Le défi industriel derrière le fantasme de la généralisation du
véhicule électrique
Suivons toujours La France dans le Noir de Hervé
Machenaud (Les Belles Lettres), c’est
un guide sûr. « A-t-on une idée du défi industriel derrière le fantasme de
la généralisation du véhicule électrique ? A ce jour, une des technologies
les plus avancées (à quel prix !) celle de Tesla permet avec une batterie
de 500 kg ½ tonne, une autonomie de 500
kM ? Le temps de recharge est de 20 minutes à partir de bornes de fortes
puissances (quelques centaines en France) ou quinze heures à partir d’une recharge domestique.
Comment imagine-t-on de généraliser la recharge à domicile ?
Comment feront les gens qui habitent dans les immeubles des grandes villes et
leur banlieue ? Ils auront tous un parking souterrain équipé, ou bien
devront-ils trouver une place dans le rue devant une borne de
stationnement ? A supposer que tous
les trottoirs de toutes les villes en soient pourvus, quel sera le pourcentage
de voitures qui pourront être rechargés pendant plus de douze
heures ?
Les pouvoirs publics visent 6 millions de
véhicules électriques à l’horizon 2030. Cela pourrait représenter une augmentation
de 30% de la demande de pointe. Le procès fait au chauffage électrique
responsable en France de la demande de pointe sera-t-il fait dans dix ans aux
véhicules électriques qui auront tous besoins d’être rechargés entre 19 heures
et 7 heures du matin ? Il faut une certaine candeur et pas un grand sens
des réalités pour diffuser l’idée à la mode que les six millions de voitures
pourront se recharger sur des bornes intelligentes, elles-mêmes équipées de batteries qui, chargées la journée, chargeront les véhicules
la nuit. A-t-on idée du poids de la taille, du coût d’une telle batterie ?
Dans chaque borne ? Sans parler de son propre temps de
chargement ! »
Analyse coûts et bénéfices des véhicules électriques : le
thermique toujours meilleur
Economie en CO2 ; ça dépend de la source de l’énergie
électrique !
Or justement, le CGDD (Commissariat Général au
Développement Durable) a publié cette année (2017) une « Analyse coûts et
bénéfices des véhicules électriques ».
https://www.ecologie.gouv.fr/sites/default/files/Th%C3%A9ma%20-%20Analyse%20co%C3%BBts%20b%C3%A9n%C3%A9fices%20des%20v%C3%A9hicules%20%C3%A9lectriques.pdf
En ce qui concerne le bilan
environnemental (suppression des émissions de polluants locaux en circulation
liés à la combustion, moindre bruit et très faibles émissions de CO2), la motorisation tout électrique permet de
réduire sensiblement les coûts : suppression des émissions de polluants locaux
en circulation liés à la combustion, moindre bruit (nul en milieu urbain très
dense), et très faibles émissions de CO2 (liées
à la production d’électricité qui sont faibles compte tenu du mix électrique
français).
Sauf que ce gain environnemental
de la motorisation électrique est. réduit par le coût environnemental de
production de la batterie. Et surtout, la
faiblesse des émissions en CO2 est intimement lié au mix électrique français
et ses 70% de nucléaire dans la production électrique. Conséquence : le contenu CO2 moyen en France de
l’électricité en 2013 est de 64 g de CO2 /kWh alors qu’il est de 486 g en
Allemagne ( où l’on voit l’effet de l’abandonnement scandaleux du nucléaire
allemand) et environ 270 au Royaume Uni, 290 en Italie, 220 en Espagne, 560 en
Pologne.
Conséquence de la
conséquence : en matière de CO2,
en usage mixte (c’est-à-dire non
intensivement urbain) le véhicule électrique est plus performant que le
véhicule thermique en France, mais pas en Allemagne (330 g), au Royaume-Uni (270 g),
en Italie (290 g) ou en Pologne (560 g). En 2020, le Véhiculé électrique sera cependant plus performant que le
véhicule thermique dans toutes les zones urbaines quel que soit le pays de
l’UE. Mais, même en 2050, en usage
mixte, le véhicule électrique serait
toujours moins performant que le thermique dans des pays comme l’Allemagne
(240 g CO2/kWh), l’Italie (230 g) ou la Pologne (400 g).
Coût pour l’utilisateur
En ce qui concerne le coût pour l’utilisateur, pour un usage
mixte, le véhicule thermique demeure
plus avantageux que le véhicule électrique. Ainsi par exemple le surcoût
socio-économique pour un VE en 2030 est de
7 000 euros sur la durée de vie de la voiture (et supérieur pour les autres
technologies et/ou pour 2020). Ce résultat s’explique par le fait que la
technologie électrique voit ses avantages compétitifs s’éroder du fait de
vitesses plus élevées (hausse des consommations par rapport au milieu urbain)
alors qu’au contraire le rendement du moteur des véhicules thermiques est
optimal autour de 80 km/h3, et du moindre coût environnemental dans les zones
moins peuplées. Ce phénomène est renforcé par une hypothèse de baisse annuelle
de plus de 2 % des consommations des véhicules thermiques. Par ailleurs, pour
rendre un service équivalent, le véhicule électrique considéré doit posséder
une grosse batterie d’une capacité de 50 kWh correspondant à une autonomie plus
importante (200 km). Cela implique davantage d’émissions de polluants et de
Gaz à Effet de Serre lors de la phase de
fabrication.
Et ajoutons encore ceci : le
Véhicule Electrique est pénalisé par un investissement relatif à l’installation de
bornes de recharge. Aux 7000 euros s’ajoutent donc une prise à domicile pour un coût de 600
euros et l’aménagement de places de
parking avec borne à destination (travail, études, commerces…) pour un coût de
2 000 euros, soit un surcoût total de l’ordre de 9 500 euros pour le
Véhicule électrique, sur sa durée de vie.
Et encore ces résultats sont très sensibles.
Une hypothèse alternative de 8 500 km au lieu de 16.000 par an conduit à un
surcoût pour le VE de plusieurs milliers d’euros. Moins on roule, moins le
véhicule électrique et intéressant.
Mise en garde de
Carlos Tavares . Merci Monsieur !
Au tsunami continu de la démagogie écologiste politique
surmontant les hautes eaux de l’ignorance scientifique et technique s’ajoute
l’irresponsabilité de certains industriels, prêts à tout pour faire leur cour
aux pouvoirs politiques et pour empocher toute subvention bonne à prendre- en
matière de voiture électrique se distingua Carlos Goshn, le multi patron
paranoïaque de Renault et Nissan. En
revanche, son ex bras droit et maintenant patron de Peugeot, Carlos Tavares, se
montra autrement plus critique à l’occasion du dernier salon de Francfort.
Extraits rapportés par La Tribune 13 septembre 2017 :
« Les constructeurs ainsi
que les autorités publiques auraient bien tort de faire de l'électromobilité
l'alpha et l'oméga d'une automobile écologiquement vertueuse….Qui aujourd'hui
est en train de se soucier de traiter de la question des mobilités propres dans
leur globalité ? Quelles solutions pour la fabrication de batteries, le
recyclage des batteries, l'exploitation mais également l'approvisionnement en
terres rares, la nature de la production d'électricité... Etc »,
Estimant que « l'emballement
autour de l'électromobilité risquait de revenir comme un boomerang au visage
des citoyens, Carlos Tavares a ironiquement imaginé sa position s'il devait
revenir dans dix ans avec l'électromobilité au banc des accusés, au même titre
que les moteurs thermiques aujourd'hui » ( il était ironique ou
inquiet ? l’inquiétude serait assez justifiée)
Carlos Tavares s’est aussi
inquiété du fait que les subventions publiques sur l'électromobilité ne
dureront pas éternellement, et qu’il en résultera un renchérissement du prix
des voitures, (qui deviendront moins abordables pour beaucoup) et une
concurrence chinoise accrue ( la Chine bénéficiant d’une géologie favorable
pour la production des batteries »
Merci, M. Tavares, vous avez plus fait pour la société que bien de vos
confrères aux déclarations écologistes tonitruantes- pourvu qu’il y ait des
subventions à toucher ! Cette remarque, toujours tirée de La France dans le noir, d’Hervé Machenaud ,
qui recoupe votre inquiétude : « Ce sont les industriels qui
porteront la responsabilité de ne pas avoir alerté les politiques, d’avoir mis
en œuvre leurs politiques, sans les avoir mis en garde contre leurs
conséquences »
Le tout électrique en matière de voiture ? Une absurdité
totale !
Bref, du point de vue écologique,
économique, sociétal, la voiture tout électrique ne peut se justifier qu’en
zone urbaine très dense, et encore à condition d’un programme extrêmement
couteux d’équipement de recharge, à condition même qu’il possible ( Mais
ou mettra-t-on toutes les voitures à recharger à Paris la nuit ????)…. Et
à condition de produire plus d’électricité décarbonnée, donc en particulier nucléaire…(parce
que le soleil, la nuit ?). M. Hulot, on
vous met une dizaine d’EPR de plus ???
Le tout électrique en matière de
voiture ? Une absurdité totale ! Lorsqu’enfin la simple rationalité l’emportera, le thermique
et les bio carburants- qu’il faudrait se résoudre enfin à produire en masse
auront de beaux jours devant eux…
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