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mercredi 12 avril 2017

Nucléaire allemand, nucléaire chinois .. et français ? (Fessenheim2)

Allemagne : Sortie du nucléaire, dépendance au charbon, abandon des objectifs climatiques

Une fois n’est pas coutume, un long article assez critique dans le Monde du 15/03/2016 :Nucléaire : le défi coûteux d’Angela Merkel : La sortie de l’atome, promise après la catastrophe de Fuskushima, et le recours au charbon éloignent l’Allemagne de ses objectifs de réduction de ses émissions carbonées.

extraits :

« La conférence de presse du 15 mars 2011 restera comme un de ces tournants dans l’histoire du mandat d’Angela Merkel. Moins de trois jours après l’accident de Fukushima, au Japon, la chancelière confirmait la surprenante décision annoncée la veille au soir : les sept centrales nucléaires d’Allemagne les plus âgées plus une, victime de pannes, seront immédiatement arrêtées pour trois mois, et le tournant énergétique vers le renouvelable sera accéléré.
La mine déconfite, les six présidents des régions concernées par les fermetures de réacteurs, confirment sans enthousiasme ce tournant radical dans la politique énergétique sur laquelle ils avaient fait campagne. Berlin avait, quelques mois auparavant, prolongé la durée de vie des centrales les plus anciennes au motif de la sécurité de l’approvisionnement…
Etait-il seulement politique, ce revirement, dans le contexte d’une année électorale délicate pour elle ? Ou correspondait-il à une conviction profonde de la chancelière de saisir une chance historique, comparable à celle d’accueillir les réfugiés en août 2015 ?
Bilan contrasté
Le 30 mai 2011, c’est une Angela Merkel combative qui revient devant les journalistes pour parachever cette nouvelle stratégie : l’Allemagne sortira définitivement du nucléaire en 2022. L’objectif, annonce-t-elle, est de développer les énergies renouvelables afin qu’elles couvrent 35 % des besoins en électricité d’ici à 2020.
A cette date, ces besoins devront être réduits de 10 % par rapport à 2008 et les émissions de gaz à effet de serre être 40 % inférieurs à ce qu’ils étaient en 1990. Bien sûr, tout en garantissant une grande stabilité de l’approvisionnement, indispensable pour une nation industrielle comme l’Allemagne.
Six ans plus tard, le bilan de cette politique phare de la chancelière est pour le moins contrasté. Le programme d’arrêt des centrales nucléaires, plébiscité par une large partie de la population, suit bien son cours. Le nucléaire ne couvre plus que 13,1 % de la consommation d’électricité, contre 14,1 % en 2015.
L’Allemagne a par ailleurs si bien développé ses énergies renouvelables qu’elles représentent désormais la première source d’électricité du pays, et couvrent 32,3 % de la consommation d’énergie. Elles devraient donc atteindre sans problème les 35 % du mix énergétique d’ici à 2020, grâce à une politique d’encouragement très coûteuse pour les ménages et les entreprises.
En revanche, les autres objectifs sont considérés par les experts comme hors d’atteinte : ni l(efficacité énergétique, ni la réduction des gaz à effets de serre ne devraient pouvoir se situer aux niveaux annoncés. Pour la « chancelière du climat, c’est un échec patent ». .. Les émissions de gaz à effet de serre sont reparties à la hausse en 20126 passant de 908 à 916 millions de tonnes équivalent CO2. Pour remplir ses objectifs, l’Allemagne devrait émissions de 41 à 82 millions de tonnes chaque année jusqu’en 2020, ce qui est considéré comme impossible.
Et surtout, la sortie du nucléaire a évidemment renforcé le charbon et la très polluante et très inefficiente lignite pour compenser l’intermittence des énergies renouvelables – La production des centrale à houille couvre 17% du mix énergétique, et les centrales à lignite 23.1% !!
En fait l’Allemagne est sous une véritable dépendance au charbon encore renforcée par le programme de sortie du nucléaire, à ce point que l’Allemagne préfère encore continuer à produire et à vendre de l’électricité provenant du charbon, même à perte , plutôt que les arrêter- c’est aussi une conséquence de la déficience totale du marché européen des « droits à polluer ». Nous nous désolons souvent des blocages français, mais mes Allemands n’ont rien à nous envier en ce domaine. L’Allemagne est culturellement attachée au charbon, les syndicats allemands et le parti social –démocrate chantent encore lors de leur congrès des chants liés au charbon. Dans le nucléaire, il n’y a jamais eu autant d’emploi que dans le charbon, c’est l’inverse d’en France »- et la structure fédéral avec le poids des états charbonniers comme la Rhénanie du nord-Westphalie a abouti à un blocage non seulement économique, mais aussi politique.
Bref l’Allemagne, en renonçant au nucléaire a aussi renoncé à ses objectifs climatiques, au Traité de Paris, et à la lutte contre la pollution atmosphérique- et nous en savons quelque chose- bref Merckel serait pire que Trump.

La Chine prend au sérieux les objectifs climatiques : une politique ambitieuse et nucléaire

Pendant ce temps- là, la Chine a annoncé que Pékin fermait sa dernière centrale à charbon, le dernière des quatre qui ont été formées depuis 2013 La pollution aux particules fines a baissé d’environ 25% depuis 2014- même si la pollution reste catastrophique (dix fois supérieur aux recommandations de l’OMS) , le régime chinois s’engage résolument dans la lutte contre la pollution ( le Premier Ministre Li Kequian a pris pour slogan rendons le ciel de  nouveau bleu)  et lutte contre le réchauffement climatique et pour remplir ses engagements du traité de Paris.
Pour cela, la Chine essaye de développer rapidement des alternatives aux énergies carbonées et compte sur le nucléaire et sur le solaire pour y parvenir. Les objectifs sont de réduire à 62 % la part du charbon dans le mix énergétique (69 % en 2013), d’augmenter la part des combustibles non fossiles à 15 % (9,8 % en 2013), d’atteindre une puissance hydroélectrique installée de 350 GWe (280 GWe en 2013) ; d’atteindre une puissance éolienne installée de 200 GWe (77 GWe en 2013) ; d’atteindre une puissance photovoltaïque installée de 100 GWe (16 GWe en 2013) ;d’atteindre une puissance nucléaire installée de 58 GWe (18 GWe en 2013, ce qui représenterait jusqu’à 4 à 5 % de la production électrique).
 Les scénarios énergétiques officiels donnent donc une place de choix au nucléaire et confirment l’ambition du programme de développement associé tout en l’amplifiant : à moyen terme, tripler la capacité installée d’ici 2020 tout en maintenant une capacité en construction à 30 GWe, et à long terme, fermer le cycle du combustible en mettant en service une usine de traitement-recyclage et un réacteur expérimental à neutrons rapides avec un objectif de déploiement industriel rapide à moyen terme. La Chine, qui aujourd’hui représente 40 % des réacteurs en construction dans le monde, devrait dépasser, la Corée du Sud et la Russie en termes de production d’électricité d’origine nucléaire d’ici la fin de l’année de 2015, et les États-Unis en termes de nombre de réacteurs en exploitation d’ici 2030, tout un symbole. 

Ce nucléaire chinois représente de sérieux défis, que la France participera à résoudre. Et nous voyons qui est dans le camp du passé, du renoncement à combattre la pollution et le réchauffement climatique, et qui est dans le camp du futur, de la responsabilité climatique et environnementale et de futur. De ce point de vue, tous les candidats à l’élection présidentielle ne se valent pas- qui veut fermer Fessenheim ou pas ?


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