Génériques :
le coup de la tribu indienne
Les laboratoires
Allergan, astucieux et innovateurs, disposent de plusieurs pépites dont le
Restasis, traitement contre la sécheresse oculaire. Seulement, son brevet est
expiré et des producteurs de génériques, et pas parmi les plus petits, ont
décidé de prendre leur part du gâteau et demandé à l’US patent office de les
autoriser à commercialiser un générique de Restasis. Il existe pour cela une
procédure administrative accélérée justement introduite il y a quelques années
pour faciliter le développement des génériques – auparavant, les contestations
entre inventeurs et génériqueurs passant par la justice civile, avec nombreux
recours possibles, ce qui ralentissait d’autant l’introduction des génériques,
et, en matière de coût, pouvait être assez dissuasif.
Alleluia, les avocats
américains sont grandioses et d’une inventivité sans limite, pour laquelle ils
sont grassement payés. Ceux d’Allergan
ont imaginé transférer les droits de leur médicament-tirelire à une tribune
indienne, la tribu St. Regis Mohawk, qui va certainement devenir célèbre.
L'accord prévoit le paiement à la tribu indienne de $13.5m auxquels vont
s’ajouter $15m pa en royalties, jusqu’à à l’échéance du brevet prévue pour
2024, Allergan conservant bien sûr la plus grande partie des revenus. La
raison : les tribus indiennes ne peuvent en aucun cas être justifiable
d’une justice administrative, et seule reste ouverte la voie civile lente et
coûteuse à ceux qui voudraient produire un générique de Restasis.
L’intérêt des patients,
du système de santé, de la recherche scientifique ??? Les lawyers d’abord.
T les actionnaires, l’exploit juridique ayant été comme de juste salué par une
montée immédiate de 2.5% du cours d‘Allergan
Les
actions disparues de deux chercheurs français
C’est sous ce titre que Le Monde du 15 septembre 2017 raconte
l’a triste histoire, en fait la spoliation, de deux chercheurs français, Gilles
Gosselin et Jean-Kouis Imbert, fondateurs de la société Idenix qui a inventé et
mis sur le marché un antiviral efficace contre l’hépatite B, la telbivuldine.
En 2014, l’entrepris et son médicament vedette sont rachetés par Merck pour 3,8
milliards de dollars ; la part des inventeurs fondateurs devaient se
monter à 13.7 millions ; un beau succès.
La retraite approchant,
en 2012, M. Gosselin, qui travaillait au CNRS s’enquiert de ses actions qui
étaitent sous la garde d’une société américaine, Computershare..qui annonce
qu’elle ne les a plus. Elle les a, sans aucune information, transféré à l’état
du Delaware. Ce paradis fiscal intra américain a néanmoins une particularité
malheureuse ; si pendant trois ans,
des actionnaires possédant des actions au Delaware n’ont ni vendu
d’actions, ni touché de dividende, et ne répondent pas à un simple mel qu’ils
peuvent très bien n’avoir jamais réçu ( car l’Etat fait peu d’effort pour les
retrouver), leurs actions sont considérées en déshérence et vendues par le
Delaware à son profit.
Et c’est ainsi que les
fondateurs d’Idenix se sont trouvée dépouillés de la plus grande partie de leur
pactole, et la France pillée à peu de frais de son patrimoine intellectuel.
Ethique :
manipulations sur l’embryon humain aux USA
La nouvelle technologie
CRISPR_CAS9 permet de manipuler efficacement l’ADN. Le monde s’est effaré lorsque
des chercheurs chinois ont oublié la première tentative de correction d’un gène
dans un embryon humain par cette technique- une anomalie génétique concernant
la forme des globules rouges. En fait, le résultat fut plutôt négatif ;
des insertions non désirées, des embryons mosaïques dont seules certaines
cellules étaient corrigées.
Le monde n‘a pas dit grand
chose lorsque des scientifiques américains (Mitalipov, Portland) ont effectuée
également des manipulations sur embryons humains pour corriger des gènes
défectueux MYPBPC3 responsables de malformations cardiaques, source majeures de
mort subite de sujets jeunes. Mieux conçue, pratiqué à un stade plus précoce l’expérience
a été beaucoup plus convaincante : 36 embryons génétiquement modifiés sur
54. Les embryons se sont développés normalement pendant quelques jours puis ont
été détruits pour analyse. Reste un mystère incompréhensible à ce jour et qui
jette un sérieux doute : le gène correct inséré et remplaçant le gène défectueux
ne provient pas du gène artificiel, mais de l’ovocyte ( la mutation anormale
était portée par le spermatozoide) ; et aussi le fait que la technique
employée a pu provoquer de larges délétions en d’autres points du génome, ce
qui n’a pas été vérifié.
Américains comme Chinois
n’ont pas signé le protocole d’Oviedo, et, aux USA, la manipulation d’embryons
humains n’est interdite que sur financement fédéral. On peut se demander quel
peut bien être le bénéfice des manipulations génétiques sur embryons humains,
compte tenu du risque – et plus généralement des risques étiques- par rapport à
une fécondation artificielle après diagnostic préimplantatoire ?
Trois exemples montrant
que les Etats-Unis élaborent leur droit sans aucun souci de la communauté internationale,
et à leur profit, et qu’en fait ils l’imposent aux autres, et dans leur intérêt
exclusif.. Je consacrerai un prochain blog à un exemple encore plus scandaleux
et dangereux, l'extraterritorialité de la législation américaine et comment en
particulier dans le cas de l’International
Emergency Economic Powers Act, elle
est utilisée pour un véritable impérialisme économique, comme l’illustre le
rapt d’Alstom par General Electric.
La Communauté Européenne veut prouver son
utilité : elle ferait bien de le faire rapidement, avant que les peuples
ne l’envoient balader. Et de le faire en créant un droit européen qui nous
protège réellement de l’impérialisme américain à forme juridique et de leur far
west législatif.
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