Des gadgets, mais pas de faisabilité industrielle
Jamais en retard d’un gadget, les écolos
socialistes de la Mairie de Paris a
annoncé l’implantation de colonnes Morris qui capteront le carbone (le
CO2). Ces colonnes Morris contiennent
des algues développées par la startup Fermentalg fixent le CO2 sous la forme d’une masse
organique pour finalement produire de
l’oxygène et, en se multipliant, une biomasse évacuée par le réseau des eaux
usées de la ville. Une colonne Morris de 4 mètres de haut permettrait de capter
autant de gaz carbonique que 100 arbres (soit une tonne de CO2 par an). Fermentalg
s’est installée dans le domaine de la valorisation et de la recherche dans les
algues et c’est certainement un domaine
d’avenir. Mais quant à dire que le captage du CO2 est une technologie d’avenir
à l’échelle industrielle qui permettra de résoudre les défis énergétiques et
climatiques, c’est une autre affaire et faire opeuve d’un optimisme que
démentent quelques échecs retentissants.
Total à
Lacq, EDF au Havre- des échecs retentissants- sans parler d’Ulcos
Le monstre métallique vit ses dernières heures.
Dans quelques semaines, l’installation sera mise à l’arrêt. Les brûleurs, les
équipements de refroidissement, le compresseur et les kilomètres de tuyaux qui
ont servi à capter et à comprimer le CO2 seront démontés. Après 1 400 jours de
tests, Total s’apprête à mettre un terme à l’expérimentation de captage et
stockage du carbone issu de la production de gaz naturel sur son site de Lacq
(Pyrénées-Atlantiques). Démarré en 2009, ce pilote prévu dès le départ pour une
durée de quatre ans a été le premier en France, même si l’expérience reste à
petite échelle : 51 000 tonnes de CO2 ont été injectées depuis 2010. Les
installations de Total à Lacq ont émis 225 000 tonnes l’an passé. Le test sur
une chaudière a été conclusif : la méthode ne peut être développée à l’échelle
industrielle…
Direction le port du Havre (Seine-Maritime) sur le
site de la centrale à charbon d’EDF. À quelques centaines de mètres des docks,
où sont déchargés les conteneurs de charbon arrivant des États-Unis et de
Pologne, se dresse un édifice de 30 mètres de hauteur, labyrinthe inextricable
de tuyaux dédiés au captage du CO2. L’électricien, en partenariat avec Alstom,
s’est doté d’un démonstrateur de recherche sur le procédé de postcombustion aux
amines. Le projet démarré en 2015, l’échec est patent en 2017 ; le projet ne
fonctionne pas et provoque une telle perte de productivité qu’il va à
l’encontre de son but.
Et ne parlons même pas du projet Ulcos, Arcelor
Mittal et Florange et ses deux hauts fourneaux qui ne devaient pas fermer, promesse
de François Hollande de 2012. Arcelor s’engageait à les maintenir en état et à
favoriser leur reprise dans le cadre du projet de captage et de stockage de CO2
Ulcos. Un an après, Florange fermait définitivement et renonçait à s’engager
dans Ulcos.
Et pourtant la Commission Européenne veut favoriser
les recherches sur le captage de CO2. Après un premier plan qui a conduit à un
échec total - N’étant pas parvenus à boucler leurs financements, les porteurs
des huit projets en lice – dont Ulcos en France– avaient abandonné, la
Commission a relancé un second programme. NER 300. Qui ne marche pas mieux ! . L’objectif était
de démontrer la faisabilité des technologies en 2020. Or en 2017 on n’est même
pas arrivé à lancer des projets- au contraire, on en abandonne !
Décidément, pour une fois qu’elle se même de
politique énergétique et de recherche, la Commission européenne n’a pas de
chance. Pas plus d’ailleurs que pour le projet ITER qui dérape
considérablement. Peut-être devrait –elle se contenter de fédérer des efforts
nationaux et des moyens et d’intervenir dans les projets ? Le savoir-faire très
spécialisé technocratique des eurocrates
n’a que peu avoir avec la recherche ou avec l’industrie !
La technologie n’est pas mature et nul ne sait ni
si, ni quand elle le sera !
Le captage a l’inconvénient majeur d’exiger
beaucoup d’énergie. L’imposante tour de production d’oxygène pur qui se dresse
sur le site de Lacq coûtait chaque jour à Total 4 000 à 5 000 euros en
électricité ! Il faut ensuite stocker le CO2 capté, sous terre, et là encore
les obstacles ne sont pas minces : Capacité de stockage géologique,
caractérisation des sols, résistance des réservoirs dans le temps… autant de
facteurs qui doivent être étudiés. C’est aussi une des raison de l’arrêt d’EDF au
Havre : le réservoir géologique était
inadapté. Le stockage présenterait en outre des risques
environnementaux. Selon une étude réalisée par l’Institut national de
l’environnement industriel et des risques (Ineris), l’injection de CO2 pourrait
libérer dans le sous-sol, en raison de mécanismes complexes d’interactions, des
métaux lourds (zinc, manganèse, fer, arsenic) dans des concentrations très
variables. A Lacq, Total a rencontré l’opposition des habitants de la région de
Pau. La présence de carbone comprimé à 90 bars dans la roche à 4 500 mètres
sous les pieds des Béarnais a inquiété des associations qui sont montées au
créneau.
Enfin et surtout la surconsommation des
installations de captage de CO2 pourrait
entraîner un accroissement des émissions de CO2, alors que le but recherché est
au contraire de les réduire… C’est ce qu’indiquent les essais d’EDF au Havre-
un investissement d’EDF et de l’ADEME de 22 millions d’euros pour un pilote
destiné à ne capter que 0,5% des émissions d’une unité de production
d’électricité de 600 MW ! Il était temps d’arrêter. Autre difficulté de taille
: passer du stade de pilote à l’échelle industrielle en maintenant le rendement
des centrales. Faire fonctionner la chaîne (captage, transport, stockage) sur
des installations de 300 MW (soit 3 millions de tonnes de carbone par an)
demeure un défi
Malgré les gadgets et la communication, la
technologie de capture du CO2 n’est pas mature et nul ne sait ni si, ni quand
elle le sera ! (en passant, pour être informé,
il vaut mieux lire l’Usine nouvelle que les communiqués des écolos). LE
seul moyen de préserver les ressources naturelles non renouvelables, de lutter
contre la pollution et de remplir nos engagement en termes de lutte contre le
réchauffement climatique restera pour longtemps encore l’électricité nucléaire
! ( ce qui rend encore plus criminel l’arrêt par Angela Merckel du nucléaire
allemand).
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