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samedi 26 octobre 2019

Nucléaire : Quand Elisabeth passe les bornes…


Elisabeth Borne (Le Parisien du 21 octobre) : la lacheté et la démagogie qui ont failli tuer le nucléaire en France vont-ils continuer encore longtemps ?

Extrait : « C'est un désaveu public. Elisabeth Borne, la ministre de la Transition écologique, a fait part ce lundi matin de son désaccord avec le patron d'EDF. Un recadrage en bonne et due forme.
«Ça n'est pas EDF ni son PDG qui fixent la politique énergétique du pays», a-t-elle déclaré sur Europe 1. Elle a fait part de sa surprise après l'annonce, par le patron de l'électricien, Jean-Bernard Lévy, de la construction de six réacteurs nucléaires de type EPR dans les prochaines années…
Interrogé la semaine dernière dans «Le Monde», Jean-Bernard Lévy a déclaré qu'il «est clair que la France se prépare à construire de nouvelles centrales nucléaires. C'est dans la mission que j'ai reçue lorsque j'ai été nommé, il y a cinq ans.»
«La feuille de route, c'est ramener la part du nucléaire à 50% en 2035», mais aussi de développer les énergies renouvelables, selon Elisabeth Borne. «L'enjeu est de proposer une énergie décarbonée avec des prix abordables», a-t-elle ajouté.
 «Sur le nucléaire, ce qu'on attend d'abord d'EDF, ce sont des explications sur les dépassements de coûts, sur les délais de Flamanville», dans la Manche, s'est agacée la ministre. Début octobre, la mise en service de cet EPR a une nouvelle fois été repoussée d'au moins un an pour un coût total dorénavant estimé à 12,4 milliards d'euros. »

Réponse à Elizabeth Borne- Les « étrangleurs ottomans » du nucléaire.

Eh bien si Elizabeth Borne veut des explications, on peut lui en donner, et des que le PDG d’EDF ne peut pas franchement lui dire. 

Par exemple, ceci : que la principale cause des problèmes de Flamanville est la lâcheté ou l’incompétence des ministres successifs qui à force de retarder tous les projets nucléaires ont failli entraîner une perte de compétence d’EDF, comme en Angleterre, qui, pionnière en Europe de l’atome civil, est maintenant obligé de faire appel… à EDF et aux Chinois pour bâtir de nouveaux réacteurs nucléaires.

La lâcheté et la démagogie des ministres successifs face à tous ceux qui ont agi constamment, depuis des années, pour retarder ou annuler tous les projets nucléaires, par pure idéologie,  aussi ceux qui s’opposent au retraitement à  Astrid et à l’enfouissement pour ensuite hurler à l’absence de solution pour les déchets...
La lâcheté et la démagogie face à tous ceux qui mentent effrontément sur les coûts réels du nucléaire ( et surtout sur les coût réel des renouvelables et leur impact climatique moins favorable), qui mentent  sur les dangers et entretiennent des mythes ( nuage de Tchernobyl) et créent des paniques (tritium), sans jamais se heurter à aucun démenti officiel.
 La lâcheté et la démagogie des ministres successifs face aux « étrangleurs ottomans » (réputés vous exécuter sans que vous vous en rendiez compte) du nucléaire, ceux qui n’ont aucun argument sérieux à opposer mais qui ne cessent d’agir par des voies détournées, comme les financements « taxonomie verte », le harcèlement juridique, les intrusions sur des sites protégés sans que évidement  la sécurité n’emploie les moyens dont elle peut disposer.

Merci, oh ministres vertueux, pour toutes les décisions que vous n’avez pas osé prendre. Un grand merci des travailleurs du nucléaire, 1.1 millions d’emplois directs et indirects en France, troisième secteur industriel.

Et apparemment Mme Borne entend suivre cette voie. Surtout pas de décisions, le plus tard possible, quand il sera trop tard…Quand nous nous réveillerons et réaliserons que le nucléaire est indispensable pour combattre le réchauffement climatique, et qu’il ne nous restera plus qu’à acheter des réacteurs aux Russes, ou aux Chinois que nous nous avons formés…

L’EPR n’est pas cher, l’EPR fonctionne

L’EPR est cher et mets EDF en péril ? Alors, on peut aussi rappeler quelques petites autres choses à Mme Borne. Bon an, mal an, pendant des années, l’Etat a prélevé  2 milliards d’euros par an dans les caisses d’EDF. Le dispose absurde de l‘ARENH qui force EDF a vendre plus d’un quart de son électricité nucléaire moins qu’aux prix coûtant à des producteurs parasitaires, qui n’ont fait aucun investissement,  coûte aussi deux milliards par ans- ça c’est la libéralisation du marché de l’électricité, un truc génial de la Communauté Européenne dont les expériences étrangères ( la Californie !) montrent que cela ne marche pas !

L’EPR est cher ? Alors ceci, tiré du rapport de la Cour des Comptes sur les énergies nouvelles : l'État doit ainsi payer chaque année 2 milliards d'euros pour produire par le solaire... 0,7 % du mix électrique français !!!. Soit, d'ici à 2030, la bagatelle de 38,4 milliards d'euros, pour une goutte d'eau énergétique.
Plusieurs appels d'offres pour des éoliennes implantées en mer sont remis en cause par le gouvernement actuel, tant les conditions tarifaires étaient avantageuses. L'éolien offshore est l'archétype de ces dysfonctionnements. Aux tarifs accordés en 2012 et 2014, les six parcs d'ores et déjà attribués au large des côtes françaises devraient coûter 2 milliards d'euros par an sur 20 ans, soit un montant total de 40,7 milliards, pour une part de 2% du mix énergétique !!!

Eh ben, on pourrait en faire des EPR avec ça (10 !) ! Et on aurait une électricité abondante, bon marché et décarbonée au maximum pour le prochain siècle !

Avec leur energiewende, les Allemands ont dépensé plus de 670 milliards d’euros pour même pas baisser d’un iota leurs dégagements de carbone, ni leur production d’électricité à partir de charbon ! Ils auraient pu construire, aller, une soixantaine d’EPR. En fait, allez, avec une vingtaine, ils décarboneraient au maximum leur électricité et auraient de l’énergie pendant un siècle

Deux EPR fonctionnent en Chine, un troisième sera raccordé au réseau l’année prochaine en Finlande.

La France doit rester une puissance nucléaire. Le nucléaire est la seule solution permettant de combattre le réchauffement climatique en gardant notre niveau de vie

Le passé : Ce fut une histoire épique que celle du parc nucléaire français,  une décision d’abord purement politique pour des raisons d’indépendance nationale,  une énergie permettant de moins dépendre du pétrole et qui, 50 après, s’avère la seule solution permettant de combattre le réchauffement climatique en gardant notre niveau de vie. La décision fut prise par Georges Pompidou et annoncée à la télévision à une heure de grande écoute par le Premier Ministre, Pierre Messmer, le 6 mars 1974. Les débuts, on ne s’en souvient pas, furent poussifs. La filière des réacteurs français  « à graphite gaz », élaborés par le CEA était trop chère, et les Allemands, qui devaient le développer avec nous, se retirent du projet, alors conjoint, de Fessenheim où de tels réacteurs sont prévu (Eh oui, déjà, l’histoire se répètera).

Mais EDF a un point fort, assez unique ; contrairement à la quasi-totalité des entreprises d’électricité qui achètent leurs centrales clefs en main, EDF est l’architecte industriel de ses centrales électriques, et, en particulier, de ses centrales nucléaires. C’est le blot  de la Direction de l’Equipement, dont les ingénieurs savent décomposer la construction d’une centrale électrique en multiples marchés, rédigent les appels d’offres, décident des résultats, suivent les fabrications, contrôlent les matériels, organisent des chantiers où il arrive que deux cents entreprises œuvrent en même temps. Le concepteur étant en même temps l’exploitant, ayant une connaissance approfondie de l’industrie et des entreprises, c’est un atout considérable, garantie de rapidité et de fiabilité. Framatome propose de construire, sous licence, des réacteurs américains de Westinghouse et très rapidement, EDF et Framatome parviendront à élaborer des réacteurs de conception française. Durant le quart de siècle suivant, un parc de 58 réacteurs nucléaires électrogènes standardisés va être construit dans le pays. Les industriels français exportent à leur tour, en Afrique du Sud, en Corée du Sud puis en Chine. Simultanément, la France développe des compétences dans la maîtrise du cycle du combustible nucléaire et construit la plus grande usine civile de retraitement du monde à La Hague ainsi que des surgénérateurs expérimentaux. La Chine, grâce au très francophile Li Peng, construit ses premiers réacteurs avec la France, puis développent ses propres modèles. Et c’est ainsi que le premiers EPR ont été construits en Chine.

Le futur : Au début des années 1990, le couple Mitterrand  Kohl voulut rééditer dans l’énergie le succès du programme Airbus » et mit en place un programme franco-allemand de réacteur sensiblement amélioré… et l‘histoire se répète, les Allemands, après Tchernobyl, abandonnent brusquement le nucléaire, alors que justement l’EPR, ceinture et bretelle, incorporant les exigences françaises et allemandes de sécurité, est le plus sûr et le plus puissant des réacteurs. Alors l’EPR se fera d’abord avec EDF seul, planté là par nos chers amis allemands, puis avec les Chinois qui développent parallèlement une version modernisée des réacteurs français de Daya-Bay (compte-tenu de l’ampleur de leur programme nucléaire, ils mettent plusieurs fers au feu). Et c’est ainsi que les deux EPR de Taishan sont construits et raccordés au réseau… en 2018 pour des travaux commencés en 2008. Bien plus rapidement que Flamanville donc….

Alors, que s’est il passé pour Flamanville ? Que se passerait-il si l’entreprise STX, l’un des plus grands constructeurs mondiaux de paquebots de croisière perdait ses capacités d’architecte industriel et ne construisait pas de nouveaux navires durant plus de dix ans? Elle disparaîtrait probablement. Elle aurait perdu la main et ses fournisseurs se seraient tournés vers d’autres réalisations. Eh bien, c’est ce qui s’est presque passé pour le nucléaire français : les étrangleurs ottomans ont bien failli avoir sa peau, mais pas tout à fait. Flamanville a été un prototype difficile à un moment critique, sinon l’industrie nucléaire disparaissait en France comme elle a disparu au Royaume Uni ; l’industrie nucléaire française s’est remobilisée, réorganisée, rationalisée, les fautes ont été repérées et circonscrites, le défi relevé et déjà les leçons tirées ont permis la construction plus rapide des deux EPR de Daya Bay. (cf Lionel Taccoen, La lettre géopolitique de l'énergie 

Le nucléaire a un avenir, et si l’on veut vraiment lutter contre le réchauffement climatique, un équipement massif au niveau mondial en nucléaire s’imposera ; idem pour faire face au pic de production des énergies fossiles, et à l’explosion de la demande en énergie. Et cet avenir passe par l’EPR et ses caractéristiques uniques : puissance, sécurité, meilleure rendement ( consommation de l’uranium), dynamique unique le rendant encore plus pilotable… (cf. https://vivrelarecherche.blogspot.com/2019/01/un-nucleaire-nouveau-est-necessaire.html)

De plus, avec l’arrêt prochain de Fessenheim ( qui ne devait s’arrêter qu’après la mise en service de Flamanville), RTE a déjà prévenu que la France risque des épisodes de ne plus pouvoir passer certaines pointes de consommation et des black out plus fréquents et plus sérieux  Et déjà un épisode sérieux aurait du servir d’alerte :  lundi 7 octobre 2019, RTE a dû recourir au dispositif d’effacement des électrointensifs et couper l'électricité à 22 sites industriels pour éviter le black out, à cause d'une seule turbine de Gravelines déconnectée. Imaginez dans le futur une  suite de nuits sans vent….

Nous avons besoin dès maintenant, dès maintenant, de décider de la construction de nouveaux moyens de production massifs et sûrs d’électricité, décarbonée et pilotable. Nous avons besoin d’EPR. Capitalisant sur Flamanville ( et ses erreurs ,eh oui), sur les EPR de Taishan, sur celui d’Olkiluoto, il fait  peu de doute que nos ingénieurs, dont beaucoup de jeunes se passionnent encore pour le nucléaire seront capables de relever  le défi du nouveau nucléaire, du nucléaire de pour demain, de pour le siècle à venir, de pour toute la Terre. De la seule technologie qui puisse répondre au défi climatique sans provoquer l’effondrement de nos sociétés.

Seulement, il faut le décider maintenant. Sinon, ça nous coutera très cher et la France disparaitra du nucléaire  qui sera chinois, russe et américain. 

Sinon, les étrangleurs ottomans du nucléaire auront gagné. Grâce à vous, Mme la ministre Elisabeth Borne

EDF à Taishan ?
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