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samedi 24 juin 2017

Assistants parlementaires, Front National, Bayrou et démocratie

Nous ne comprenons plus la démocratie 

Qu’attendre maintenant de M. Bayrou ? Résumé des épisodes précédents : Le Front National se fait aligner sur des assistants parlementaires européens qui n’auraient pas vraiment travaillés pour l’Europe et, en attendant un éventuel procès, se voit forcé de rembourser des sommes importantes. Il y avait évidemment là comme un parfum de règlement de compte politique, car enfin, le Parlement Européen n’avait ciblé que deux partis eurosceptiques, l’UKIP et le Front National. On ne pouvait qu’être assez confondu par ces attaques extrêmement ciblées contre des partis hostiles à l’‘Europe institutionnelle actuelle (rien, nada, nichts, niente…  d’équivalent à reprocher à aucun autre parti, dans aucun autre pays ??). Nous avons maintenant la réponse, car enfin, le Front National de Marine Le Pen, même s’il est moins virulent que l’ancien, il ne faut tout de même pas trop le chauffer. D’où dénonciation assez efficace et argumentée du Modem, vite confirmée par les enquêtes des media, position impossible des ministres Modem et démission générale. Fin de carrière pour M. Bayrou !
Tant qu’à faire, encourageons le Parlement Européen à poursuivre une enquête générale, que tout le monde soit sur le même plan. De toute façon, il est clair que les Institutions Européennes ont un vrai problème de démocratie, et qu’elles ont visiblement du mal à comprendre que des députés élus par des électeurs qui contestent ces institutions remplissent leur mandat conformément au vœu de leurs électeurs. Il y a quelque paradoxe à reprocher aux élus Front national de ne pas se comporter en partisans de l’Europe.

Qu’attendre de M. Bayrou – qu’il explique la démocratie ! l’intoxication jacobine

Mais je pense que le problème est bien différent et bien plus grave, et qu’il vient du fait que nous ne comprenons plus ce qu’est la démocratie, que nous n’y sommes plus attachés. Les partis politiques concourent à l‘expression du suffrage universel. Ils reçoivent pour cela un financement, qui est lié à leur succès électoraux  (à la présidentielle, pourcentage de votant au premier tour, accès ou pas au second tour ; pour les législatives,  nombre de votants au premier tour – ce qui est très bien, et devrait même être renforcé,  car ce système tient compte de l’abstention : si les partis sont incapables d’intéresser les électeurs, ils sont sanctionnés-,  puis nombre d’élus). Une fois élus, partis et députés ont des moyens mis à disposition pour mener leur activité politique.
Eh bien, quitte à choquer,  je dis que les partis politiques et leurs élus doivent pouvoir  disposer de ces moyens comme ils l’entendent, sans aucun contrôle étatique ou judiciaire, avec pour seul contrôle l’opinion publique et celle de leurs électeurs, point ! (sauf si évidemment ils commettent des actes illégaux). Il semble que nous considérions comme presque normal que l’utilisation de leur financement  par les partis politiques (ou les syndicats) soit placé sous le contrôle du Parlement, de l’Etat, de la Cour des Comptes, ou que sais-je ? C’est je pense une hérésie totale, qui aurait fait lever d’horreur les cheveux ou les sourcils de ceux qui ont fondé la République en France. C’est une conception de la démocratie qui nous rapproche dangereusement de celle d’Erdogan ou de Poutine. Les partis, les syndicats ne doivent de compte qu’à leurs adhérents et à leur électorat, il ne peuvent pas fonctionner sous le contrôle des institutions qu’ils sont censées diriger ou contrôler. 
  
Il y a un livre – j’y reviendrais dans un prochain blog- , un livre important, Décoloniser les Provinces de Michel Onfray, qui identifie le triomphe général du jacobinisme comme l’un de nos principaux problèmes. Nous sommes tellement habitués à obéir que nous oublions que nous sommes le souverain. Nous ne comprenons même plus  la nécessité de l’indépendance des partis politiques, la nécessité des corps intermédiaires ( qui bien sûr n’ont rien à voir avec l’intérêt général, et même en sont des ennemis à combattre), et il n’est même pas sût que nous comprenions la nécessité d’une opposition ; s’opposer à une marche si bienveillante et si massive, c’est évidemment  être du côté du mal, non ? ; c’est du sabotage !)  
Ah oui, il va falloir sérieusement réfléchir à notre intoxication collective par le jacobinisme triomphant de l’extrême droite à l’extrême gauche, en passant par l’extrême centre !  

Alors qu’attendre de M. Bayrou ? Eh bien, qu’au lieu de nier l’évidence dans l’affaire des assistants européens, qu’ il la revendique ! Et que ne pouvant plus exercer un ministère, il exerce un magistère, et explique aux Français ce qu’est la démocratie, et comment elle fonctionne nécessairement. Là, il sera vraiment utile !




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