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mercredi 25 décembre 2019

France-Allemagne politiques énergétiques : on continue la guerre ou on coopère ?


Politique énergétique-climatique en Europe : état de guerre déclarée

L’Allemagne et ses supplétifs Autrichiens et Luxembourgeois, confrontés aux résultats d’ une energiewende catastrophique écologiquement, climatiquement, économiquement, socialement, mène une guerre totale contre l’un des rares et grands atouts écologiques et économiques de la France, son électricité fortement décarbonée grâce à son programme nucléaire (en 20 ans, de 1970 à 1990, construction d’un parc de 58 réacteurs nucléaires - grâce au nucléaire, les émissions de CO2 françaises liées à l’énergie sont inférieures de 59% à la moyenne des pays du G7).

L’Allemagne s’est livrée à une pression insupportable pour obtenir, grâce à la lâcheté et à l’inconscience de certains politiques français la fermeture de Fessenheim, qui n’a aucune justification technique. Elle vise maintenant les centrales belges de Tihange. Le Luxembourg veut la fermeture de Cattenom ; l’Autriche s’oppose à la Tchèquie à propos de la mise en service des centrales de Dukovany et à la Hongrie à propos de PAK2. L’Allemagne se bat comme un dogue pour éviter l’augmentation de la taxe CO2 et pour dissuader le financement du nucléaire, ce qu’elle a magnifiquement réussi en faisant sortir le nucléaire de la taxonomie du financement vert proposée par l’UE, du mpins pour un temps, ar suite à la réaction au Parlement des autres pays européens, le nucléaire serait peut-être finalement suffisamment vert ( il est plus décarboné que le solaire ou l’éolien) pour avoir accès à certains financements verts, au moins de manière transitoire…comme le gaz, qui lui n’est pas du tout décarboné. .ou pas. La lettre de mission d’ Ursula Von der Leyen au commissaire à l’énergie indique : « Vous devriez vous concentrer sur l'amélioration de la sûreté nucléaire et des garanties à travers l'Europe et poursuivre le déclassement nucléaire en cours »
 Début décembre 2019, au Parlement européen, un article discrètement introduit par le SPD allemand qui aurait obligé la France et les autres pays européens à fermer toutes leurs centrales nucléaires « nuclear phase out).

Bref, dans toutes les instances européennes, et même internationale (COP ), la politique énergétique européenne fait l’objet d’une guerre incessante entre l’Allemagne, l’Autriche et le Luxembourg, rejoints par des Verts d’autres pays, et même français, qui veulent absolument exclure le nucléaire, et la France, la Finlande, la Tchéquie, la Slovaquie, la Hongrie…la Pologne ? et pour l’instant encore, jusqu’à la fin de l’année, le Royaume-Uni. Guerre sombre, guerre d’amendements, d’attaques incessantes, de rapports mensongers et partiaux, de campagnes médiatiques.. Mais, un instant d’inattention, et hop, plus de nucléaire en Europe.

Alors que c’est la seule énergie qui puisse nous permettre de répondre au défi climatique sans provoquer l’effondrement de nos sociétés.
Sur tout ceci, cf. les articles de ce blog

France Allemagne- Une coopération possible ? le rapport de Tandem sur la transition énergétique

Je veux mentionner un article de Tandem, (Coopération franco-allemande pour la transition énergétique locale), qui s’efforce de faire travailler ensemble des villes françaises et allemandes sur la transition énergétique. Il s’agit d’abord d’un rapport factuel sur l’état de la transition énergétique dans les deux pays, mais qui ouvre certaines pistes possibles, celle d’une complémentarité des deux politiques énergétiques à travers le maintien d'importantes capacités nucléaires en France

Extraits sur le bilan : Les objectifs climatiques en France et en Allemagne : Où en est-on ?

Emission de gaz à effet de serre : France (2016) : 463 MteqCO2 ; Allemagne (2017): 904.7 MteqCO2

« En ce qui concerne les émissions de GES, les secteurs les plus émetteurs diffèrent dans les deux pays. En Allemagne l’industrie de l’énergie est responsable de presque 1/3 des émissions annuelles (comparé à 9,5% en France). En deuxième place, le secteur des transports représentait 18% des émissions de GES de l’Allemagne en 20161. En France c’est le secteur des transports qui constitue la principale source de GES avec 29 % en 2015, suivi par le secteur agricole et l’industrie responsables de 20 % chacun des émissions totales de GES…
Si les émissions de gaz à effet de serre sont presque deux fois plus élevées en Allemagne qu’en France, cela est en partie lié aux sources d’énergie très différentes servant à la production d’électricité dans les deux pays…La part d’électricité produite par des sources renouvelables en France n’est que la moitié de celle de son voisin, mais la grande majorité de l’électricité française est d’origine nucléaire entrainant beaucoup moins d’émissions de GES que la production allemande dont les sources énergétiques les plus polluantes, notamment le charbon et le lignite, continuent à représenter une part considérable (38,8%). »…

« En Allemagne, il n’y a pas un système comparable de « trajectoire vers la neutralité carbone » ou de « budget carbone compatibles avec l’Accord de Paris ». Dans leur accord de coalition, les partis au pouvoir se sont engagés à « combler le plus rapidement possible l'écart actuel avec l'objectif climatique 2020 et à atteindre les objectifs de protection climatique d'ici 2030 et 205017 ». Néanmoins, il n’existe pas de calendrier concret avec les mesures nécessaires pour combler l’écart avec l’objectif de réduire les émissions de GES de 40%. Une des mesures phares qui permettrait encore d’y parvenir – la réduction massive de la combustion du lignite – est actuellement encore en négociation par une ‘Commission pour la croissance, les changements structurels et l'emploi » (NB : il semble finalement que 2038 ait été choisi pour sortir du charbon dans la production électrique alors que le Royaume-Uni y est parvenu en 5 ans)

Ah ben, on  a rarement vu un document franco-allemand arriver à un tel constat amiable Mais enfin, les chiffres sont assez indiscutables…

Transports : dans les choux !

 « Dans le secteur des transports on observe que la voiture individuelle reste prédominante dans les deux pays. En France 80% des déplacements sont effectués en voiture – occupée la plupart du temps par une seule personne – et dont 50% des trajets effectués font moins de 5 km. Ce phénomène est en grande partie lié au fait que « l’espace rural et périurbain est structuré de façon peu favorable aux transports alternatifs à la voiture individuelle».

En ce qui concerne le taux de pollution des voitures individuelles circulant en France et en Allemagne, les choix d’achat des citoyens représentent une problématique similaire dans les deux pays. En regardant les voitures vendues en 2017, il s’agit en grande partie de voitures lourdes et très consommatrices comme des SUV (Sport Utility Vehicle) qui représentent 30% des ventes en France et 15,2% en Allemagne. Les voitures électriques et hybrides restent marginales comparées aux voitures conventionnelles (en 2017 les voitures électriques représentaient 0,7% des voitures vendues en Allemagne, et 1,47%11 en France. Les voitures hybrides représentaient 2,5% des ventes en Allemagne et 3,9% en France dans la même année)…

Si l’Allemagne est en avance sur le déploiement des énergies renouvelables dans la production électrique, cela ne se reflète pas dans la consommation énergétique des transports où l’Allemagne n’atteindra très probablement pas l’objectif européen de 10% d’énergies renouvelables dans le secteur des transports en 2020. En 2016 la part des EnR n’était que de 5% avec une augmentation pronostiquée à 6,1% au maximum en 2020. En ce qui concerne le déploiement des voitures électriques, l’Allemagne est en retard par rapport à son voisin français et l’industrie automobile allemande continue à résister à un développement du marché dans cette direction…

Par rapport au budget carbone français, le secteur des transports a dépassé de 6 % les objectifs fixés en 2016 pour ses émissions, ce qui est aussi en grande partie lié au fret routier qui représente jusqu’à 80% des émissions GES et plus que 80% des consommations finales en énergie du secteur des transports. Les voitures individuelles aussi continuent à contribuer au problème, sachant que 30% des voitures neuves sont des SUV, très émettrices en CO2.
Sur une note plus positive, en ce qui concerne la mobilité électrique, la France est en avance avec un marché automobile qui est « actuellement l’un de ceux où se vendent le plus de voitures électriques et hybrides en Europe » avec des subventions à l’achat parmi les plus hautes du monde : entre 6 000 à 10 000 Eur.
Comparable à l’Allemagne, le déploiement de véhicules électriques seul ne s’attaque pas,aux problèmes plus profonds de la mobilité en France qui nécessite une extension de l’infrastructure pour les transports en commun dans les régions non-urbaines pour réduire la dépendance aux voitures individuelles. Pour illustrer cela, à présent seuls 22% des habitants de communes rurales en France et 64% des habitants d’agglomérations de plus de 100 000 habitants affirment pouvoir choisir entre plusieurs modes de transports.

Fiches thématiques sur les objectifs  2020 et l’état des lieux
Cf. tableaux en fin de page

Commentaires :

-  En Allemagne, la réduction des émissions de gaz à effet en 2018 est de -27.7% pour un objectif de -40% en 2020. L’objectif est considéré comme inatteignable et abandonné. En France, les objectifs fixés ne seront pas atteints en pourcentage, mais compte-tenu du niveau absolu très faible ( pour l’énergie, inférieures de 59% à la moyenne des pays du G7), l’incidence climatique reste très satisfaisante. (NB ; comme prévu dans les accords de Paris pour les pays développés, il serait bon de redéfinir les objectifs d’émission de GES en valeur absolue et non en pourcentage de réduction)

- En Allemagne et en France, contrairement à ce que l’on pourrait croire, la part des renouvelables dans la consommation d’énergie totale est similaire, autour de 15%. La grosse différence, c’est dans la production d’électricité (40% en Allemagne contre 18% en France). Pour la France, les objectifs de réduction du nucléaire dans la production d’électricité en France ne seront pas atteint. Ben oui, et heureusement, car ils sont absurdes ! Remplacer du nucléaire par du renouvelable plus du gaz est désastreux climatiquement, économiquement, socialement, écologiquement et pour la sécurité d’approvisionnement. La baisse du nucléaire dans la production électrique n’est pas un objectif climatique, ‘est anti-climatique !

 - Dans les deux pays, les objectifs de rénovation énergétique et de mobilité électrique ( plus généralement dans le domaine du transport sont complètement dans les choux…Il y a peut-être de raisons scientifiques et techniques de fond ? (cf. pour la rénovation thermique en France l’étude remarquable de Sauvons le Climat. (https://vivrelarecherche.blogspot.com/2019/12/la-renovation-energetique-est-mal.html;

Conclusion : Voie étroite pour une coopération ?

« Malgré, ou justement à cause de leurs sources d’énergie si différentes, les systèmes électriques de France et d’Allemagne sont interdépendants. Comme les deux pays se trouvent face au même défi, restructurer leur production conventionnelle d’électricité, les choix qui seront faits des deux côtés du Rhin quant au rythme et à l’échéance de cette restructuration auront des effets transfrontaliers sur la transition énergétique dans les deux pays…

Maintenir une capacité nucléaire élevée en France contribuerait à réduire les émissions de CO₂ de l’UE, via une augmentation significative des exportations d’électricité de France, et à abaisser le prix de l’électricité en Allemagne ainsi qu’à décarboner sa consommation électrique. Cependant, l'augmentation prévue de la part des énergies renouvelables à 65 % de la consommation d'électricité en 2030 contribuera à éviter que l'Allemagne – qui n’est pas favorable à l’augmentation de sa dépendance à l’importation d’électricité nucléaire – ne dépende des importations dans un contexte de sortie du charbon. Cette accélération du développement des renouvelables couplée au maintien du parc nucléaire français causerait une offre excédentaire d’électricité et permettrait de maintenir des prix de marché faibles pour l’électricité en Europe.

Il est donc nécessaire pour les deux pays de rapidement prendre une décision sur les stratégies nationales concernant le parc nucléaire en France et le charbon en Allemagne pour pouvoir concilier leurs approches et coopérer sur le développement des énergies renouvelables.
Commentaire : Bravo Tandem. C ‘est la première fois que je vois mentionné dans un document franco-allemand une coopération possible et logique en matière énergétique, qui repose sur la complémentarité et sur le maintien d’un haut niveau de production nucléaire en France,  nécessaire écologiquement, économiquement socialement et pour la sécurité d’alimentation des deux pays.

Il ne reste plus qu’à convaincre les politiques allemands de cesser leur campagne contre le nucléaire, …dont ils auront vraiment besoin pour remédier à l’absurdité de leur energiewende.




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