Elisabeth Borne (Le
Parisien du 21 octobre) : la lacheté et la démagogie qui ont failli tuer
le nucléaire en France vont-ils continuer encore longtemps ?
Extrait :
« C'est un désaveu public. Elisabeth Borne, la ministre de la Transition
écologique, a fait part ce lundi matin de son désaccord avec le patron d'EDF.
Un recadrage en bonne et due forme.
«Ça
n'est pas EDF ni son PDG qui fixent la politique énergétique du pays», a-t-elle
déclaré sur Europe 1. Elle a fait part de sa surprise après l'annonce, par le
patron de l'électricien, Jean-Bernard Lévy, de la construction de six réacteurs
nucléaires de type EPR dans les prochaines années…
Interrogé
la semaine dernière dans «Le Monde», Jean-Bernard Lévy a déclaré qu'il «est
clair que la France se prépare à construire de nouvelles centrales nucléaires.
C'est dans la mission que j'ai reçue lorsque j'ai été nommé, il y a cinq ans.»
«La
feuille de route, c'est ramener la part du nucléaire à 50% en 2035», mais aussi
de développer les énergies renouvelables, selon Elisabeth Borne. «L'enjeu est
de proposer une énergie décarbonée avec des prix abordables», a-t-elle ajouté.
«Sur le nucléaire, ce qu'on attend d'abord
d'EDF, ce sont des explications sur les dépassements de coûts, sur les délais
de Flamanville», dans la Manche, s'est agacée la ministre. Début octobre, la
mise en service de cet EPR a une nouvelle fois été repoussée d'au moins un an
pour un coût total dorénavant estimé à 12,4 milliards d'euros. »
Réponse à Elizabeth Borne- Les
« étrangleurs ottomans » du nucléaire.
Eh bien si Elizabeth Borne veut des
explications, on peut lui en donner,
et des que le PDG d’EDF ne peut pas franchement lui dire.
Par
exemple, ceci : que la principale
cause des problèmes de Flamanville est la lâcheté ou l’incompétence des
ministres successifs qui à force de retarder tous les projets nucléaires
ont failli entraîner une perte de compétence d’EDF, comme en Angleterre, qui,
pionnière en Europe de l’atome civil, est maintenant obligé de faire appel… à
EDF et aux Chinois pour bâtir de nouveaux réacteurs nucléaires.
La lâcheté et la démagogie des
ministres successifs
face à tous ceux qui ont agi constamment, depuis des années, pour retarder ou
annuler tous les projets nucléaires, par pure idéologie, aussi ceux qui s’opposent au retraitement
à Astrid et à l’enfouissement pour
ensuite hurler à l’absence de solution pour les déchets...
La
lâcheté et la démagogie face à tous ceux qui mentent effrontément sur les coûts
réels du nucléaire ( et surtout sur les coût réel des renouvelables et leur
impact climatique moins favorable), qui mentent
sur les dangers et entretiennent des mythes ( nuage de Tchernobyl) et
créent des paniques (tritium), sans jamais se heurter à aucun démenti officiel.
La lâcheté et la démagogie des ministres
successifs face aux « étrangleurs ottomans » (réputés vous exécuter
sans que vous vous en rendiez compte) du nucléaire, ceux qui n’ont aucun
argument sérieux à opposer mais qui ne cessent d’agir par des voies détournées,
comme les financements « taxonomie verte », le harcèlement juridique,
les intrusions sur des sites protégés sans que évidement la sécurité
n’emploie les moyens dont elle peut disposer.
Merci,
oh ministres vertueux, pour toutes les décisions que vous n’avez pas osé
prendre. Un grand merci des travailleurs du nucléaire, 1.1 millions d’emplois
directs et indirects en France, troisième secteur industriel.
Et
apparemment Mme Borne entend suivre cette voie. Surtout pas de décisions, le
plus tard possible, quand il sera trop tard…Quand nous nous réveillerons et
réaliserons que le nucléaire est indispensable pour combattre le réchauffement
climatique, et qu’il ne nous restera plus qu’à acheter des réacteurs aux Russes,
ou aux Chinois que nous nous avons formés…
L’EPR n’est pas cher, l’EPR
fonctionne
L’EPR
est cher et mets EDF en péril ? Alors, on peut aussi rappeler quelques
petites autres choses à Mme Borne. Bon an, mal an, pendant des années, l’Etat a
prélevé 2 milliards d’euros par an dans
les caisses d’EDF. Le dispose absurde de l‘ARENH qui force EDF a vendre plus
d’un quart de son électricité nucléaire moins qu’aux prix coûtant à des
producteurs parasitaires, qui n’ont fait aucun investissement, coûte aussi deux milliards par ans- ça c’est
la libéralisation du marché de l’électricité, un truc génial de la Communauté
Européenne dont les expériences étrangères ( la Californie !) montrent que
cela ne marche pas !
L’EPR
est cher ? Alors ceci, tiré du rapport de la Cour des Comptes sur les
énergies nouvelles : l'État doit ainsi payer chaque année 2 milliards
d'euros pour produire par le solaire... 0,7 % du mix électrique français !!!.
Soit, d'ici à 2030, la bagatelle de 38,4
milliards d'euros, pour une goutte d'eau énergétique.
Plusieurs
appels d'offres pour des éoliennes implantées en mer sont remis en cause par le
gouvernement actuel, tant les conditions tarifaires étaient avantageuses.
L'éolien offshore est l'archétype de ces dysfonctionnements. Aux tarifs
accordés en 2012 et 2014, les six parcs d'ores et déjà attribués au large des
côtes françaises devraient coûter 2 milliards d'euros par an sur 20 ans, soit un montant total de 40,7 milliards,
pour une part de 2% du mix énergétique !!!
Eh ben, on pourrait en faire des
EPR avec ça (10 !) ! Et on aurait une électricité abondante, bon
marché et décarbonée au maximum pour le prochain siècle !
Avec
leur energiewende, les Allemands ont
dépensé plus de 670 milliards d’euros pour même pas baisser d’un iota leurs
dégagements de carbone, ni leur production d’électricité à partir de
charbon ! Ils auraient pu construire, aller, une soixantaine d’EPR. En
fait, allez, avec une vingtaine, ils décarboneraient au maximum leur
électricité et auraient de l’énergie pendant un siècle
Deux
EPR fonctionnent en Chine, un troisième sera raccordé au réseau l’année
prochaine en Finlande.
La France doit rester une puissance
nucléaire. Le nucléaire est la seule solution permettant de combattre le
réchauffement climatique en gardant notre niveau de vie
Le passé : Ce fut une histoire épique
que celle du parc nucléaire français, une décision d’abord purement politique pour
des raisons d’indépendance nationale,
une énergie permettant de moins dépendre du pétrole et qui, 50 après,
s’avère la seule solution permettant de combattre le réchauffement climatique
en gardant notre niveau de vie. La décision fut prise par Georges Pompidou et
annoncée à la télévision à une heure de grande écoute par le Premier Ministre,
Pierre Messmer, le 6 mars 1974. Les débuts, on ne s’en souvient pas, furent
poussifs. La filière des réacteurs français « à graphite gaz », élaborés par le CEA était
trop chère, et les Allemands, qui devaient le développer avec nous, se retirent
du projet, alors conjoint, de Fessenheim où de tels réacteurs sont prévu (Eh
oui, déjà, l’histoire se répètera).
Mais
EDF a un point fort, assez unique ; contrairement à la quasi-totalité des
entreprises d’électricité qui achètent leurs centrales clefs en main, EDF est l’architecte industriel de ses centrales
électriques, et, en particulier, de ses centrales nucléaires. C’est le
blot de la Direction de l’Equipement, dont les ingénieurs savent décomposer la
construction d’une centrale électrique en multiples marchés, rédigent les
appels d’offres, décident des résultats, suivent les fabrications, contrôlent
les matériels, organisent des chantiers où il arrive que deux cents entreprises
œuvrent en même temps. Le concepteur étant en même temps l’exploitant, ayant
une connaissance approfondie de l’industrie et des entreprises, c’est un atout
considérable, garantie de rapidité et de fiabilité. Framatome propose de
construire, sous licence, des réacteurs américains de Westinghouse et très
rapidement, EDF et Framatome parviendront à élaborer des réacteurs de
conception française. Durant le quart de siècle suivant, un parc de 58 réacteurs nucléaires électrogènes standardisés va
être construit dans le pays. Les industriels français exportent à leur tour, en
Afrique du Sud, en Corée du Sud puis en Chine. Simultanément, la France développe
des compétences dans la maîtrise du cycle du combustible nucléaire et construit
la plus grande usine civile de retraitement du monde à La Hague ainsi que des
surgénérateurs expérimentaux. La Chine, grâce au très francophile Li Peng,
construit ses premiers réacteurs avec la France, puis développent ses propres
modèles. Et c’est ainsi que le premiers EPR ont été construits en Chine.
Le futur : Au début des années 1990, le couple
Mitterrand Kohl voulut rééditer dans
l’énergie le succès du programme Airbus » et mit en place un programme franco-allemand
de réacteur sensiblement amélioré… et l‘histoire se répète, les Allemands,
après Tchernobyl, abandonnent brusquement le nucléaire, alors que justement
l’EPR, ceinture et bretelle, incorporant les exigences françaises et allemandes
de sécurité, est le plus sûr et le plus puissant des réacteurs. Alors l’EPR se
fera d’abord avec EDF seul, planté là par nos chers amis allemands, puis avec
les Chinois qui développent parallèlement une version modernisée des réacteurs
français de Daya-Bay (compte-tenu de l’ampleur de leur programme nucléaire, ils
mettent plusieurs fers au feu). Et c’est ainsi que les deux EPR de Taishan sont
construits et raccordés au réseau… en 2018 pour des travaux commencés en 2008.
Bien plus rapidement que Flamanville donc….
Alors,
que s’est il passé pour Flamanville ? Que se passerait-il si l’entreprise
STX, l’un des plus grands constructeurs mondiaux de paquebots de croisière
perdait ses capacités d’architecte industriel et ne construisait pas de
nouveaux navires durant plus de dix ans? Elle disparaîtrait probablement. Elle
aurait perdu la main et ses fournisseurs se seraient tournés vers d’autres
réalisations. Eh bien, c’est ce qui s’est presque passé pour le nucléaire
français : les étrangleurs ottomans ont bien failli avoir sa peau, mais
pas tout à fait. Flamanville a été un prototype difficile à un moment critique,
sinon l’industrie nucléaire disparaissait en France comme elle a disparu au
Royaume Uni ; l’industrie nucléaire française s’est remobilisée,
réorganisée, rationalisée, les fautes ont été repérées et circonscrites, le
défi relevé et déjà les leçons tirées ont permis la construction plus rapide
des deux EPR de Daya Bay. (cf Lionel Taccoen, La lettre géopolitique de l'énergie
Le
nucléaire a un avenir, et si l’on veut vraiment lutter contre le réchauffement
climatique, un équipement massif au niveau mondial en nucléaire
s’imposera ; idem pour faire face au pic de production des énergies
fossiles, et à l’explosion de la demande en énergie. Et cet avenir passe par
l’EPR et ses caractéristiques uniques : puissance, sécurité, meilleure
rendement ( consommation de l’uranium), dynamique unique le rendant encore plus
pilotable… (cf. https://vivrelarecherche.blogspot.com/2019/01/un-nucleaire-nouveau-est-necessaire.html)
De
plus, avec l’arrêt prochain de Fessenheim ( qui ne devait s’arrêter qu’après la
mise en service de Flamanville), RTE a déjà prévenu que la France risque des
épisodes de ne plus pouvoir passer certaines pointes de consommation et des
black out plus fréquents et plus sérieux
Et déjà un épisode sérieux aurait du servir d’alerte : lundi 7 octobre 2019, RTE a dû recourir au
dispositif d’effacement des électrointensifs et couper l'électricité à 22 sites
industriels pour éviter le black out, à cause d'une seule turbine de Gravelines
déconnectée. Imaginez dans le futur une
suite de nuits sans vent….
Nous
avons besoin dès maintenant, dès maintenant, de décider de la construction de
nouveaux moyens de production massifs et sûrs d’électricité, décarbonée et pilotable.
Nous avons besoin d’EPR. Capitalisant sur Flamanville ( et ses erreurs ,eh oui), sur les EPR de Taishan, sur celui d’Olkiluoto, il fait peu de doute que nos ingénieurs, dont beaucoup
de jeunes se passionnent encore pour le nucléaire seront capables de
relever le défi du nouveau nucléaire, du
nucléaire de pour demain, de pour le siècle à venir, de pour toute la Terre. De
la seule technologie qui puisse répondre au défi climatique sans provoquer l’effondrement
de nos sociétés.
Seulement,
il faut le décider maintenant. Sinon, ça nous coutera très cher et la France disparaitra
du nucléaire qui sera chinois, russe et
américain.
Sinon, les étrangleurs ottomans du nucléaire auront gagné. Grâce à vous, Mme la ministre Elisabeth Borne
EDF à Taishan ?
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