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mardi 26 novembre 2019

Requiem pour Fessenheim


Remplacer du nucléaire par du charbon, c’est pas bon du tout pour le climat !

Voilà, ce qui paraissait évident est maintenant confirmé par le gestionnaire de réseau, RTE : sans Fessenheim, ça va pas le faire.

Europe 1 : « La fermeture de la centrale nucléaire de Fessenheim, confirmée ce lundi par EDF, pourrait mettre certaines régions françaises en difficulté. Promise par François Hollande, repoussée plusieurs fois et finalement confirmée ce lundi par EDF, la fermeture de Fessenheim, la doyenne des centrales nucléaires encore en activité en France, pourrait bien mettre le réseau électrique français en tension.

L'engagement premier était clair : l'arrêt définitif des réacteurs de Fessenheim devait marquer l'ouverture de l'EPR de Flamanville, un réacteur nucléaire de troisième génération conçu pour offrir une puissance et une sûreté améliorées. La substitution aurait largement permis de compenser la fermeture de la centrale. C'était sans compter les délais multiples, qui retardent toujours l'ouverture du nouvel EPR…

Face à ce retard important, le gouvernement avait décidé l'année dernière que la fermeture de Fessenheim ne dépendrait finalement pas de l'ouverture de Flamanville. La garder ouverte plus longtemps aurait notamment nécessité d'importants investissements d'entretien.
Selon plusieurs experts de l'électricité, l'efficacité du réseau électrique pourrait cependant être garanti post-Fessenheim à l'aide de quelques ajustements. Jean Paul Roubin, directeur de l'exploitation de RTE, le gestionnaire du transport d'électricité en France (RTE), assure que le réseau peut tenir sans cette centrale, à condition de garder d'autres capacités pour alimenter la Bretagne, région la plus concernée par les manques d'électricité.

Tant que l'EPR de Flamanville n'est pas disponible sur le réseau, la centrale thermique de Cordemais est nécessaire pour la sécurité d'approvisionnement de la région Grand-Ouest… Il avait pourtant été envisagé de fermer cette centrale thermique de Loire-Atlantique. Il pourrait donc être nécessaire de continuer à la faire tourner au moins quelques jours dans l'année pour faire face aux difficultés.


Cordemais est une des quatre centrales au charbon françaises encore en activité. Donc résultat des courses : par une décision purement politique, celle de fermer Fessenheim avant la mise en route de l’EPR de Flamanville, nous devrons maintenir en fonctionnement une centrale à charbon. Ca c’est de la logique, ça c’est de l’écologie !

Fermer Fessenheim, c’est pas écologique !

Nb (@Thierry_Caillon) : La fermeture de Fessenheim entraînera  un surcroît d’émission de GES entre 6 et 12 millions de tonnes équivalent CO2 / an, du fait du recours aux centrales à gaz et charbon que sa prolongation aurait permis d’éviter. Fermer Fessenheim =équivaut à relâcher autant de CO2 dans l'atmosphère que de faire voler chaque jour 24 à 48 Airbus supplémentaires entre Paris et New York (en AR).
Cela correspond aussi à une fourchette comprise entre 30 et 60 % des émissions de CO2 de la totalité de la production électrique nationale !!! (20,4 millions de tonnes de CO2 en 2018 selon le Bilan électrique 2018 du Réseau de transport d'électricité (RTE) (Maxence Cordier, https://www.lesechos.fr/idees-debats/cercle/fessenheim-symbole-de-notre-schizophrenie-face-a-lurgence-climatique-1140070)

Et merde pour nos engagements climatiques ! Ca c’est de la politique écologique !

Fermer Fessenheim, ce sont des risques sérieux de black out pour l’Alsace

Au-delà des avertissements clairs de RTE pour la sécurité d’approvisionnement électrique en 2022 et 2023, ce sont 1.800 MW d’électricité bas carbone qui vont quitter le territoire alsacien. Le député Raphaël Schellenberger (LR, Haut Rhin) alerte depuis plusieurs années à propos des risques encourus pour la sécurité énergétique et explique qu’il faut raisonner en termes d’échelle. « Le problème se pose plutôt dans cinq ans. Tous les réacteurs de la plaine du Rhin seront arrêtés, y compris côté allemand. Nous allons devenir l’une des régions les plus industrialisées sans produire d’électricité ». 

Et compte-tenu de leur merveilleuse Energiewende, il n’est pas du tout sûr que les Allemands puissent fournir de l’électricité – je veux dire de l’électricité pilotable, qui est là quand on en a besoin.
Alors, Fermeture de Fessenheim : Strasbourg risque-t-elle le black-out avec l’arrêt annoncé de la centrale ?
Ben oui, et l’Alsace et ses industries et ses habitants avec !

L’argent du contribuable s’envole avec Fessenheim

Combien cela coûtera-t-il aux Français de se séparer d’une usine qui tourne très bien… On entend parler de 400 millions d’euros de dédommagement pour EDF, est-ce réellement cela ?
Regardons du côté d’EDF dont certaines « élites » voudraient le démantèlement tant elle est efficace pour les Français qui ont contribué par leurs factures à cette entreprise hors du commun… et tant elle fait saliver par ses rendements potentiels si une privatisation accompagnée d’une hausse de l’électricité venait à poindre.
Le courant est actuellement estimé à 42 euros par MWh (Mégawattheure, un Mégawattheure est mille fois un kilowattheure, unité qui apparait sur votre facture).
La production annuelle de Fessenheim est de 12 300 000 MWh, soit 516 millions d’euros annuels ; en considérant que la centrale est disponible 85 % du temps, ce qui est minorant.

Autrement dit, payer à EDF une somme de 400 millions ne représente même pas un an de fonctionnementet EDF, donc les Français vont perdre plusieurs décennies de fonctionnement (soit entre 10 et 20 milliards) !

Allons plus loin encore… Outre la perte de 2000 emplois de haut niveau directement générés par la centrale, ce qui constitue une perte sèche importante pour les villes et villages alentours, il faudra compenser cette perte d’électricité au niveau national ; alors que notre pays en a besoin.
Pour cela, on va devoir importer annuellement l’équivalent de 2 100 000 de tonnes de fioul (ou sa valeur en gaz), un chiffre qui donne le tournis quand on estime à 1000 euros par tonne la valeur moyenne sur la période pendant laquelle la centrale ne fonctionnera pas, c’est-à-dire encore 20 ou 40 ans (40 ans comme aux États-Unis pour ce type de réacteurs).
Ceci se traduira par un déficit commercial de l’ordre de deux milliards annuellement et au total de 40 à 80 milliards… de quoi donner le vertige !

On entend dire parfois qu’il aurait fallu faire des travaux importants à Fessenheim. C’est faux ! Fessenheim avait déjà bénéficié d’un renforcement de la sécurité parasismique. l’Autorité française de Sûreté Nucléaire (ASN, organisme indépendant) certifie que les deux réacteurs de Fessenheim peuvent encore tourner au moins 10 ans sans modification profonde. Les frais pour leur prolongement correspondent à deux ans de fonctionnement des réacteurs, ou encore 8 ans (au moins, car on peut envisager une échéance à 60 ans sans problème) de production à coût amorti, donc hyper rentable, pour EDF qui pourrait ainsi financer une partie de son « Grand Carénage », et pour la France qui a bien besoin de cela pour sa balance commerciale. ((Maxence Cordier, https://www.lesechos.fr/idees-debats/cercle/fessenheim-symbole-de-notre-schizophrenie-face-a-lurgence-climatique-1140070)


Fermer Fessenheim, c’est un gaspillage innommable !

Un coût social gigantesque et sous-estimé

On chiffre généralement le coût de la fermeture de la centrale nucléaire de Fessenheim, prématurée et injustifiée techniquement, à 4 milliards d’euros.
Compte-t-on là-dedans les souffrances des salariés et de l’ensemble de la cité ? On peut en douter, mais retenons néanmoins cet ordre de grandeur. Ce chiffre de 4 milliards on le retrouve aussi dans les hausses de taxes, sur la baisse de l’ISF… c’est devenu une unité de compte.
Alors que la France s'est passionnée pour les territoires d'Amiens et de la Souterrraine en 2017, les pouvoirs publics et les médias sont silencieux en ce qui concerne les 2200 emplois bientôt perdus par le territoire de Fessenheim, étude INSEE.
Si 800 salariés EDF bénéficient de la garantie de l'emploi et seront donc reclassés, que de problèmes: emploi du conjoint, étude des enfants, division par deux de la valeur de la maison......
Pour les 1400 autres il n'y a pas d'autre plan social aujourd'hui que l'offre d'emplois frontaliers. Tout le reste ce ne sont que de bonnes paroles.

Fermeture de Fessenheim : l’État, patron voyou (Jean Fluchère)

« Pourquoi Emmanuel Macron ne vient-il pas faire un pèlerinage à Fessenheim pour expliquer aux salariés et aux élus qu’il détruit leur outil de travail parce que tel est son bon plaisir pour satisfaire des « amis » politiques ?

Est-il imaginable qu’un conseil d’administration, dominé par les représentants de l’État, décide de détruire une usine capable de fonctionner sans problèmes pendant encore au moins 20 ans contre toute logique industrielle, financière, environnementale et sociale ?

Cette usine, c’est la centrale nucléaire de Fessenheim !

Quelles sont les raisons possibles ? Est-elle obsolète sur le plan de la sûreté ?

Aucunement, répond l’Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN) indépendante. L’exploitant EDF est le premier responsable de la sûreté de ses installations et n’a jamais attendu que l’ordre d’arrêt soit donné par l’ASN pour arrêter définitivement ses installations.

Est-elle obsolète économiquement ?

Bien au contraire, Fessenheim est la centrale dont les installations sont totalement amorties et dont le coût de production du kilowattheure (kWh) est le plus bas du parc nucléaire.
En outre une grande partie des modifications post-Fukushima est déjà réalisée.

Produit-on moins cher ailleurs ?

Non. Il ne s’agit pas d’une délocalisation.

A-t-on trop de production électrique en France ?

Non. Et si c’était le cas, EDF arrêterait l’installation qui lui coûte le plus cher !

Émet-elle des produits nocifs pour l’environnement, des gaz à effet de serre comme les centrales à charbon et au lignite du voisin allemand ?

Absolument pas. L’électronucléaire est l’un des moyens les plus propres pour produire de l’électricité. Même les centrales au lignite et au charbon émettent outre le cortège des gaz et poussières de combustion, des produits radioactifs contenus dans le charbon, des métaux lourds et des produits halogénés.

La diplomatie française ne semble pas intervenir auprès du gouvernement allemand pour demander la fermeture des centrales polluantes. Et pourtant !!! »

Et pour terminer un petit jeu (théorique et pas drôle) Combine d’éoliennes pour remplacer Fessenheim ?

La question a fait l’obet d’un check news de Libération et assez bien discuté. Réponse de Paul Néau, porte parole assez habituel de Negawatt : 900 éoliennes. Le checknews fait comme ça arrive quelquefois, correctement son boulot et déchire Paul Neau : il surestime grandement le facteur de charge des éoliennes ( le temps pendant lequel elles produisent ~20%) et, petit malin, prend pour la seule année 2017, pendant laquelle la centrale a produit seulement 5,7 TWh, soit presque deux fois moins que sa production moyenne des dernières années… Entre parenthèses et en gras, cela nous indique le sérieux de Negawatt…
Avec des éoliennes de puissances moyennes (ayant une puissance de 3MW, et fonctionnant à plein 21% du temps), il faudrait 1950 éoliennes pour remplacer Fessenheim. Ah oui, mais ça c’est la puissance moyenne… qui vous laisse sans courant la moitié du temps. Donc, il faut couvrir les pointes de consommation. Et pour cela, le check news de Libération arrive à la louche à 4000 éoliennes. Cet ordre de grandeur est corroboré par d’autres sites et fait l’objet d’un consensus.

Pour remplacer une centrale telle celle de Fessenheim (puissance nominale 1800 MW et coefficient de production de 90%), il faut donc 4000 éoliennes. Pour des éoliennes qui mesurent maintenant près de 180-200mètre en bout de pales, supposons-les espacées de 300mètres, ce qui est un minimum.

Donc, pour remplacer une seule centrale nucléaire, et pas la plus moderne, et pas la plus puissante, avec des éoliennes de 2 MW, il faudra les aligner de Nice à Perpignan (2 x 475 km) sur deux rangées tout le long de la côte méditérannéenne + le tour de Corse (325 km), soit 1350 km, ou encore de Gênes en Italie jusqu'à la pointe sud de l'Espagne,.

Et en fait, bien plus que cela, car dans cette configuration, la prise au vent serait loin d’être maximisée et le rendement beaucoup plus bas que dans les hypothèses de calcul.

Des éoliennes de 2 MW alignées (à raison d'une tous les 300 m) le long de l'ensemble des côtes françaises (Mer du Nord + Atlantique + Méditérannée + Corse)  produiraient moins d'électricité que le seul site de Gravelines (6 x 900 MW).!

Pas de politique énergétique sans connaissance des ordres de grandeurs physiques.



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