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mercredi 16 octobre 2019

PPE et nucléaire : la grande absurdité


Convention Citoyenne climat : le « fâcheux » précédent du grand débat sur la PPE

A l’heure où débute la consultation citoyenne sur la fiscalité énergétique, il n’est pas inutile de rappeler ce qu’avait donné le grand débat sur la PPE (la loi de programmation pluriannuelle de l’énergie) ; un grand débat de qualité finalement, avec multiples échanges entre experts, citoyens souhaitant s’informer et partie prenantes ;  la plupart des échanges très riches peuvent encore être vus sur le site.

Sauf que le résultat avait été assez rude pour le gouvernement, avec des remarques fortes sur l’incohérence des deux objectifs de décarbonation et de modification du mix (notamment la baisse du nucléaire), une contestation assez généralisée, et une  conclusion logique de tout cela : une offensive forte pour remettre en cause la loi elle-même ainsi que ceux qui l’incarnent ou la pilotent.
Bref une mise en cause directe de la démagogie sans borne de Ségolène Royal et de l’idéologie rétrograde des Verts (cf. https://vivrelarecherche.blogspot.com/2018/09/le-debat-public-sur-la-transition.html)

Compte-tenu de ce précédent, il est probable que les participants à la  convention citoyenne seront sérieusement cadrés et chambrés. A eux de ne pas se laisser manipuler dans une opération de justification d’une politique décidée d’avance.
Ils pourront par exemple lire utilement une tribune récente de Michel Negynas sur Contrepoint très éclairante sur les absurdités de la PPE.

Michel Negynas : Énergie : pourquoi arrêter 14 réacteurs nucléaire  d’ici 2035 ?


Extraits : « En écrivant mon dernier billet sur cette folie du programme énergétique français, en particulier le volet électrique, une question toute bête m’est venue à l’esprit : comment diantre a-t-on déterminé le chiffre de 14 réacteurs à arrêter d’ici 2035 ? Alors j’ai cherché, dans les documents publiés tous azimuts par le gouvernement et ses agences, où il pouvait y avoir une justification du calcul. Eh bien il semble qu’il n’y en ait pas. »

« Alors, j’ai essayé de me mettre dans la tête d’un homme ou d’une femme politique qui a une formation standard : juriste ou licence d’histoire, sciences po, puis ENA ou Normale sup lettre. Il ou elle n’a pas le temps de lire des documents techniques, et de toute façon il ou elle a oublié même la physique élémentaire enseignée avant le baccalauréat. Le seul outil scientifique à sa disposition est la règle de trois, et encore il ou elle ne l’applique pas assez. Par ailleurs, à propos de l’électricité, un classique indémodable dans les media et chez la plupart des politiques, est de confondre ou de mélanger des KW, unité de puissance, et des KWh, unité d’énergie. »

« Première méthode : Quelles sont les données de base ? Nous allons augmenter la puissance installée des énergies renouvelables de 30 GW pour l’éolien, soit une équivalence de 7 GW compte tenu du taux de capacité de l’éolien de 25 % car le vent ne souffle pas toujours. Pour le solaire, c’est environ 30 GW également, soit 3 GW en équivalence avec un taux de capacité de 11 %, car le soleil se cache parfois. Cela fait environ 10 GW.On va baisser le nucléaire d’un équivalent de 12 réacteurs après démarrage de l’EPR et fermeture de Fessenheim, soit environ 10 GW. » Génial, ça colle parfaitement ! »

 

« Deuxième méthode : On veut faire passer la part du nucléaire de 75 % à 50 % du mix. Supposons qu’on soit à consommation constante. On baisse de 25 %.

Nous avons 58 réacteurs en service,  nous allons arrêter en arrêter 14. Il en restera 75 % du chiffre initial : moins 25 %. Bon sang ! Cela colle encore parfaitement ! »

« Finalement, je pencherais plutôt pour la première méthode. En effet, on trouve partout, dans les textes, qu’on « arrêtera du nucléaire en fonction de la montée en puissance des ENR… » Lorsqu’on lit les études sur la sécurité d’approvisionnement de RTE, seules études «officielles », on n’est pas vraiment rassurés.
Et la dernière partie de la phrase confirmerait mes craintes : l’arrêt du nucléaire serait juste un problème d’ignorance totale du sujet par les décideurs, considérant qu’un KW délivré de façon aléatoire et intermittente est équivalent à un KW pilotable à la demande. Ou qu’ils confondent KW et KWh.

Un doute m’assaille : dirigerait-on la France vers une catastrophe, juste parce que nos décideurs sont des littéraires post-modernes, considérant dépassé de tenir compte des contingences techniques ? Nous sommes effectivement dans le monde des « éléments de langage » et des « narratifs ». Le narratif : « on arrête le nucléaire au fur et à mesure de l’augmentation des ENR » est simple, compréhensible par tous, donc satisfaisant pour l’esprit. Peu importe qu’il soit une fable.
Réveillez-moi de ce cauchemar. »

Commentaire : rien à ajouter , vraiment rien. Parfaitement expliqué et tout à fait vraisemblable ; et vraiment, de quoi cauchemarder !

Et pour cauchemarder un peu plus, et se rendre encore davantage compte de l’absurdité de la PPE actuelle, on peut se ramener à une tribune précédente du même Michel Negynas, également sur contrepoint :

Michel Negynas : « L’arithmétique est sans pitié pour le programme énergétique français

Extraits ( pour l’article entier, se reporter ci-dessus) :

« Il est programmé de multiplier par trois l’éolien et par cinq le photovoltaïque, soit de passer à environ 90 GW d’énergie intermittente et aléatoire. La loi sur l’énergie et le climat prévoit :
1) la fermeture des centrales au charbon en 2022 ; 2) l’arrêt de 14 réacteurs nucléaires d’ici 2035… »
« Par ailleurs, il est programmé de multiplier par trois l’éolien et par cinq le photovoltaïque, soit de passer à environ 90 GW d’énergie intermittente et aléatoire…

Qu’en est-il à la pointe de consommation, en hiver, avec le programme qui vient d’être voté ?

La situation actuelle de la production française, dont pilotable, est la suivante : nucléaire : 63 GW ;           charbon : 3 GW ; fioul : 3 GW (pour mémoire, plus rien n’est vraiment opérationnel ; gaz : 12 GW ; hydraulique : 25 GW, (mais 15 GW vraiment mobilisables en même temps) ; éolien : 16 GW ; solaire : 9 GW ; bio énergie : 2 GW (bois et méthanisation)
La consommation à la pointe a atteint un record en 2012 à 102 GW. En 2018 elle a été de 96 GW.
Or, il y a des jours sans vent en hiver, et même très souvent. On peut parfaitement le constater sur le site eCO2mix de RTE. Par exemple :
le 11 décembre 2018 : l’éolien était à 486 MW pour 15 000 MW installés
le 27 décembre 2018 : 209 MW
le 20/01 2019 : 693 MW
le 21/02 2019 :  269 MW (cette situation a duré deux jours complets).

Quelle sera la situation en 2022 : la pointe ne changera guère en si peu de temps, prenons la à 95 GW ; la capacité disponible à la pointe sera, en tenant compte de la disponibilité des installations (95 % de taux de marche pour les centrales classiques) de 88 GW.


Donc dès 2022 on ne passe pas les soirs sans vent. C’est d’ailleurs ce qu’a plus ou moins laissé entendre RTE, le Réseau de Transport de l’Électricité, filiale d’EDF. Mais sans trop le dire.
Comment l’État peut-il être aussi irresponsable ? Il semble qu’une des raisons est que la loi oblige RTE dans ses calculs à prendre non pas une sécurité absolue pour l’approvisionnement (c’est-à-dire avoir une capacité mobilisable bêtement égale à une prévision de consommation) mais une approche probabiliste ; pour simplifier, n’être en rupture que dans 10 % des cas… »

Et en 2035 ?

« Comment va-t-on passer a priori l’arrêt de 12 réacteurs supplémentaires après Fessenheim, soit 10 GW ?
Dans 15 ans, on n’aura pas d’EPR supplémentaires, car aucun n’est décidé actuellement, et même si une décision est prise dans quelques années, les délais d’autorisation vont traîner en longueur.
Il n’y aura pas plus de vent et de soleil en hiver
Nos voisins font les mêmes programmes, voire pire (NB et même nettement pire dans le cas de l’Allemagne !), on ne peut compter sur eux

La capacité sera alors de l’ordre de 80 GW. Comment baisser la pointe à cette valeur, sachant qu’on va privilégier le vecteur électricité chaque fois que c’est possible ? » 

Examinons les solutions


« 1)  Installer 10 GW de centrales à gaz power to power (via bio méthane, méthane de synthèse, ou hydrogène) avec stockage associé capable de fournir pendant deux jours. C’est plus ou moins le principe du programme Negawatt (assorti d’une baisse de consommation de moitié !!!). Mais les technologies n’en sont qu’au stade de pilote, et les rendements attendus sont tellement faibles que le coût sera exorbitant avec des impacts environnementaux très négatifs. Et la disponibilité de la ressource (biomasse) est sujette à caution. En aucun cas cela ne pourra être opérationnel dans 15 ans, si même c’est faisable un jour. »
2) Installer en catastrophe 10 GW de centrales à gaz, alimentées en gaz russe ou qatari.
3) Baisser la pointe malgré des besoins en forte croissance : faire de la France un désert industriel. Il est vrai que c’est bien engagé ; utiliser les compteurs Linky pour organiser une pénurie tournante, via des algorithmes de tirage au sort ?  En tant que particuliers, acheter un petit groupe électrogène diesel

Commentaire : Pas mieux pour démontrer l’absurdité de la PPE et de la fermeture de centrales nucléaires en état de marche, une absurdité écologique, sociale, économique, technique, climatique et pour l’indépendance nationale et un gaspillage innommable du patrimoine collectif des Français,

Et le black out annoncé, on s’en rapproche déjà ! Lundi 7 octobre 2019…

« L'incident a été discret et rapidement circonscrit, mais ce lundi 7 octobre le système électrique français a été mis à rude épreuve. Faute de production suffisante, le gestionnaire du réseau de transport d'électricité (RTE) qui doit assurer un équilibre permanent entre l'offre et la demande , a dû débrancher en urgence 21 sites de production industriels aux alentours de 21 heures. Créé dans le cadre de la loi NOME de 2011, ce dispositif dit « d'interruptibilité » permet de déconnecter en quelques secondes des usines fortement consommatrices d'électricité, volontaires et rémunérées pour cela, afin d'éviter le risque de « black-out ». Jusqu'ici, le mécanisme n'avait été actionné qu'une seule fois, le 10 janvier dernier, lorsqu'un problème de mesure sur les lignes connectant l'Allemagne et l'Autriche avait mis en risque le réseau électrique européen. Arrêt inopiné d'une turbine à Gravelines En cause cette fois-ci selon RTE : l'arrêt inopiné de la production d'un réacteur d'EDF dans sa centrale de Gravelines. « L'indisponibilité à Gravelines lundi soir a fait chuter la fréquence sur le réseau français à un moment critique car en fin de journée, on observe traditionnellement une baisse de la consommation », explique RTE. Chez EDF, on précise que l'arrêt à Gravelines n'est pas lié à un problème sur l'un de ses réacteurs nucléaires mais sur une turbine qui a été déconnectée du réseau et remise en service à 7 heures mardi matin. « L'unité de production a été déconnectée afin de réaliser une opération de maintenance sur le circuit secondaire, situé en partie non nucléaire de l'installation »

Un seul réacteur nucléaire vous manque, et tout s’éteint ! Les électrointensifs effacés, mais bientôt aussi les particuliers !

Bou Dieu, et ils vont fermer Fessenheim. C’est sûr, on passera pas l’hiver !


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