Manif
à Paris le 9 avril, et un grand succès, beaucoup de monde, malgré ce qu’en ont
dit les media, une manif calme, déterminée, familiale, un peu gâchée à la fin
par une très petite minorité de groupes violents et des incidents évidemment
bien mis en avant par les chaines de télé. Un point est d’ailleurs
particulièrement inquiétant : on voit très bien que le gouvernement et la
presse du système en place cherchent à pousser les manifestant à la faute, laissant
faire et mettant en avant des débordements pour discréditer des protestations
justes qui ont le soutien de l’immense majorité des Français. En preuve cette
question faussement innocente du Figaro :
pensez-vous que les violences des manifestants vont discréditer le combat
contre la loi El Khomri ?
L’inversion de la
hiérarchie des normes : inacceptable !
A
part les syndicats, peu s’inquiètent d’un des aspects majeurs de la loi, qui
est maintenu, celui de l’inversion de la hiérarchie des normes. Auparavant, les
accords collectifs prévalaient sur les
accords d’entreprise et un accord d’entreprise ne pouvait offrir que des
conditions plus favorables que celles de l’accord collectif ; demain si ce
projet passe, par un référendum d’entreprise, un accord d’entreprise pourra
imposer, en termes de salaires d’horaires ou conditions de travail, des
conditions moins favorables si elles sont acceptées par in référendum
d’entreprise. A signaler que des referendums pouvaient déjà revenir sur des
dispositions en vigueur plus favorables que la convention collective.
C’est
une rétrogradation sociale sans équivalent et scandaleuse, qui revient sur plus
de cent ans de lutte syndicale. C’est aussi une absurdité économique qui
récompense les plus mauvais patrons, en mettant en place une compétition insane
au détriment des salariés qui se met en place ; l’entreprise la plus en
difficulté d’un secteur, sans doute parce que la plus mal gérée, imposera à ses
salariés des baisses de salaires ou augmentation de temps de travail assez
facilement par un chantage à l’emploi,
et progressivement les entreprises du secteur seront contraintes à
s’aligner sur elles.
On
mesure facilement quel point cette
inversion des normes est dangereuses, et tout particulièrement en temps de crise
économique et de chômage fort. Extrêmement dangereuse pour les salariés, elle
l’est aussi néfaste pour l’ensemble de l’économie, en créant une spirale
attirant l’ensemble d‘une branche vers des productions de faible valeur à
faible coût, et de plus en plus de déqualification ; c’est une spirale
infernale qui se met, en place, la compétitivité par les coûts et non par la
qualité et l‘innovation, l’inverse de ce qu’il faut faire.
Comme
le proclamait un des slogans les plus repris : Loi Khomri : Ni
amendable, ni négociable, retrait !
Le démantèlement de la
médecine du travail : inacceptable !
La
loi prévoit de mettre fin au dispositif
actuel de visites médicales d’embauche et de visites bisannuelles, ainsi que de
supprimer l’avis d’aptitude (ou d’inaptitude) au poste qui en débouchait.
Désormais, le salarié aurait droit à une « visite d’information et de
prévention effectuée après l’embauche » par un membre du service de santé au
travail, même pas forcément médecin ! Puis, il ferait l’objet « d’un suivi
individuel de [son] état de santé effectué par le médecin du travail » et par
son équipe. Le rythme de ces rencontres de suivi n’est pas encore fixé, mais il
pourrait être de cinq ou six ans !!!
Même
la CFE-CGC a protesté contre ce texte. Bernard Salengro, président du syndicat
des cadres CFE-CGC Santé au travail a déclaré que la loi El Khomry « va
éloigner les salariés des médecins du travail. Ceux-ci ne pourront plus repérer
les nouveaux maux tels que les risques psychosociaux, le burn-out, etc., ni
proposer des solutions ou témoigner de ce qui se passe dans les entreprises ».
Mais c’est sans doute ce qui est recherché, d’autant que le Sénat, qui en
rajoute toujours dans la rétrogradation, a jugé inutile d’inscrire le burn-out
dans les maladies professionnelles. Question supplémentaire : la médecine
du travail démantelée, comment les dispositions sur le compte pénibilité ne
seraient-elles pas une plaisanterie ?
De
plus, l’’intersyndicale CGT, FO, Solidaires et SNPST estime que « sous prétexte
de sécurité de tiers, le projet prévoit un avis d’aptitude sécuritaire, qui ne
relève pas de la prévention en santé au travail, mais d’une médecine de
sélection, étrangère à la médecine du travail ». Si une maladie risque de
conduire le salarié à la perte de son emploi, « il la dissimulera au médecin du
travail », prévient Jean-Michel Sterdyniak, secrétaire du Syndicat national des
professionnels de la santé au travail (SNPST), qui juge ce dispositif «
monstrueux.
Merci
donc à FO, à la CGT, à SUD et aux autres organisations qui ont organisé ces
défilés, et aux nombreux délégués et syndiqués qui luttent maintenant depuis
plus d’un mois.
Une remarque : une affiche de la
CGT : 4 millions d’adhérents en 1937, 2 millions en 1968 , 800.000
actuellement. Les salariés français ont besoin de syndicats forts. FO
traditionnellement, ne communique pas le
nombre de ses adhérents (entre 300.000 et 500.000 ?). Il y eut autrefois
des syndicats amis des yankees et d’autres amis des russkis, mais bon, il y a
plus de vingt ans que le mur de Berlin est tombé, que l’Union soviétique a
disparu ; alors il est peut être tant d’en finir, d’autant que les
positions de FO et de la CGT sont souvent très proches
Face
à une CFDT qui ne cesse de poursuivre une dérive incompréhensible, il serait
peut-être temps d’offrir aux salariés français un syndicat puissant, capable de
les défendre.
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