Le laboratoire
Abbott a inventé des capteurs de glucose
en continu. Composés d’une pastille jetable de la taille d’une pièce de 2 euros
qui se fiche sur le haut du bras, ils contiennent une puce permettant de lire
le taux de glucose dans le sang à l’aide d’un scanner de poche équipé d’un
petit écran. Gérard Raymond, le président de l'Association
française des diabétiques (AFD) explique : « C'est une innovation capitale, car on n'a plus besoin de
se piquer quatre ou cinq fois par jour le bout du doigt pour contrôler sa
glycémie. La surveillance est permanente, non invasive, et vous pouvez véritablement
devenir acteur de votre santé, souligne-t-il. Plus besoin de piqûres et de bandelettes. Mieux
encore que de de faciliter la vie des
diabétiques, ce nouveau dispositif améliore leur santé en permettant la mesure
en continu du glucose : les
femmes enceintes et les enfants, dont le diabète est souvent difficile à
équilibrer, sont les premiers à pouvoir profiter de cette méthode. Plusieurs
études indiquent que les fluctuations glycémiques dans l’enfance, qu’elles
soient dans le sens d’hyper- ou d’hypoglycémies, entraînent des modifications
cérébrales. Il existe 20000 enfants diabétiques en France, dont la moitié sont
déjà équipés de pompe. Permettant de visualiser la concentration à un
instant donné, mais aussi sur toute une période, ces capteurs donnent par
exemple, au réveil, la courbe des 8 dernières heures et renseigne sur les
hypoglycémies et hyperglycémies nocturnes.
Mais des progrès refusés aux diabétiques français
Ces nouveaux dispositifs sont déjà remboursés aux Pays-Bas,
en Suède, en Slovénie, en Italie. Et en France ? une demande de prise en charge en procédure accélérée !!! a été déposée,
… en 2010, au titre du forfait innovation. I semble qu(elle se soit perdue dans les méandres administratifs et les demandes d’études
complémentaires sans fin", reprochent les associations- En
fait l’Assurance Maladie traine des pieds pour éviter le remboursement. Les
industriels demandent aujourd’hui une inscription au remboursement par le
circuit traditionnel, en espérant que la procédure sera plus rapide.
De fait, la plupart des services
de diabétologie utilisent déjà ces capteurs, sur leurs fonds propres. Ils en
équipent leurs patients pendant quelques semaines, dans un but pédagogique,
pour leur apprendre à réguler le débit de leur pompe, ou diagnostique, pour
repérer la survenue d’hypoglycémies. Il semble que 25.000 patients aient adopté
le glucomètre et paient de leur poche les consommables (les puces). Mais
quelque 300.000 Français qui ne peuvent se le permettre continuent à mesurer
leur taux de sucre en se piquant le doigt et en déposant la goutte de sang sur
une bandelette-traitement plus pénible, moins fiable, moins précis – mais remboursé
Cette situation s’éternise, au désespoir des patients, en
raison d’un bras de fer entre l‘industriel et l’assurance-maladie. Abbott commercialise
déjà en France son produit à 1.500 euros par an, quand le payeur public demande
pas loin de 650 euros par an, c'est-à-dire le tarif des dispositifs dominants
aujourd'hui- ce qui signifie tout simplement que l’innovation thérapeutique ne
serait pas récompensée. Mes associations de malades estiment cependant que même
au prix demandé par Abbott, le système de santé français serait encore
largement bénéficiaire si l’on prend en
compte les interventions du Samu, les journées d’hospitalisation et les arrêts
de travail évités.
Certains ne se privent pas de dénoncer les « abus »
des laboratoires pharmaceutiques, mais c’est ignorer les faramineuses dépenses
en recherche pour trouver de nouveaux traitements contre le diabète, depuis des
dizaines d’années, en vain. Alors, si l’innovation thérapeutique n’est pas
récompensée à juste prix, elle s’arrêtera tout simplement- déjà les dépenses de
recherche des big pharma diminuent et celles-ci les externalisent. Après il
existe sans doute des marges de
négociations qui doivent prendre en compte des accords prix-volumes ( plus le
traitement est prescrit, plus son coût diminue) et des négociations groupées entre
pays européens comparables seraient sans doute utiles ; il faut aussi
tenir compte que la concurrence et l’apparition d’autres acteurs feront à terme
baisser les prix, ce qui implique qu’il est normal que le premier inventeur
bénéficie d’une juste rétribution de son invention.
Mais de plus en plus la France se distingue par des
retards et des entraves à la mise à disposition des produits innovants, à la
colère justifiée des patients. C’est la conséquence logique d’une absence de
politique du médicament et pharmaceutique en général , voire, au contraire, d’une
politique qui les sacrifie systématiquement en priorité dans le financement de
la santé. C’est dommage, car un médicament ou un dispositif médical efficace, c’est
beaucoup moins cher que des hospitalisations. Combien ces traitements anti-ulcères
ont-ils fait gagner, en confort de vie
aux patients, et à l ‘assurance maladie en opérations évités ?
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