Les
camionneurs en révolte – les mauvaises surprises des ordonnances Macrons
Ouf
après une première grève en mi-teinte ? Sauf que la rencontre jeudi soir
entre les syndicats de routiers et la ministre des Transports Elisabeth Borne a été “très tendue” et
surtout pleine de mauvaises surprises au point que les syndicats de routiers sont sortis hier
soir “effarés” de leur réunion.
C’est
ainsi que les syndicats présents (CFDT, CGT, FO, CFTC, CFE-CGC) ont appris
que les ordonnances permettront aux
entreprises de remettre en cause toutes
les primes : frais de route, primes
d’ancienneté ou encore le treizième mois, jusqu’alors garantis par les conventions
collectives. Les frais de route en
particulier représentent pour les conducteurs zone longues, qui ont le plus de
frais (entre 600 et 1200 euros par mois,
selon le syndicat FO).
La
ministre des Transports a “pris acte” du fait que “de nouveaux sujets sont
apparus lors de la discussion”. “Ces sujets vont être expertisés, et le
dialogue doit se poursuivre dans un esprit constructif et responsable.
Autrement
dit, les routiers, dont les entreprises sont soumises à rude concurrence, se
révoltent avec raison contre la très forte probabilité d’un dumping social qui
conduiraient leurs patrons, sous prétexte de concurrence et de compétitivité, à remettre en cause une partie importante
de leur salaire.
Comment
cela se terminera-t-il ? Parions qu’un accord pourra être trouvé dans ce
cas particulier, tant les camionneurs possèdent, s’ils le veulent vraiment, les
moyens de se faire entendre.
Reste qu’avec
la diminution du rôle des branches, les autres professions qui ne disposent pas
des mêmes moyens de pression pourraient voir diminuer significativement leurs salaires
par le mécanisme infernal de dumping social qui a été mis en place avec les
ordonnances scélérates.
Tromperies
sur les ordonnances_ un article de Phlippe Askenazy
Philippe Askenazy,
économiste à l’Ecole d’économie de Paris, qui ne peut guère passer pour un mélenchoniste,
critique les ordonnances scélérates dans un article du Monde (28 septembre) clairement intitulé : beaucoup de
points ne correspondent pas à ce qui était annoncé.
Extraits : « Le programme annonçait une «
simplification » du droit. Or les ordonnances font 160 pages et sont très
difficiles à comprendre, non seulement pour un chef d’entreprise – qui, par
conséquent, ne réagit que par rapport à « ce qu’on en dit » dans les médias, et
non par rapport au texte lui-même –, mais
aussi pour les juristes. Tous n’ont pas la même interprétation de certains
points, ce qui risque d’aboutir à de nombreux contentieux, qui ne seront
tranchés que par la jurisprudence et la Cour de cassation. Ensuite, beaucoup
d’éléments majeurs sont renvoyés aux décrets. »
« La
promesse de la « flexisécurité » était de réduire le risque pour les salariés,
en fixant un plancher d’indemnités prud’homales, et pour les employeurs, en
fixant un plafond. A l’arrivée, il n’y a pratiquement que des plafonds,
d’ailleurs extrêmement bas : un mois de salaire si le salarié a moins d’un an
d’ancienneté (et il n’y a pas de plancher), deux mois pour un à deux ans (le
plancher est d’un demi-mois)… La faiblesse des plafonds dissuadera de nombreux
salariés de faire valoir leurs droits. Et plus d’employeurs risquent de céder
aux avantages des licenciements abusifs… »
« On trouve même au
détour d’une ligne une incroyable mesquinerie : alors que les femmes
licenciées au retour d’un congé de maternité « bénéficiaient »
auparavant d’un surplafond d’indemnités de douze mois, celui-ci est ramené à
six mois »
Le programme portait la
perspective d’un nouveau syndicalisme particulièrement dans les PME… Or dans les ordonnances, on a tout à fait
autre chose : un contournement des syndicats, voire leur disparition pure
et simple dans les entreprises de moins de 20 salariés…
Ce
qui prévaudra alors, c’est la défiance entre salariés et le dumping social
entre employeurs. Si les accords de branche ont été imposés entre 1945 et 1955,
ce n’était pas pour « protéger » les salariés mais aussi pour lutter
contre la concurrence déloyal entre entreprises du même secteur.
Et voilà pourquoi ces
ordonnances sont des ordonnances scélérates entrainant une régression sociale
sans
précédent.
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