Certains textes parlent d’eux-mêmes et se
passent de tout commentaire…. On ne peut qu'essayer de les rendre au mieux en invitant les lecteurs à se rendre à l'original
Nucléaire, démocratie, jacobinisme. M. Onfray contre les idées reçues
Michel Onfray : « je n’ai
jamais eu l’esprit moutonnier et n’ai jamais participé aux combats
antinucléaires qui se tenaient à l’université de Caen quand j’étais étudiant –
entre 1976 et 1984 ». L’énergie nucléaire était alors le reflet de « la
puissance d’un siècle qui ne rechignait pas à la puissance car elle en avait
les moyens ». Cette énergie symbolise le « feu nucléaire
qui peut être arrimé à la pulsion de vie (l’énergie civile) ou à la pulsion de
mort (l’énergie militaire) ».
Contrairement à ce que prétendent certains
anti-nucléaires, Michel Onfray considére que le nucléaire ne s’oppose pas à la
décentralisation ( le combat contre le
jacobinisme centralisateur a toujours été important pour lui ) ; le
nucléaire, symbole « de l’hyper-technophilie » du
siècle passé et de ses grands programmes centralisés, aux côtés du TGV et du
Concorde, ne s’oppose pas à la délocalisation « Décoloniser les
provinces : contribution aux présidentielles ». « La région de
Flamanville fait la démonstration que les retombées en matière d’emplois, de
taxes professionnelles, d’infrastructure sont considérables ».
La pollution des paysages par les éoliennes
Le nucléaire, fruit de la société dans
laquelle il s’inscrit, est une « réponse aux besoins créés
par une société de consommation qui a multiplié les appareils électriques
auxquels la plupart sont attachés comme à des doudous ». Dès
lors, Michel Onfray juge avec sévérité l’écologie politique de gauche « qui
campe sur une position d’opposition bien que la démonstration soit faite que
l’énergie renouvelable ne répond pas aux besoins d’une société de
consommation ». Il rappelle ainsi que ceux qui critiquent le nucléaire « sont
rarement ceux qui optent pour une désaffiliation d’avec ces objets de la
servitude volontaire ». Michel Onfray s’étonne d’ailleurs des
contradictions de ce mouvement. « La pollution des paysages par les éoliennes et par les milliers de
tonnes de ciment des dalles sur lesquelles elles reposent, en même temps que la
disparition de ces terres pour un usage agricole au profit du bétonnage
échappent bizarrement à la critique écologiste… ».
Dans ces conditions, il estime que seuls les décroissants apportent une
critique cohérente du nucléaire.
Plus généralement, Michel Onfray considère
que le nucléaire a fait les frais des postures politiciennes : « La
gauche et la droite invitent chacune à ne pas penser et à se
soumettre à leurs catéchismes et à leurs slogans. La première est contre le
nucléaire ; la seconde est pour ; l’une et l’autre le sont presque par
atavisme, par héritage. Le nucléaire a été décidé par un gouvernement de
droite, c’est donc une mauvaise chose pour la gauche. Mais quand Mitterrand
arrive au pouvoir, il n’est pas contre. Que dit alors la gauche ? Qu’elle n’est
plus contre… »
A ceux qui pointent le manque de
démocratie du nucléaire, Michel Onfray répond : « les valeurs
républicaines n’excluent pas une part de discrétion ou de secret et l’idée
d’une transparence totale en la matière ne me semble pas une garantie de
démocratie mais sûrement un gage de démagogie ». Et de
souligner : « Que le nucléaire civil soit en relation avec le
nucléaire militaire ne fait aucun doute et que le militaire soit un domaine
réservé du chef de l’Etat ne me choque pas. Nos chefs de l’Etat sont
démocratiquement élus… »
Michel Onfray souligne également que « le
manque de démocratie se manifeste quand le syndicalisme est interdit dans une
entreprise ». Et d’ajouter : « les syndicats sont
présents à tous les niveaux dans les centrales ».
Sur la question du « risque
nucléaire », il précise : « je persiste à croire que
Tchernobyl est une catastrophe à mettre au compte de l’impéritie de la
bureaucratie soviétique et Fukushima sur celui d’un tsunami contre lequel on ne
peut pas grand-chose. » Le philosophe le dit sans
ambages : « je ne suis pas de ceux qui sont pour le nucléaire mais
le voudraient chez les voisins – idem avec les camps de migrants, les prisons
ou les salles de shoot ». Et de conclure, « la centrale
est certes un camp menaçant dans le sublime paysage du Cotentin, mais la vie
n’est pas faite qu’avec des parcs d’attraction du genre Disneyland. »
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