L’actualité des astéroïdes :
Florence, TC4 et les Taurides
En octobre 2017 s’est tenu en France, à Toulouse, à la Cité de l’Espace,
qui fête ses vingt ans, la trentième édition du Congrès mondial des astronautes-
né d’ailleurs en France en 1985. Organisé par l'Association des explorateurs de
l'espace (ASE) qui regroupe tous les hommes et femmes ayant effectué au moins une orbite terrestre
dans l'espace. 100 membres
de l'association étaient présents : des
"anciens" comme Owen Garriott qui a volé au début des années 1970
dans la première station spatiale américaine Skylab, le Russe Alexander
Ivantchenkov ou Jean-Loup Chrétien, premier Français à être allé dans l'espace,
Michel Tognini, l’un des organisateurs, Julie Payette, la nouvelle Gouverneure
générale du Canada, Claudie Haigneré, ancienne ministre, et des nouveaux (Thomas
Pesquet), le Japonais Soichi Noguchi- en revanche les taikonautes chinois n’ont
pu venir pour cause de Congrès du PCC- ils figurent parmi ses représentants.
Les sujets abordés : la conquête de Mars, la fragilité de la terre
vue du Ciel, et, à mon avis, le plus intéressant, la menace des astéroïdes.
Un astéroïde est un morceau de roche qui voyage dans l'espace et
tourne autour du Soleil. Ils peuvent mesurer entre quelques dizaines de mètres
et atteindre 1 000 km. Il en existerait des millions dans notre seul système
solaire. Il s'agit de corps rocheux, résidus d'une planète non formée gravitant
notamment entre Mars et Jupiter. Compte tenu des perturbations
gravitationnelles qui peuvent s'opérer, certains d'entre eux peuvent prendre
des trajectoires s'approchant de la Terre. On parle alors d'astéroïdes géocroiseurs qui se rapprochent de la Terre.
Deux géocroiseurs se sont manifestés récemment à notre attention.
Début septembre, (3122) Florence s’est approché à sept millions de kilomètres
de la Terre. Florence, nommée ainsi ( on se demande bien pourquoi) en hommage à
Florence Nighttinghale est, avec un diamètre moyen de 4,35 kilomètres l’’un des
plus gros astéroïdes dits géocroiseurs évoluant à proximité de notre planète et
est classé «potentiellement dangereux»
en raison de son orbite et de sa taille. Il a été découvert assez récemment en
mars 1981 en Australie. Florence ne devrait pas revenir à proximité de la Terre
avant octobre 2024, ni s’en approcher autant avant 2500, selon les
scientifiques. Ouf !
Rebelotte début octobre, avec 2012 TC4, plus petit, de la taille d’une maison, mais
qui est passé le jeudi 12 octobre à seulement 44 000 kilomètres de la Terre, c’est
–à-dire dans notre proche banlieue- la plupart des satellites sont à 36 000 km
de la Terre. Cette fois ci, il ne
présentera «pas de danger», précise l’Agence spatiale européenne (ESA), mais
«il va passer sacrément près, Il s’en faut donc vraiment de peu», reconnaît
Rolf Densing, Directeur opérationnel de l’ESA.
2012 TC4, comme son nom l’indique, n’a été découvert qu’en
2012. Sa vitesse était alors de 14
kilomètres par seconde et sa taille, évaluée entre 15 et 30 mètres, est comparable
au météore de Tcheliabinsk qui s’est désintégré dans le ciel de cette ville
russe le 15 février 2013, causant environ 1300 blessés.» L’énergie dégagée
était l’équivalent de 35 fois la bombe
d’Hiroshima.
Enfin des chercheurs tchèques ont récemment annoncé (07/06/17) et publié dans Astronomy
& Astrophysics,
la découverte d’un courant météoritique supplémentaire dans l'essaim, déjà
connu, des Taurides. Parmi les
innombrables corpuscules qui le composent, certains seraient des blocs mesurant
plusieurs dizaines à centaines de mètres (deux au moins auraient plus de cent
mères, ce qui n'est pas sans inquiéter. En effet, puisque leurs orbites croisent fréquemment celle de la Terre (plusieurs
semaines par an !), ils pourraient éventuellement causer des dégâts planétaires
si l'un d'eux se trouve être sur une trajectoire de collision. En fait disent
les astronomes tchèques, il est
envisageable qu’il existe dans cette nouvelle branche des Taurides un nombre
assez importants de gros astéroïdes, du genre que l'on n'aimerait pas voir
s’écraser sur la Terre... Mais, comme toujours, ces corps sont sombres et
froids, ce qui les rend difficiles à détecter. » Combien sont-ils
exactement à être passés entre les mailles de nos filets ? Une poignée ou
plusieurs dizaines ? Pour le savoir, les auteurs appellent à poursuivre les
recherches sur ce courant des Taurides.
L’ère de la défense planétaire : l’
Europe a dit non
La
menace des astéroïdes est tout ce qu’il y a de plus certaine, et sans doute
sous-estimée. La Recherche, dans un
numéro spécial consacré au système solaire (sept 2017) le rappelle : Tous
les cent millions d’années, un corps d’environ 10 km de diamètre nous percute
et provoque la disparition de quasiment toutes les espèces vivantes celle des dinosaures, il y a 66 millions d’année).
Tous les 500.000 ans, un astéroïde de 1 km de diamètre nous percute et cause un
catastrophe globale (tremblements de terres, changements climatiques)., Tous
les 50.000 ans, c’est un astéroïde de 140 m de diamètre qui nous percute – c’est
le seuil de catastrophe à l’échelle d’un pays. Tous les mille ans, c’est un
corps de 50 mètres- en 1908, un corps de cette taille a pulvérisé 2000 km2 de
forêt en Sibérie, près de la rivière Tougounska. Chaque siècle, c’est un corps
de 15 à 20 mètres qui tombe - le 15 février 2013, à Tcheliabinsk, un millier de
blessés, une énergie équivalent à 35 bombes d’Hiroshima).
En ce
qui concerne nos connaissances, on estime que le nombre de géocroiseurs de
diamètre supérieur à 1km est d’environ mille et que 90% sont connus ; mais
pour ceux dont le diamètre est supérieur à 140 mètres, le nombre est estimé à
25.000 dont nous ne connaissons qu’un quart. La Nasa, qui est la seule à avoir
un vrai programme sur les astéroïdes, s’est vu donner comme mission par le
Congrès d’en identifier 90% d’ici à 2020. C’est pas gagné.
Par ailleurs,
les Américains sont les seuls, avec la mission DART
(Double Asteroid Redirection Test), annoncée en juin 2017 à s’être donné pour
bit de tester une intervention possible pour détourner un astéroïde dangereux :
en 2022, un impacteur s'écrasera sur Didymos B, un astéroïde de 170m de
diamètre jugé potentiellement dangereux pour la Terre. L’expérience devrait
permettre d’apporter une première réponse à une question qui taraude de plus en
plus les scientifiques : que faire si un objet céleste nous fonce délibérément
dessus ? Proposée en 2016 à l’Agence Européenne de l’Espace, une contribution
européenne d’observation à cette mission, pourtant essentielle a été refusée,
et cela handicape l’évaluation du projet américain ; l’Europe égale à
elle-même, telle qu’on aime la détester.
Entrée dans l’ère de la défense planétaire : l’Europe a dit non.
Et pourtant, les astéroïdes représentent une menace
certaine pour nos civilisations et pour l’Humanité. Le grand projet cartésien (« nous
rendre comme maître et possesseur du monde) qui nous a permis d’échapper à tant de fatalités considérées comme naturelles
nous invite à refuser celle-là aussi. C’est tout de même un enjeu qui parait
plus important que d’aller sur Mars. La Nasa, la Russie, fière de son grand
passé spatial et grâce à qui la station spatiale continue à fonctionner, la
Chine et ses nouvelles ambitions, l’Inde, toutes les nations à capacités
spatiales doivent se mobiliser pour cette défense planétaire. Et l’Europe et la
France également, quand la déraison européenne aura cessé.
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