Avec un (petit) peu de
retard, un remarquable dossier consacré à la Philosophie russe et le positivisme dans Archives de Philosophie, tome 79, cahier 2avril-juin 2016.
Introduction de Jérome
Laurent :
« Au XIXeme siècle,
le positivisme a occupé une place considérable dans la pensée russe. Si la
sociologie, avec Kovalevski et Lavrov, y naît tout naturellement grâce à
l’influence d’Auguste Comte, la plupart des philosophes, après une période de
fascination, s’en détachent et se constituent contre ce qui est perçu comme un
matérialisme ; à l’époque soviétique, en revanche, le positivisme est l’une des
rares pensées non marxistes à être diffusées, notamment grâce à l’intérêt que
lui prête le théoricien Alexandre Bogdanov (1873-1928).
L’engouement pour le
positivisme est comparable dans les années 1830-1860 à celui pour Hegel, puis
pour Marx : ce sont les grandes philosophies de l’histoire qui passionnent
l’intelligentsia »
La voie de Piotr Lavrov.
Sociologie comtienne et connaissance historique (Anastasia
Yastrebtseva)
NB Piotr Lavrovitch
Lavrov (14 juin 1823, l'Empire russe - 6
février 1900, Paris) est un écrivain russe, mathématicien, philosophe et
sociologue, colonel qui fut destitué en raison de ses affinités avec les
socialistes révolutionnaires et fut contraint de s'exiler en France en 1870.
Sur l’influence de Comte
sur la première sociologie russe : « on appelle souvent l’École
sociologique russe « École subjective de sociologie ». Cette terminologie
impropre empêche cependant d’en comprendre adéquatement l’originalité. Les
sociologues russes ont en effet emprunté la méthode dite « subjective »,non pas
à l’hégélien allemand B. Bauer, sur lequel G. Plekhanov a mis l’accent dans son
ouvrage La question du développement de
la vision moniste sur l’histoire, mais au Système de politique positive de Comte ».
La fidélité à la
doctrine de Comte s’exprime aussi dans cette citation du sociologue russe
Lavrov : « la sociologie requiert l’union de la méthode objective, utilisée
pour la découverte des données factuelles dans leur dépendance et leur
succession, et de la méthode subjective qui sert à la définition des buts auxquels
doit correspondre l’ordre social et en vue desquels les personnalités doivent
diriger les réformes sociales »
L’idée
d’humanité chez Auguste Comte Vladimir Soloviev, traduit du russe par Rambert
Nicolas
Vladimir
Sergueïevitch Soloviev né à Moscou le 28 janvier (16 janvier) 1853 et mort à
Ouskoïe près de Moscou le 13 août (31 juillet) 1900, philosophe et poète russe.
Passa du matérialisme au positivisme, puis revint à une spiritualité
religieuse. « Il redevient brusquement chrétien, à un peu plus de vingt
ans, mais tout en étant assez proche de la figure du narodnik brossée par Ivan Tourgueniev : une jeune personne
radicale, positiviste, aimant le peuple et voulant l'éduquer, assimilée
progressivement aux terroristes » (Wikipedia).
Il est l’un des rares s’être intéressée à la Religion de l’Humanité, qui lui a inspiré
de belles réflexions cf. notamment Leçons
sur la Divino-humanité
Soloviev
parle « d’honorer une vieille dette
que j’ai contractée à l’égard de cet éminent penseur (Auguste Comte). Il
y a plus de vingt ans de cela, il m’était venu à l’esprit, à cet endroit même,
d’inaugurer ma carrière publique par une attaque virulente contre la
philosophie positiviste. Je n’ai pas de raison d’en parler ici. D’une part, le
positivisme à l’époque était chez nous une mode ; et comme cela arrive souvent,
de mode sensée elle devint une idolâtrie, aveugle et intolérante à l’égard des
« penseurs rétifs »… « Comte – et c’est en ceci que consiste son plus
grand mérite et sa plus grande gloire – a indiqué, avec plus de clarté, de
résolution et d’amplitude qu’aucun autre de ces prédécesseurs, cet « autre », à
savoir l’intégralité collective qui, dans son être intérieur et pas simplement
de façon externe, dépasse chaque homme et le complète tant idéalement que de
façon parfaitement réelle. Il a indiqué l’humanité comme une unité positive
vivante qui nous embrasse. Il a indiqué le Grand-Être par excellence »
« Aucun autre des philosophes célèbres de par
le monde ne s’approcha si près de l’ambition de ressusciter les morts »
Et
également un article sur G. Wybouroff, qui rencontra le positivisme en Russie
puis vint en France où il succéda à Pierre Laffitte, le principal disciple de
Comte à la chaire d’Histoire générale des sciences » du Collège de France.- en
fait une véritable chaire de Positivisme. (Laurent Clauzade, « Grégoire Wyrouboff :
Penser la Russie. Essais de sociologie positive appliquée ? », Archives de
Philosophie 2016/2 (Tome 79), p. 297-316.)
Un
regret : la revue traite très peu de l’arrivée du positivisme en Russie-
il est ainsi mentionné que dès 1898 l’Université
de Saint-Pétersbourg était un « haut lieu du positivisme ». On
apprend ainsi, que dès 1892,qu’un ouvrage sur La philosophie positive et l’unité de la science, paru en 1892 a
été récompensé par un prix institué en
1889 par un positiviste russe, Dmitri Arkadievitch Stolypine (1818-1893),
auteur d’articles sur la production agricole, disciple d’Auguste Comte, qui
publia une série d’articles dans Le Nord (1858-1860) sur l’émancipation des
serfs ( Lettres sur l’émancipation des
serfs ) et s’intéressa à la structure sociale du mir, la commune collective
traditionnelle russe(( partisan de la propriété individuelle , il reconnaît que
la commune a pu avoir sa raison d’être dans le passé, mais que maintenant elle
« n’a point l’importance d’avenir que certains esprits ont voulu lui attribuer
»)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Commentaires
Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.