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dimanche 7 mai 2017

Nouvelles de Chine. Vers un modèle chinois ?

Fast – l’œil du Ciel –Tianyan

Fin 2016 a été inauguré en Chine le  plus grand radiotéléscope du mode ( FAST -Five-hundred-meter Aperture Spherical Telescope) ou encore, pour les Chinois, l’œil du Ciel –Tianyan. Comme son acronyme l’indique, FAST mesure 500 mètres de diamètres. La surface est équipée d'un système d'optique active permettant d'ajuster la parabole selon différentes orientations, pour un diamètre efficace de 300 mètres. L'antenne peut ainsi observer jusqu'à une distance angulaire de 40 degrés du zénith. Elle peut observer dans une fourchette de fréquences entre 0,07 et 3 gigahertz6 avec une précision de pointage de 4 secondes d'arc.
Le radiotélescope s'intéressera à différents objets célestes comme les supernovae, les pulsars, les quasars et, pour le directeur de la Société astronomique chinoise, Wu Xiangping, la grande sensibilité de Fast « nous aidera à rechercher une vie intelligente au-delà de notre galaxie ».
FAST résulte d’un programme lancé en 1994 et a exigé d’importants travaux et sacrifices- 9 110 personnes résidant dans un rayon de cinq kilomètres autour du dispositif d'écoute ont été déplacées hors de la zone pour créer une zone blanche évitant toute nuisance électromagnétique
Après les grands calculateurs, après les séquenceurs d’ADN de dernière génération, dans tous les domaines de la science, la Chine avance en se donnant les moyens d’être à la pointe de la science contemporaine.

Que fait l’Europe ?


Comac et le C919 : l’envol de l’aéronautique chinoise – Made in China 2025

Le C919, un moyen-courrier conçu par la Chine pour bousculer le duopole Airbus-Boeing, a pris son envol pour la toute première fois vendredi 5 mai depuis l’aéroport international de Shanghaï. C’est une avancée technologique qui illustre les ambitions aéronautiques de Pékin face aux champions industriels Airbus et Boeing.
Alors sans doute va-t-il, dans un avenir pas trop lointain, s’habituer au nom de Comac (Commercial Aircraft Corporation of China), le constructeur du C919. Avec cet appareil capable de transporter 168 passagers sur 5 550 kilomètres, Comac espère rivaliser sur les vols régionaux avec les deux stars internationales du moyen-courrier, le B737 de l’américain Boeing et l’A320 de l’européen Airbus.
Il reste certes de nombreuses et longues étapes à franchir. Pour un développement international du C919, COMAC doit obtenir la certification américaine - qu’il n’a toujours pas pour son premier avion, l'ARJ-21, un bimoteur de 79 à 90 places, certifié fin 2014 par les autorités chinoises, aujourd'hui commercialisé, mais en Chine seulement’- cela peut encore prendre quelques années. Le C919 fait encore appel à des technologies importées (il est équipé d’un moteur Leap-1c de General Electric et Safran. Safran, qui fournit également 725 harnais électriques et 52 km de câbles dans chaque appareil, a d’ailleurs salué par la voix de son directeur général, Philippe Petitcolin, ce « symbole d’une collaboration réussie » avec l’industrie aéronautique chinoise « en plein essor »). Le C919 embarque également des toboggans et des toilettes fournies par Zodiac Aerospace, des trains d’atterrissages Liebherr, un calculateur des commandes de vol électriques Honeywell, des pneus Michelin ou des pièces usinées par Figeac-Aero –autant d’industriels qui pour l’instant se réjouissent de l’envol de Comac. Il reste encore à Comac à démontrer sa fiabilité et sa capacité à augmenter sa production, à réaliser des économies d’échelle et à tenir des délais de fabrication. Airbus produit ainsi son A320 au rythme de deux avions par jour !
Pour les Chinois, ce premier vol est l'aboutissement d'un vieux rêve, déjà tenté sans succès dans les années 1970 ! Ne pas avoir d'avion made in China, c'est se trouver « à la merci des autres », avait déploré le président Xi Jinping en 2014. Au même titre que l'automobile ou les télécoms, l'aéronautique fait partie du plan Made in China 2025, visant à faire passer la Chine du « statut d'usine du monde » à celui de « grande puissance industrielle ». « Le marché aérien chinois va dépasser celui des Etats-Unis dans les prochaines années et il est donc normal que le pays développe sa propre industrie afin de capter une partie de ce marché », relève Zhao Jian, spécialiste des transports à l'université Jiaotong de Pékin. Ne pas avoir d'avion « made in China », c'est se trouver « à la merci des autres », avait déploré le président Xi Jinping en 2014.

 « Faire voler des gros-porteurs commerciaux est la volonté de l’État, le rêve de la nation, et le désir du peuple chinois », a expliqué Jin Zhuanglong, le président de la Comac.



Un modèle chinois ?- confucianisme et positivisme

Nous verrons si Pékin et la COMAC s’inviteront dans le duopole Airbus-Boeing,-  ni le canadien Bombardier ni le brésilien Embraer qui affichaient pourtant certaines ambitions,  n’y sont parvenus. Mais ce qui est sûr, c’est que, dans tous les domaines de la science et de la technique, la Chine pense et agit à long terme, mène des programmes ambitieux et complexes et avance. C’est vrai dans l’astronomie et l’aéronautique, et aussi  dans la chimie, dans les terres rares , dans la biologie, le nucléaire. Elle avance aussi lentement, prudemment mais avec détermination pour donner un rôle international à sa monnaie.
Le modèle chinois a fait fantasmer bien des Français, pour le meilleur ou pour le pire, de Voltaire aux maos, en passant par les positivistes qui ont vu dans la Chine une société  organisée dans la durée et pour une très vaste population  par une religion sans dieu assez proche de leur Religion de l’Humanité (cf mon article « Les Positivistes et la Chine », Monde chinois, vol. 40, no. 4, 2014, pp. 116-129).

Or à l’heure où la Chine développe, après les avoir  assimilé les résultats et les méthodes de la science occidentale (de plus en plus planétaire), prend sa place à l’avant-garde du progrès intellectuel, scientifique et technique et veut assumer les devoirs d’un pays de son rang, notamment en matière de réchauffement climatique et d’ordre international, les intellectuels français ne semble guère s’intéresser à ce qui se passe dans cet immense pays qui est peut-être en train d’inventer un nouveau modèle, une nouvelle manière de concilier l’ordre et le progrès, qui laisse leur juste place aux mécanismes de marché et à la propriété, mais ne renonce pas à organiser la société et son évolution. C’est pourtant diantrement plus intéressant que les meurtrières logorrhées maoïstes. Un positiviste ne peut qu’être certain que la voie chinoise du progrès scientifique ne pourra continuer durablement sans adopter les indispensables libertés d’exposition, de discussion d’appréciation des doctrines quelconques, dans un cadre adapté à la civilisation chinoise et à son histoire. Comment ? Un confucianisme rénové, qui saurait concilier le respect du passé et de l’autorité du savoir, sans compromettre la dynamique du progrès, des sages, un pouvoir spirituel qui prendraient aussi en charge les exigences de justice sociale ? 

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