Explosion des frais de
scolarité
Ne
fantasmons pas, précisons : par la débauche financière auxquelles les
Ecoles de Commerce sont depuis longtemps habituées.
Le
branle a été donné par l'initiative prise en 2014 par le ministère de
l'Industrie, autorisant ses écoles à passer leurs droits de 850 € à 1.850 €.
Soit 1.000 euros d'augmentation. Soit
plus de 217% !
Une
autre étape a été franchie en 2015 lors de la création de CentraleSupélec.
L'établissement, sous double tutelle Enseignement supérieur et Industrie, exige
2.200 € par an (2.500 € en 2017), contre 615€ auparavant pour Centrale. Soit 357% !
Dans
les écoles privées, la barre des 10.000 € se rapproche. Entre 2012 et 2015, les
écoles de statut privé ont augmenté leurs frais d'inscription de 520 €. À la
rentrée 2015, le coût pour une année de scolarité en école d'ingénieurs privée
est en moyenne de 6.513 €. Les moins chères se situent à 4.800 € annuels, quand
une poignée flirte désormais avec les 10.000 €, à l'image de l'Epita, l'ESME
Sudria ou encore l'ECE.
À
la rentrée 2017, intégrer l’école des Mines ParisTech coûtera à l’année 3.186
euros, 2.150 euros pour l’Institut Mines-Télécom Lille-Douai. Des chiffres en
augmentation comparés à 2016 : la rentrée dernière, il fallait débourser 2.590
euros pour la première, 1.850 euros pour la seconde. La nouvelle est tombée le 28 mars dernier, au
travers de 2 arrêtés publiés au Journal Officiel. Elle traduit un phénomène
plus général dans les écoles d’ingénieur françaises, à savoir l’augmentation
récurrente de leurs droits de scolarité.
C’est une évolution qui avait été annoncée
en mars 2015 par un rapport du Cgefi
(Contrôle général économique et financier) pour le compte de Bercy, qui avançait douze propositions chocs pour «
améliorer l’efficience des écoles d’ingénieurs !! » , notamment :
Passer les frais de scolarité des
écoles d'ingénieurs à 2.570 euros, généraliser la ponction sur les fonds
de roulement, fusionner... Rappelons que les Ecoles dépendant du Ministère
de l’enseignement supérieur ne demandaient qu’environ sept cents euros de frais
de scolarité !
Cela ne touche pas que les Ecoles d’ingénieur nationales. Ainsi, la
fameuse Ecole Supérieure de Physique et Chimie de la ville de Paris
prévoyait-elle cette année un triplement des frais de scolarité. Devant
la grogne de l’Association des Anciens Elèves, arguant de travaux importants et
que l’augmentation des frais de scolarité aurait été difficile à justifier dans
un environnement peu favorable et que de plus, elle aurait eu un effet
négatif sur l'attractivité de l'École, la Direction a reculé. Pour l’instant.
Un autre pan de la république s’écroule !
Le paysage des Ecoles d’Ingénieurs est
assez morcelé : Formation payante, gratuite ou donnant même lieu à une solde...
Dans les écoles d'ingénieurs, les stratégies en matière de frais de scolarité
sont aussi hétérogènes que les statuts des établissements et dépendent des
ministères de tutelle. Nous avions même une tradition bien française: plus le
niveau de sélection est élevé, moins l’école est chère jusqu’à même payer ses
élèves (Ecole Polytechnique, Ecoles
normales..). Incompréhensible pour un anglo-saxon ! Mais c’est qu’il
s’agissait d’une tradition républicaine et égalitaire, celle qui permit
longtemps aux fils, puis - trop tardivement- aux filles des familles les plus
modestes d’accéder à l’enseignement le plus élitiste, pourvu qu’ils le méritent
par leurs dons et par leur travail, au terme d’une sélection rigoureuse et juste.
Et c’est cette tradition qui est en train
de s’effondrer sous l’action des forces conjuguées,
comme d’habitude, de la démagogie faussement égalitaire (et pourquoi les élèves
des Grandes Ecoles ces privilégiés ne devraient-ils pas payer plus pour leurs
études ?) et du libéralisme anglo saxon pour qui seul comptent les
privilèges de l’argent.(on va quand même pas mélanger nos enfants avec n’importe
qui)
Cette course, sous les meilleurs
prétextes évidemment, à l’augmentation des droits d’inscription comme au
rétablissement de la pantoufle à Polytechnique, nous savons qu’elle va au
rebours de notre modèle républicain, de la sélection par le mérite et non par la naissance. Nous savons qu’il devient
de plus en plus difficile aux enfants du petit peuple d’intégrer les écoles d’ingénieur,
parce que l’école ne leur fournit plus les connaissances et les méthodes
nécessaires qu’il faut alors aller
chercher dans l’environnement familial ou dans des cours privés.
Avec cette politique impulsée par Bercy,
c’est un pan supplémentaire de la République qu’in abat. Généralement, les
Associations d’Anciens Elèves, attachés à cette justice, à ces possibilités de
promotions sociales qu’elles ont connu et qu’elle souhaitent préserver pour les
jeunes générations tentent de s’y opposer, mais elles sont bien seules dans l’indifférence
générale.
Un
autre pan de la République s’écroule avec ces places fortes du savoir, de la
méritocratie et de l’égalité républicaine qu’étaient les Ecoles d’Ingénieurs
voulues par les Monge, les Laplace, les Chaptal…
Faudra-t-il appeler aussi ce mouvement
macronisation ? Nous verrons
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