Que ferons-nous sans électricité ? la France dans le noir
Le 14 novembre 2017, une
gigantesque panne privait la moitiè des Corses d’électricité. Elle provenait du
déclenchement intempestif d'une alarme incendie dans la centrale thermique de
Lucciana" (15km de Bastia), qui a provoqué immédiatement une importante
réaction en cascade. Le réseau électrique corse s'est retrouvé amputé des deux
tiers de sa production actuelle. La situation a pu être rapidement rétablie,
mais c’est une illustration de l’extrême fragilité du réseau à laquelle a
conduit le développement anarchique et mal maitrisé des énergies
prétendument renouvelables au détriment du
nucléaire.
Les raisons, elles en sont très
bien expliquées dans un petit livre lumineux et nécessaire d’un ancien cadre
important d’EDF, M. Hervé
Machenaud : la France dans le Noir- les Belles Lettres). Je
consacrerai plusieurs billets à ce livre et à ses arguments, en fonction de
l’actualité- lecteur éventuel, que cela ne vous empêche de l’acheter, M.
Machenaud a une autre autorité que moi et s’exprime avec beaucoup plus de
pertinence et de netteté.
M. Machenaud rappelle l’extraordinaire
succès qu’a été l’équipement électrique de la France et incidemment l’époque
pas si lointaine ou chacun avait chez soi quelques chandelles pour suppléer à
une panne d’éclairage laquelle ne manquait pas d’arriver quelques fois dans
l’année. Mais nous n’en sommes plus là : Extrait :
« Imaginons-nous vivre ne
serait –ce qu’une journée et une nuit sans lumière électrique, sans chauffage,
sans eau chaude, sans réfrigérateur, sans congélateur et sans
micro-ondes ? Sans ordinateur, sans téléphone, sans connexion internet,
sans e-mails,… Récemment, au centre de Paris, des milliers de personnes ont
attendu rois heures devant le digicode de leur immeuble avant que l’électricité
soit rétablie. Encore ont-ils eu la chance que cet incident se soit produit en
avril et pas en février. Même s’ils avaitent pu entrer, ils auraient eu le
choix entre attendre devant l’ascenseur
ou monter pied par l(escalier de
service, dans le noir, les dix étages leur permettant d’atteindre leur appartement.
N’espérez pas vous réfugier au restaurant pu à l’hôtel ; sans électricité,
il n’y a plus ni éclairage public, ni métro, ni train, ni service
d’aéroport… »
Nos sociétés sont à la fois
devenues extrêmement fragiles et dépendantes à l’électricité ( et ne pensons
même pas à tous les patients appareillés pour lesquels l’énergie électrique est
vitale, aux éleveurs dont une panne peut tuer leurs animaux et leur
exploitation) et, en même temps, ormule très macronienne, nous avons tout fait pour la catastrophe
arrive.
Nous avons tout fait pour la catastrophe arrive- un réseau fragilisé
« Le développement incontrôlé d’énergies éoliennes et solaires massivement subventionnées,
dans un marché déjà surcapacitaire conduit les producteurs historiques à la
faillite… » Au fantasme du tout renouvelable s’ajoute, aussi pernicieux,
celui du tout marché »
« Au risque d’être
provoquant, on se doit de dire qu’en période hivernale, la production des
éoliennes est quasi-nulle et celle des installations solaires pas beaucoup plus
élevée. La volonté de verdir le parc électrique français est surement respectable,
mais notons immédiatement ses limites : au moment où la France a le plus
besoin d’électricité, elle reste tributaire de ses équipement énergétiques
traditionnels »
Eh oui, il faut pouvoir suppléer
à l’intermittence du solaire et de l’éolien ; et vive alors le nucléaire,
car sinon, c’est le gaz ou le charbon qu’il faut relancer comme l’Allemagne, au
mépris de l’enjeu écologique majeur qu’est le réchauffement climatique.
Les subventions massives du
solaire et de l’éolien ont conduit à un sous-investissement dans le
nucléaire ; on ne peut demander à EDF d’acheter très cher l’énergie
renouvelable, de lui accorder la priorité sur le réseau, de la revendre à un
coût qui rend le nucléaire peu rentable, de faire des bénéfices et ce qui est
le plus important, d’assurer la sécurité d’approvisionnement électrique. Au-delà d’un certain pourcentage d’énergies renouvelables
intermittentes, le réseau est trop fragile et ne peut que s’effondrer- la
seule question est quand, et la réponse est : forcément à un moment où
nous aurons le plus besoin d’électricité.
La catastrophe est annoncée, et
la Corse est l’avenir de la France- sauf que ce sera plus grave, plus long et
sur autre échelle. Comme l’écrit M. Machenaud, c’est le résultat de deux
idéologies que les faits scientifiques de base auraient dû suffire à
condamner : le tout renouvelable et le tout-marché.
Et c’est pourquoi la décision de
M. Hulot de prolonger le nucléaire ne constitue qu’un début de retour à la
réalité physique, la réalité s’imposant à un écologiste engagé certes, mais
courageux. Il a commencé à dire la vérité, pourvu qu’il ne soit pas exécuté
(politiquement)
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