Fast
– l’œil du Ciel –Tianyan
Fin 2016 a été
inauguré en Chine le plus grand
radiotéléscope du mode ( FAST -Five-hundred-meter Aperture Spherical Telescope)
ou encore, pour les Chinois, l’œil du Ciel –Tianyan. Comme son acronyme l’indique,
FAST mesure 500 mètres de diamètres. La surface est équipée d'un système
d'optique active permettant d'ajuster la parabole selon différentes
orientations, pour un diamètre efficace de 300 mètres. L'antenne peut ainsi
observer jusqu'à une distance angulaire de 40 degrés du zénith. Elle peut
observer dans une fourchette de fréquences entre 0,07 et 3 gigahertz6 avec une
précision de pointage de 4 secondes d'arc.
Le radiotélescope
s'intéressera à différents objets célestes comme les supernovae, les pulsars,
les quasars et, pour le directeur de la Société astronomique chinoise, Wu
Xiangping, la grande sensibilité de Fast « nous aidera à rechercher une vie
intelligente au-delà de notre galaxie ».
FAST résulte d’un
programme lancé en 1994 et a exigé d’importants travaux et sacrifices- 9 110
personnes résidant dans un rayon de cinq kilomètres autour du dispositif
d'écoute ont été déplacées hors de la zone pour créer une zone blanche évitant
toute nuisance électromagnétique
Après les grands
calculateurs, après les séquenceurs d’ADN de dernière génération, dans tous les
domaines de la science, la Chine avance en se donnant les moyens d’être à la
pointe de la science contemporaine.
Que fait l’Europe ?
Comac
et le C919 : l’envol de l’aéronautique chinoise – Made in China 2025
Le C919, un
moyen-courrier conçu par la Chine pour bousculer le duopole Airbus-Boeing, a
pris son envol pour la toute première fois vendredi 5 mai depuis l’aéroport
international de Shanghaï. C’est une avancée technologique qui illustre les
ambitions aéronautiques de Pékin face aux champions industriels Airbus et
Boeing.
Alors sans doute
va-t-il, dans un avenir pas trop lointain, s’habituer au nom de Comac (Commercial Aircraft Corporation
of China), le constructeur du C919. Avec cet appareil capable de transporter
168 passagers sur 5 550 kilomètres, Comac espère rivaliser sur les vols
régionaux avec les deux stars internationales du moyen-courrier, le B737 de
l’américain Boeing et l’A320 de l’européen Airbus.
Il reste certes de nombreuses
et longues étapes à franchir. Pour un développement international du C919,
COMAC doit obtenir la certification américaine - qu’il n’a toujours pas pour
son premier avion, l'ARJ-21, un bimoteur de 79 à 90 places, certifié fin 2014
par les autorités chinoises, aujourd'hui commercialisé, mais en Chine seulement’-
cela peut encore prendre quelques années. Le C919 fait encore appel à des technologies
importées (il est équipé d’un moteur Leap-1c de General Electric et Safran.
Safran, qui fournit également 725 harnais électriques et 52 km de câbles dans
chaque appareil, a d’ailleurs salué par la voix de son directeur général,
Philippe Petitcolin, ce « symbole d’une collaboration réussie » avec
l’industrie aéronautique chinoise « en plein essor »). Le C919 embarque
également des toboggans et des toilettes fournies par Zodiac Aerospace, des
trains d’atterrissages Liebherr, un calculateur des commandes de vol
électriques Honeywell, des pneus Michelin ou des pièces usinées par Figeac-Aero
–autant d’industriels qui pour l’instant se réjouissent de l’envol de Comac. Il
reste encore à Comac à démontrer sa fiabilité et sa capacité à augmenter sa
production, à réaliser des économies d’échelle et à tenir des délais de
fabrication. Airbus produit ainsi son A320 au rythme de deux avions par jour !
Pour les Chinois, ce premier vol est
l'aboutissement d'un vieux rêve, déjà tenté sans succès dans les
années 1970 ! Ne pas avoir d'avion made in China, c'est se trouver « à la merci des autres »,
avait déploré le président Xi Jinping en 2014. Au même titre que l'automobile
ou les télécoms, l'aéronautique fait partie du plan Made in China 2025, visant
à faire passer la Chine du «
statut d'usine du monde » à
celui de « grande puissance
industrielle ». « Le
marché aérien chinois va dépasser celui des Etats-Unis dans les prochaines
années et il est donc normal que le pays développe sa propre industrie afin de
capter une partie de ce marché », relève
Zhao Jian, spécialiste des transports à l'université Jiaotong de Pékin. Ne pas avoir d'avion « made in China », c'est se
trouver « à la merci des autres », avait déploré le président Xi Jinping en
2014.
« Faire voler des gros-porteurs commerciaux
est la volonté de l’État, le rêve de la nation, et le désir du peuple chinois
», a expliqué Jin Zhuanglong, le président de la Comac.
Un
modèle chinois ?- confucianisme et positivisme
Nous verrons si Pékin et la COMAC s’inviteront dans le
duopole Airbus-Boeing,- ni le canadien
Bombardier ni le brésilien Embraer qui affichaient pourtant certaines
ambitions, n’y sont parvenus. Mais ce
qui est sûr, c’est que, dans tous les domaines de la science et de la
technique, la Chine pense et agit à long terme, mène des programmes ambitieux
et complexes et avance. C’est vrai dans l’astronomie et l’aéronautique, et
aussi dans la chimie, dans les terres
rares , dans la biologie, le nucléaire. Elle avance aussi lentement, prudemment
mais avec détermination pour donner un rôle international à sa monnaie.
Le modèle chinois a
fait fantasmer bien des Français, pour le meilleur ou pour le pire, de Voltaire
aux maos, en passant par les positivistes qui ont vu dans la Chine une société organisée dans la durée et pour une très vaste
population par une religion sans dieu
assez proche de leur Religion de l’Humanité (cf mon article « Les Positivistes et la Chine », Monde
chinois, vol. 40, no. 4, 2014, pp. 116-129).
Or à l’heure où la
Chine développe, après les avoir assimilé
les résultats et les méthodes de la science occidentale (de plus en plus
planétaire), prend sa place à l’avant-garde du progrès intellectuel,
scientifique et technique et veut assumer les devoirs d’un pays de son rang,
notamment en matière de réchauffement climatique et d’ordre international, les
intellectuels français ne semble guère s’intéresser à ce qui se passe dans cet
immense pays qui est peut-être en train d’inventer un nouveau modèle, une
nouvelle manière de concilier l’ordre et le progrès, qui laisse leur juste
place aux mécanismes de marché et à la propriété, mais ne renonce pas à organiser
la société et son évolution. C’est pourtant diantrement plus intéressant que
les meurtrières logorrhées maoïstes. Un positiviste ne peut qu’être certain que
la voie chinoise du progrès scientifique ne pourra continuer durablement sans
adopter les indispensables libertés d’exposition, de discussion d’appréciation
des doctrines quelconques, dans un cadre adapté à la civilisation chinoise et à
son histoire. Comment ? Un confucianisme rénové, qui saurait concilier le
respect du passé et de l’autorité du savoir, sans compromettre la dynamique du
progrès, des sages, un pouvoir spirituel qui prendraient aussi en charge les
exigences de justice sociale ?
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