principe même de l’assurance chômage pour la remplacer par un
système minimal de solidarité permettant juste aux chômeurs de survivre
complété éventuellement, pour ceux qui le pourront, par des assurances privées.
Ces gens (les
macronistes) pensent, parlent, agissent gouvernent comme des porcs !
Gros
mensonges et quelques chiffres
Ah ce fantasme du cadre
chomeur aux Baléares ! Seulement 900 personnes touchent l’allocation
maximale (7 454 € brut par mois soit 6560€ net), cela représente 0,03 % des
bénéficiaires en 2017 ;
Le taux de chômage des
cadres était de 3,3 % en 2017 ;
Les cadres ne
représentaient que 7 % des allocataires indemnisés en 2016 ;
95 % des allocataires
perçoivent une allocation de moins de 2 275 € brut par mois ;
En 2015, les cotisations
des cadres apportent 42 % des cotisations chômage (33,4 milliards en tout) soit
14,1 milliards et perçoivent 15 % des allocations c’est-à-dire 4,7 milliards.
Ce qui veut dire qu’il y a environ 10 milliards des contributions des cadres
qui financent la solidarité ;
Selon le président de la
CFE-CGC, les cotisations des cadres représentent
42 % des ressources de l’assurance-chômage, alors que les allocations qu’ils
perçoivent n’en représentent que 15 % . «
Que les cadres participent à la
solidarité, c’est très bien ! Mais il est inadmissible de les en exclure »,
s’indigne M. Hommeril, qui juge « stupéfiant » de voir le premier ministre «
tomber dans la stigmatisation des cadres ».
Et puis, si on baisse le
plafond d’indemnisation des cadres, il faudrait baisser de la même façon toutes
leurs cotisations, mais dans ce cas, l'Unédic perdrait beaucoup d'argent…
La conséquence : « Si
les conditions sont dégradées pour les cadres, le risque est grand que leurs
représentants ne renversent la table et décident de s'assurer tous seuls et
sortent de l'assurance-chômage » Eric Heyer (Sciences Po, Directeur -
département analyse et prévision. Et c’est bien ce que veulent provoquer les
libéraux, la fin de l’assurance chômage remplacée par une prestation minimale « universelle » ;
c’était même plus ou moins à mots cachés dans la programme du candidat Macron.
Et c’est l’exact contraire de la
philosophie social démocrate du modèle suédois (voir mon blog Le modèle suédois, une protection sociale
inclusive) qui repose sur le développement
de services publics universel non pas en focalisant l’aide sur les plus
démunis, mais en s’assurant le soutien des classes moyennes et aisées en les
incluant dans des programmes d’assurance et des services publics universels et
de qualité.
La dégressivité est inefficace
En 2015, un rapport de la Cour des comptes avait
cité plusieurs études relatives au sujet, concluant que « la mise en œuvre
d'une allocation dégressive engendre des économies, mais n'améliore pas
globalement l'efficacité du système d'assurance chômage, qui dépend du niveau
de contrainte que le marché du travail exerce sur la reprise d'activité des
chômeurs ». En outre, comme l'a montré Le Monde, la comparaison des
courbes du chômage des pays de l'Union européenne sur une décennie ne permet
pas de tirer de conclusion relative à la mise en place ou non de la dégressivité.
Un comparatif de l'Institut Montaigne a également montré que l'introduction de
cette mesure dans ces pays s'est inscrite dans le cadre de réformes globales
des systèmes d'assurance chômage, et qu'il était difficile d'évaluer son impact…
Si même l’Institut Montaigne le dit !
Pour autant, la proposition de l'exécutif de
cibler exclusivement les cadres à haut niveau de revenu ne vient pas de nulle
part. Dans une étude de référence de l'Insee remontant à 2001, analysant la
période où la France a pratiqué la dégressivité (1986-2001), les auteurs ont
émis l'hypothèse que la dégressivité, peu efficace sur les salariés à bas
revenus, avait un impact probable sur les cadres à hauts revenus. Ils ont
observé une hausse "spectaculaire" du taux de retour à l'emploi
lorsque ces derniers basculaient dans l'ancienne allocation de fin de droits
(AFD), d'autant que la chute du niveau d'indemnisation était plus brutale pour
eux.
Ah oui, mais qu’est-ce que cela signifie ? Pressés par la baisse de
leurs allocations, les cadres privés d’emploi devraient accepter des postes qui
colleraient moins à leurs compétences. « Ce qui serait injuste, défend Gilbert
Cette (membre du Conseil d'analyse économique (CAE) on punirait les cadres
quand ils se retrouvent au chômage. Réaction de François Hommeril, patron de la
CFE-CGC : « D'ailleurs, cette
dégressivité existait avant et elle a été supprimée car elle ouvrait des
trappes à la précarité. Voyant leurs allocations décroître, les gens acceptaient
n'importe quel emploi qui se trouvait être sous-qualifié par rapport à leur
qualification d'origine, à nouveau le perdaient (...) et basculaient de plus en
plus dans la précarité ». Cela signifie aussi que les cadres sont alors
réduit à prendre des emplois qui devraient normalement être pourvus par d’autres
moins qualifiés, et cet effet d’éviction peut difficilement être considéré
comme positif. Ajoutons que l’allongement des durées de cotisation pour la
retraite frappe spécialement les cadres qui commencent plus tardivement leur
carrière. « Les gens indemnisés de plus de 50 ans, souvent arrivés au
chômage après une rupture conventionnelle, ne sont pas les plus désirables sur
le marché du travail » (J-F. Foucard, CFE-CGC)
Réactions syndicales fortes
Si la
CFE-CGC a réagi de façon extrêmement vive (« Nous considérons que ceux qui
se sont exprimés sur le sujet ont fait du populisme au sens propre du terme:
ils désignent à la vindicte des autres catégories une catégorie particulière
pour éviter que chacun regarde les vrais problèmes", a accusé François Hommeril,
pour qui la dégressivité "n'a pas d'impact économique positif », elle
n’a heureusement pas été la seule et il
y a même un front syndical impeccable contre cette mesure. « La proposition de dégressivité pour les cadres est proprement
scandaleuse » (Martinez, CGT). « Nous avons compris la logique du
président, d'ailleurs détaillée lors de la campagne, de supprimer toute
cotisation pour créer un droit individuel au chômage,. Mais nous n'avons pas
renoncé au principe du droit collectif. » (Pascal Pavageau, FO). Et même
la CFDT, qui parle de ligne rouge : « L'assurance-chômage
est un système assuranciel. Il y a un consentement à payer, à cotiser selon son
niveau de salaire parce qu'on va recevoir, si l'on se retrouve au chômage,
selon ce niveau de salaire. Si vous mettez fin à cette logique assurancielle,
vous allez avoir, du côté des cadres, une baisse du consentement à la
solidarité interprofessionnelle qu'est l'assurance chômage. Donc je ne pense pas que ce
soit une bonne idée ». (Laurent Berger).
C’est qu’ils ont
bien compris ce qui est en cause, et qu’après les cadres viendront les autres :
destruction du principe même de l’assurance chômage pour la
remplacer par un système minimal de solidarité permettant juste aux chômeurs de
survivre complété éventuellement, pour ceux qui le pourront, par des assurances
privées.
Oui décidément, ces gens-là,
ce gouvernement-là, cette majorité-là pensent, parlent, agissent gouvernent comme
des porcs ! Mais qu’ils prennent garde : « l’écrasement des classes moyennes produit des monstres politiques » !
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Commentaires
Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.