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mercredi 1 novembre 2017

Glyphosate _faux et vrai scandale

Disons-le tout de suite pour éviter de mauvaises surprises à certains lecteurs, mais le vrai scandale est celui qui mènerait, par idéologie rétrograde, ignorance ou bêtise à interdire le plus efficace et le moins toxique des désherbants… de l’ aveu même de Nicolas Hulot

La grave crise de crédibilité… des publications de la recherche universitaire et publique

En 2011, la firme pharmaceutique Bayer s’est posée quelques questions sur le taux d’échec de ses projets de chimie médicinale. Trois chercheurs ont été mobilisés à plein temps pendant un an pour examiner 67 projets de recherche dans le domaine de l’oncologie, de la gynécologie et des maladies cardiovasculaires qui ont échoué, et ils ont tenté de reproduire les expériences fondamentales décrites dans la littérature scientifique qui avait incité Bayer à se lancer dans ces projets. Résultats : seulement 21%  de ces expériences ont pu être entièrement reproduites et 11% partiellement ; en d’autres termes, les deux tiers de ces expériences n’ont absolument pas pu être reproduites. Peu après, des chercheurs d’Amgen ont effectué le même type d’analyse sur 53 expériences ayant servi à lancer des recherches précliniques dans le domaine du cancer : seulement 11 ont pu être reproduites.
De sorte que les firmes pharmaceutiques pourraient à bon droit poursuivent un certain nombre d’Universités ou centres publics de recherche !
Il existe donc une véritable crise de reproductibilité et de confiance dans les publications issues du domaine public et l’on en connait les raisons : la pression du publish or perish , pour obtenir des crédits ou une bonne évaluation, les faibles chances de se faire prendre, la faiblesse des sanctions, l’affaiblissement du niveau général d’éthique face à la valorisation du profit rapide et immédiat. Il faudra vraiment s’y attaquer, « on ne se contentant pas d’épingler tel ou tel thèsard ou jeune chercheur, car la responsabilité est bien plus haute et systémique, qui consiste à mettre en place un management par objectifs basé sur des indices, qui ne peut être qu’une véritable incitation à la triche, avec une compétition de plus en plus acharnée dans la triche, intrinsèquement pervers, et dont la perversité intrinsèque s’apparente de très près aux fameux objectifs des ex gosplan de l’ex-URSS.
A l’inverse, les expériences décrites par les industriels du médicament, reprises dans les dossiers d’autorisation de mise sur le marché sont heureusement  beaucoup plus fiables et soumise à des critères statistiques de significabilité. Pour une raison simple : toute triche, même simple « oubli » de résultats défavorables peut leur coûter très cher, et cela s’est déjà produit.

Un cancérigène assez improbable sauf pour la communication du CIRC

Alors lorsqu’on m’explique que c’est un scandale que les études des scientifiques de  Monsanto sur le glyphosate  soient reprises dans le dossier d’évaluation de l’Agence Européenne, non, mille fois non, il n’y a rien là de scandaleux. Il suffit simplement de savoir si elles ont été menées selon les bonnes pratiques en viguier, et si elles sont pertinentes. Si oui, il est normal qu’elles soient reprises dans le dossier d’évaluation.
Un autre problème est de savoir si elles sont suffisantes. Et là, c’est le rôle des agences  d’évaluation, des pouvoirs publics, des experts de le dire, et de déterminer quelles études complémentaires sont éventuellement nécessaires.
Une agence de l’OMS, le CIRC, a classé le glyphosate en cancérogène probable. Probable, ce n’est pas avéré, et compte-tenu du fait que le glyphosate est utilisé depuis longtemps, le moins qu’on puisse dire est que sa toxicité est loin d’être établie. Mais il y a aussi ceci : le CIRC est particulièrement connu pour ses déclarations fracassantes  (la viande rouge comme probablement cancérogène). En bref, comme la NASA et beaucoup d’agences publiques avant chaque  renouvellement de leur budget, le CIRC annonce se doit de faire une annonce spectaculaire qui fera grand bruit.
En France, l’ANSES (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail), et malgré toute la pression médiatique, le moins qu’on pusse dire est qu’elle prende quand même ses distances avec le CIRC : « L'analyse a été menée pour tenter d'expliquer les conclusions divergentes du BfR et de l’EFSA avec celles du CIRC. Ces divergences s’expliquent en termes de critères de sélection des études retenues et de méthodologie d’établissement du niveau de preuve final… le niveau de preuve de cancérogénicité chez l’animal et chez l’homme est considéré comme relativement limité et ne permet pas de proposer un classement 1A ou 1B (cancérogène avéré ou présumé pour l'être humain) dans le cadre de l’application des critères du règlement(CE) n° 1272/2008 (CLP) ; au vu du niveau de preuve limité, la classification en catégorie 2 (substances suspectées d'être cancérogènes pour l'homme, CLP) peut se discuter, sans que l’Agence ne puisse se prononcer en l’absence d’une analyse détaillée de l’ensemble des études. » Par ailleurs, l’ANSES pointe un risque possible lié à la combinaison du glyphosate avec certains  co-formulants tels la tallowamine.

Le glyphosate. Pouquoi s’en passer ?

Poursuivons donc des études si elles apparaissent utiles, ou imposons-les à Monsanto ( dont le comportement mentionné par les Monsanto papers peut apparaître détestable ( mais Le Monde du 5 octobre qui leur consacre une double page se discrédite en tentant de réhabiliter le Pr Séralini).
Il y a eu peu d’écho à l’interview pourtant décapante de Nicolas Hulot dans Le Monde du 28 octobre « Il faut que l’on se fixe l’objectif de sortir du glyphosate durant ce quinquennat. Il n’y a pas d’alternatives chimiques, car il n’y a pas pour l’instant de molécules qui soit aussi efficace et moins toxique que le glyphosate. Les alternatives, ce sont le biocontrôle (en recourant à des organismes vivants) et le choix de pratiques agricoles respectueuses de l’environnement »
M. Hulot, merci de cet aveu. Le glyphosate est l’instrument de contrôle des mauvaises herbes (les pestes !) le plus efficace et le moins toxique. Malgré toutes les études qui ont été menées, malgré une utilisation massive et s’étalant sur une longue période, rien n ‘a pu mettre en évidence sa toxicité, et même l’organisme le plus enclin à la publicité tapageuse ( le CIRC) n’a pu le ranger que dans la catégorie des « cancérogènes probables » ( et plutôt improbables pour l’instant). Tout remplacement par une substance existante serait un retour en arrière qui mettrait davantage en danger la santé des agriculteurs et des consommateurs et réduirait encore plus les cultivateurs à la misère ( eh oui, l’efficacité du glyphosate fait la différence entre une exploitation bénéficiaire ou en déficit.

Et c’est par idéologie, la plus rétrograde, la plus bête, la plus inapte scientifiquement), par la manipulation des peurs que certains voudraient imposer un retour en arrière sans précédent. Eh bien tiens ! C’est Mao qui avait raison ! pour tous les écolos qui veulent la fin du glyphosate, et ceux qui les suivent par bêtise ou ignorance, séjour obligatoire à la campagne à la campagne pour désherber à la main

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