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d’histoire en terminale S et simplification du bac : retour de la même
politique
J’avoue ne pas comprendre pourquoi M. Blanquer
bénéficie d’une telle indulgence de la part de personnalités qui n’ont cessé de
s’indigner de la dégradation de l’enseignement en France, telle Natacha Polony
à droite ou Jacques Julliard à gauche. Car enfin, M. Blanquer était directeur général de
l’enseignement scolaire de 2009 à 2012, soit le numéro 2 de l’Éducation
nationale auprès de Luc Chatel, à l’époque où a été mise en oeuvre cette
géniale idée de supprimer l’enseignement de l’’histoire en terminale
scientifique- lequel a été heureusement rétabli par François Hollande et
Vincent Peillon, même si c’est de façon insatisfaisante (avec
2h30 en première et 2h en terminale au lieu de 6 heures avant 2010 !!!)
Et
maintenant, M. Blanquer revient à la charge avec son projet de simplification
du Bac qui serait réduit à quatre épreuves. On voit bien que la politique de M.
Blanquer sous Macron est sur la même ligne que celle de M. Blanquer sous
Chatel, encore aggravée. Au lycée français, comme en Angleterre les élèves obtiendront
leur bac en quatre disciplines, deux majeures et deux mineures. Et ainsi l’on
aura des scientifiques qui ne connaîtront pas un mot de l’‘histoire ou de la littérature
de leur pays (pour ne pas parler de l’Europe et du monde), ou d’économie, et
des littéraires qui ignoreront tout des sciences de leur époque. Brillant !
C’est tout simplement l’abandon de toute l’ambition éducative républicaine !
M. Blanquer et l’histoire ;
un vieux conflit
Dans
le remarquable n° de novembre 2017 de la Revue
des Deux Mondes dont la thématique principale est l’enseignement de l’histoire,
Laurent Wetzel rappelle sans complaisance ce que fut l’action destructrice de
M. Blanquer en ce domaine sous les différents ministres qui se sont
succédés
Extraits :
« Au lycée, les programmes Blanquer demandent de mettre en œuvre une approche
thématique, synthétisée, globale, conceptuelle et problématisée ( !!!) au
détriment de tout parcours chronologique. Ainsi Depuis 2011, en première, les lycéens des séries
générales n’ont plus à étudier les grandes phases des deux conflits mondiaux et
et l’étude de la grande guerre est limitée à celle de l’expérience combattante
dans une guerre totale. L’historienne Annette Wieviorka s’est insurgée contre
cette présentation des guerres sans chronologie ni contexte »
« Dans
les programmes Blanquer pour la voie générale en première, le XXème siècle est
appelé le siècle des totalitarismes, mais n’y figurent ni la Chine depuis 49,
ni la Corée du nord, ni le Vietnam, ni Cuba, ni le Cambodge, ni le Laos »
« L’essentiel,
c’est par exemple l’’affirmation de l’islamisme sous ses différentes formes
comme fait majeur à partir de la fin des années 1970, question que M. Blanquer
a fait disparaître en 2011 de tous les programmes de terminale et l’essentiel
ce n‘est pas sport , mondialisation et géopolitique depuis les années 30, thème
que M. Blanquer avait inscrit en 2011. »
La haine de l’élitisme, la
fabrique de la docilité
Que veut-on à la fin ? Des
scientifiques idiots manifestant « une
désastreuse indifférence pour le cours général des affaires humaines, pourvu
qu’il y ait sans cesse des équations à résoudre et des épingles à fabriquer ».
(Auguste Comte, fustigeant la « spécialisation dispersive ?). Des
littéraires « se glorifiant systématiquement de leur ignorance
scientifique et philosophique, qu’ils tentent vainement d’élever en garanties
d’originalité (Auguste Comte, encore !), incapables de comprendre les
méthodes et résultats généraux des sciences et des techniques qui ont façonné
et façonneront de plus en plus notre monde ?
C’est tout de même vider la république
et la démocratie de toute existence réelle !
Voilà le programme Blanquer ! Au
passage, il flatte le vieux ressentiment rassis de tous ceux qui depuis
longtemps veulent la suppression de la section d’élite S anciennement C, où se
rassemblaient les élèves excellent dans les matières scientifiques et
littéraires et heureux de ne pas avoir à choisir trop précocement entre ces
disciplines !
Ah oui, dirent Macron et Gattaz, c’est
bien cela que nous voulons ! Que ces gens, formé selon le programme Blanquer seront dociles, faciles à
gouverner, ingurgitant sans esprit critique, sans recul, ce que nous voudrons
leur faire accroire (comme par exemple que faciliter les licenciement c’est
créer du travail, et que casser le code du travail, c’est ouvrir de nouvelles
protections aux salariés)
.
Oui vraiment, M. Blanquer est bien
macronien, et de droite, et de gauche. Et de droite, pour la soumission de l’‘intelligence
à l’argent, et de gauche, de nouvelle gauche, pour le renoncement à l’élitisme
pour tous, remplacé par la destruction de toute élite.
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