Des étudiants en
médecine recalés par tirage au sort
En
Île-de-France, 857 candidats à la première année de médecine, la fameuse Paces,
ont été recalés. Pourtant, ils avaient bien respecté les consignes qui devaient
les assurer de pouvoir intégrer ce type de formation: relever du secteur
géographique de l’université demandée et avoir placé Paces en premier voeu
absolu. Les 7 650 places ouvertes cette année par l’UFR Santé Île-de-France,
qui regroupe les 7 UFR franciliennes de santé, n’étaient donc pas suffisantes.
Et suivant la
nouvelle procédure, ces candidats n’ont pas été refusés parce qu’ils auraient
des résultats insuffisants, qu’ils manqueraient de motivation, qu’ils auraient
été négligents dfans leurs dossiers. Non ! Ils ont été refusés par tirage
au sort.
Voyez sur les
réseaux sociaux le témoignage poignant de Abraham Boccara, 18 ans, en terminale
scientifique dans un lycée parisien :
« Pour moi, c’était sûr que j’allais avoir médecine quand j’ai postulé.
C’était improbable que je ne sois pas pris, mais on m’avait quand même dit de
mettre des facs dans ma liste de souhaits en seconds choix. Et ce n’était pas
pour rien, il y avait une très bonne raison. Si je mettais plus de cinq facs
dans la même académie juste en dessous de mon premier choix, j’étais
prioritaire pour la médecine. Du coup, à côté de médecine, j’avais mis des facs
à droite et à gauche, mais rien qui ne m’intéressait sincèrement.
J’avais déjà anticipé ma première année en médecine ? En parallèle
de mon année terminale, j’ai suivi une prépa anticipée toute cette année.
Depuis octobre, j’ai eu des cours le week-end et pendant chaque vacances, un
stage intensif d’une semaine. Ça m’a préparé à tout ce qui était censé se
passer l’année prochaine. Cette année, il y avait 7650 places en médecine en
Île-de-France. Depuis l’annonce des résultats du premier tour d’APB jeudi 8
juin, nous sommes 857 lycéens à avoir été recalés. J’étais choqué quand je l’ai
appris. »
Poignant et scandaleux. Et d’autant plus que nous sommes en déficit grave
de médecins, que nous connaissons déjà des désertes médicaux, que les
inégalités sociales face aux soins (face au déni de soin !) s’aggravent,
et que les prospectives de démographie médicale montrent que la situation va
encore s’aggraver.
Alors, en urgence, avant le premier tour des législatives, le ministère a
annoncé que les recalés par tirage au sort
se verront offrir une solution. Où, quand, comment, de quelle
sorte ? Est-ce que cela se concrétisera avant le second tour, ou pas du
tout, après ?
C’est au mieux un replâtrage d’une situation indigne qui persiste depuis
de très longues années avec des conséquences gravissimes pour la santé des
français
Déserts
médicaux : ça va encore empirer!
Le Monde a publié le 30 mars 2017 une nouvelle carte de France des déserts
médicaux (voir ci-dessous). Les zones dépourvues sont plutôt septentrionales,
rurales et périurbaines. Les banlieues, contrairement à ce qui est parfois
écrit, sont plutôt moins concernées que les périphéries urbaines plus
lointaines. La France de la pénurie de personnels de santé n’est pas non plus,
ou pas complètement, une France des faibles densités, puisque d’après cette
carte, les massifs alpins et pyrénéens, le nord des Landes, ou les communes
centrales de l’île de la Réunion, obtiennent des notes supérieures ou égales à
la moyenne. Les espaces les plus gravement touchés sont un grand Bassin parisien,
le cœur du Massif central (Aubrac, Margeride…), le Jura et les Vosges, le
Bocage vendéen et la Guyane.
Circonstances aggravantes notée par Le Monde : cette carte des déserts médicaux recouvre étrangement la
carte des populations sociales défavorisées, des petits paysans, des ouvriers. Le
désert médical est aussi un problème social.
Les statistiques de démographie médicale montrent que d’ici à 2030, la population devrait croître de 10% ; le
nombre de patient de plus de 60 ans devrait augmenter, la consommation de soins
étant croissante avec l’âge. Mais d’ici 10 ans, le nombre de médecin baissera
de 20.000 ! Les disciplines en forte baisse seront la médecine du
travail, la rééducation et réadaptation fonctionnelle, l’ophtalmologie, la
dermatologie-vénérologie, la rhumatologie, l’anatomo-cytopathologie, la
pneumologie, la gastro-entérologie, la médecine interne ; les régions
sinistrées : Corse, Languedoc-Roussillon, Île-de-France, Provence-Alpes-Côte
d’Azur, Midi-Pyrénées.
Une réforme utile de
l’emploi : doubler immédiatement le numérus clausus
Les causes de cette situation, on les connait : un numerus clausus dément,
coproduction scandaleuse de l’Ordre des médecins, pour cause de malthusianisme
bête, et les financiers de Bercy, qui pensent limiter les dépenses médicales en
limitant le nombre des médecins !. Pour mémoire, le numerus clausus, qui était de 8 000 dans
les années 70, de 7 300 en 2008, et était descendu à 3 500 dans les années
90 !!! Avec les conséquences que l’on sait : les déserts médicaux,
les hôpitaux qui ne fonctionnent qu’avec des internes étrangers, des
disciplines sinistrées, une sélection mal conçue reposant sur les maths, la physique
et la chimie, et pendant ce temps des dizaines de milliers d’étudiants motivés
et capables rejetés ou contraints de tenter de détourner le système en partant
en Belgique, en Roumanie, au Portugal…Et en plus, les médecins qui cherchent à
vendre leur cabinet qui ne trouvent pas de repreneurs, conséquence du
malthusianisme imbécile de l’Ordre.
Oui, le doublement immédiat du numerus clausus (qui ne serait qu’un
retour aux années 70 !- non, le diplôme ne serait pas bradé !), voilà
une réforme beaucoup plus utile pour l’emploi et la société française que la
casse du code du travail( voir articles précédents)
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