Depuis 2016 et l’arrivée à sa tête d’un géologue, ex de
Péchiney où il a pu constater les dégâts de la politique européenne, François
Hommeril, le ton de la CGC s’est fait nettement plus revendicatif, et retrouver
la forme de certains de ses anciens grands dirigeants, tel Jean-Luc Cazettes,
quoique sur un fond assez différent.
Florilège de François Hommeril, dans divers média :
Sur les cadres :
« Depuis
vingt ou trente ans, quand on regarde les salaires d’entrées de grilles,
l’augmentation de la pression, la souffrance au travail, les injonctions
paradoxales, on voit que les cadres ont dégusté. On a réussi à faire passer
dans les têtes que le progrès de tous, ce serait la régression de chacun. Ça me
surprend beaucoup »
« Jamais la CFE-CGC ne s'associera à une réforme
dont le but serait de faire régresser les salariés. Les réformes « courageuses
» pendant que les dividendes explosent, c'est fini »
Sur la loi El Khomri
« Cette loi travail restera dans l’histoire comme un
exemple assez extraordinaire de tout ce qu’il ne faut pas faire. Sur le fond,
c’est un peu le magasin des antiquités du néolibéralisme : on va chercher dans
les tiroirs ce qui a été fait ou pas encore fait dans les autres pays et on dit
que grâce à ça il va y avoir un impact sur l’emploi. C’est totalement faux. Il
y a énormément d’amateurisme de la part de nos dirigeants politiques. Cela
montre à quel point ils sont déconnectés. »
Sur les ordonnances Macron et les indemnités de licenciement
« Nous, nous sommes radicalement contre le
plafonnement des indemnités. Il faut de toute façon un motif pour licencier les
gens. Il n'y a pas lieu de créer des plafonnements des indemnités. Nous avons
de bonnes idées sur ce qui aiderait les entreprises. Il faut s'attaquer à la
cause. Les indemnités ne sont qu'une conséquence d'un désordre à l'intérieur de
l'entreprise »
« Les salaires des patrons s'envolent
mais l'indemnité que va toucher la personne licenciée abusivement va être
plafonnée ?
Sur le code du travail ou comment le compliquer à force de simplifications !
« Il y a plusieurs initiatives qui ont été prises
ces derniers temps pour donner au code du travail une forme plus simple et plus
accessible. Cette simplification doit être examinée dans un sens où les droits
des salariés seraient préservés et non pas précarisés. On crée des exemptions
qui créent la complexité du droit du travail. C'est ce qu'on a fait depuis
vingt ans !
Penser que le chômage en France est dû au code du travail
est un pur fantasme
Il faut arrêter de dire n'importe quoi sur le marché du
travail, lisez les études, cessez les caricatures, en réalité le marché du
travail en France est aussi flexible que partout ailleurs. La seule question du
Code du travail n'est pas celle qui préoccupe les entreprises. Ce qu'il faut
faire c'est aider les entreprises à faire face à l'ensemble de leurs
contraintes réglementaires et administratives. Il faut aussi aller voir du côté
de la fiscalité
Sur la politique Macron :
« On a en face de nous des interlocuteurs légitimes
qui ont envie de réussir. Je ne fais pas le constat avant l'accident. Je suis
prêt à faire des efforts pour ne pas mettre en difficulté le nouveau chef de
l'Etat dès le début. Ceci dit je ne suis pas dupe face au fait qu'une grande
partie des sujets sur la table résultent des injonctions européennes. Ca n'a
pas changé : aux Grecs on demande toujours de vendre le Parthénon et aux
Français de réformer le code du travail ».
Le matraquage des classes moyennes engendre des monstres politiques- la double peine
Ce ton nouveau est assez compréhensible, les cadres sont victimes
d’une double peine.
Dans leur vie professionnelle, de plus en plus, les cadres, fidèles à leurs
entreprises, à leurs collègues, à leurs équipes, se trouvent en désaccords
profonds avec des hauts dirigeants qui proclament comme un idéal les entreprises
sans usines, sacrifient la stratégie et le long terme au gains financiers à court
terme et les salariés aux actionnaires, quand ils n’ont pas un comportement de
mercenaires dicté par leur propre avidité et les rémunérations indécentes qu’ils s’octroient.
Dans leur vie personnelle, ils font partie d’une classe
moyenne particulièrement touchée par les augmentations d’impôts, passées et à
venir, avec un patrimoine généralement immobilier, non délocalisables. Ils ont
souvent investi dans l’éducation de leurs enfants, et malgré cela, ;
voient ceux-ci menacés de précarités et de déclassement social par l’ ultra
flexibilité qu’on prétend nous imposer ( alors que son effet sur l’emploi est
fortement contesté, cf blogs précédents)
Oui, le matraquage des classes moyennes engendre des
monstres politiques, et si les cadres s sont jusqu’à présent peu manifestés politiquement, cela pourrait changer ! M. Hommeril
visiblement s’en rend compte, et c’est pourquoi il vaudrait mieux l’écouter,
lui et la CFE-CGC.
PS : deux informations assez symboliques dans Le Monde de ce jour (30 juin 2017)
- - L’Union des Entreprises de Proximité (artisanat et
professions libérales, soit ces très petites entreprises où se trouverait un gisement
important d’emplois, s’affirme inquiète par rapport à l’importance nouvelle des
accords d‘entreprises et demande un dispositif spécial pour les PME, un accord
cadre de branche …Vive la branche, donc !
- - La première (la
première !) loi de la présidence
Macron concernera le retour des interdictions de manifester pour les
personnes susceptibles « de constituer une menace pour l’ordre public ».
Ceci, bien sûr au nom de l’état d’urgence et de la lutte contre le terrorisme…sauf
que la précédente version avait surtout été utilisée pour les manifestations
contre la loi travail, et avaient été censurées par le Conseil Constitutionnel !
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