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mercredi 21 juin 2017

Chers amis allemands (2) une relation problématique

De quelques choses qui ne vont pas

Le blog précédent visait à tirer une leçon qui me parait évidente des élections françaises, savoir que  l’Union Européenne  et l’Euro risquent fort d’exploser s’il ne s’opère pas un changement radical de politique européenne, si nos chers amis allemands ne cessent pas de vouloir une Europe qui soit une Grande Germanie, et dominée par eux, fonctionnant comme eux.  Que l’on compare ce qu’est la politique de Mutti, épicière base de plafond, à celle des grands hommes d’Etat que furent les deux Helmut,  Kohl, récemment décédé, et Schmidt !
Quelques exemples de ce qui ne va pas

La crise grecque : la crise des subprimes (tiens, au fait, où en est la Deutsche Bank) s’est transformée en crise des dettes d’Etat, s’acharnant sur le maillon faible européen qu’était la Grèce. Effectivement, le truandage systématique des comptes publics grecs (avec la complicité de qui ?), l’absence même d’un Etat digne de ce nom en Grèce ne pouvait plus durer et menaçait la zone européenne d’explosion. D’accord, il fallait frapper vite et fort, et vous l’avez fait.
Mais au-delà il semble bien qu’en bon protestant, vous ne pouviez accorder aucune absolution et qu’il fallait punir le pêcheur jusqu’à ce qu’il pleure des larmes de sang. La meillee preuve de cette volonté de punir est qu’elle a conduit à des décisions qui ont été néfastes, non seulement pour la Grès, mais pour toute l’Europe. Vos lenteurs, vos réticences dans la mise en place du mécanisme européen de stabilité et de rachat de dette étatique par la banque centrale ont coûté des milliards. Aujourd’hui, alors même que le FMI insiste sur la nécessaire annulation d’une partie de la dette grecque, vous repoussez encore cette mesure, indispensable à une Grêce ecsangue…pour cause d’élection allemande. C’est honteux, c’est contraire même au but- comment les Grecs pourraient-ils reconstruire un Etat dans ces conditions.

Les déficits : certes, un déficit courant irraisonnable et reconduit d’années en années n’est pas supportable pour un Etat. Mais enfin, le commerce intra européen est tel que le déficit de vos partenaires contribue pour beaucoup à l’excédent dont vous êtes si fiers ; et, à la fin des fins, si nous formons une communauté européenne, le déficit de tels ou tels pays européen vis-à-vis de l’Allemagne n’a guère plus d’importance que celui du Wyoming vis-à-vis de la Californie , non ? C’est à l’échelle de l’Europe qu’il faut juger du déficit
Et puis, en période de crise et lorsqu’en plus les taux d’intérêt sont au plus bas, il vaut mieux le déficit que la récession, non ?
Enfin, il faut aussi faire de politique, la réunification de l’Allemagne au taux de parité des marks est et ouest était économiquement condamnable, mais politiquement inévitable. Kohl l’a fait, nous l’avons bien compris, il fallait pour toute l’Europe que cette réunification se fasse au mieux. Et nous avons alors supporté, pour cause de convergence vers l’euro des taux d’intérêts supérieurs à ceux que nous aurions pu avoir. Vous pourriez un peu vous en souvenir au lieu dé defendre pied à pied vos intérêts immédiats.

La sortie du nucléaire, pour des raisons purement démagogiques, avec la réactivation des centrales à charbon voire à lignite, est un crime contre l’économie ( une énergie plus chère), contre le réchauffement climatique, contre la santé publique (merci pour les épisodes de pollution). Vous avez fait bien pire que ce pauvre Trump, avec ses mines de charbon du Wyoming que de toutes façon aucun industriel n’exploitera autrement que symboliquement. Et personne ne vous en veut !

L’immigration : un beau jour, vous encouragez tous les réfugiès à immigrer et à venir en Allemagne. Orban décide alors de laisser passer  tous les migrants qui s’accumulaient dans les gares hongroises, bizarrement, ça vous plait déjà moins. Puis vous voulez décider quel pays accueillera qui (ça va, les chevilles), et finalement, tout contrits, vous concluez un accord de blocage avec le néo-sultan turc, qui nous place dans sa dépendance, celui-ci  ne se gênant pour menacer d’ouvrir les vannes chaque fois que quelque chose ( un article, une chanson, un prêche) lui déplait. Génial.
Mais qui vous a donné mandat de diriger la politique d‘immigration de tous les pays ? Nous comprenons bien que votre démographie catastrophique (au fait pourquoi donc, dans ce pays si bien gouverné ?) vous incité à favoriser l’immigration, mais ce n’est pas le choix de tout le monde.

Votre politique de compétitivité par les coûts : le salaire horaire moyen en France et en Allemagne est sensiblement le même. Mais les inégalités sont beaucoup plus fortes en Allemagne. Pendant que certains secteurs de haute technologie sont restés protégés, dans bien d’autres vous vous êtes lancés au rebours de vos traditions industrielles et de ce qui faisait votre force, dans une politique de basse qualité, bas salaires. Vous en êtes à 22.5% de travailleurs pauvres contre 8.8% en France (21.3 en Angleterre, 3.8 en Belgique). Votre politique n’a pas fait de miracles, elle a transformé des chômeurs en travailleurs pauvres. Vous avez même un moment  inventé les enchères inversées- des tâches attribuées au  moins demandant. Que voilà une politique qui valorise le travail !! Vous avez déséquilibré complètement certains marchés, les producteurs de porcs français devant faire face à vos abattoirs géants peuplés de polonais surexploités en savent quelque chose.
Cette politique de compétitivité par les coûts, c’est vraiment l’inverse d’un modèle qui aurait pu rallier la plus grande partie des européens, le feu modèle rhénan, le contraire de ce qui a fait la réputation de votre industrie. Vous vous êtes aussi mis à tricher, et comme vous ne faites pas les choses à moitié, ça donne Volkswagen. Privilégiant la compétitivité par les coûts au lieu de l’innovation, vous vous scandalisez maintenant de voir les Chinois rafler des fleurons de votre industrie et vous voulez maintenant limiter leurs investissements . Mais ce sont maintenant euxc, les vrais industriels.
Et cette politique de casse sociale, de compétitivité par les coûts, et surtout par les coûts salariaux, vous voulez l’imposer à toute l’Europe !

Ajoutons à la barque vos façons de bulldozer, votre manière en faisant bloc, d’imposer vos intérêts dans les institutions européennes. Ainsi, pour la catastrophique « libéralisation » du marché électrique, alors qu’EDF se faisait exploser, vous avez réussi à vendre l’idée qu’il n’y avait pas de monopole national en Allemagne, puisqu’il y avait un distributeur public par Lander. Bravo ! Et ce n’est qu’un tout petit exemple.   

Non, ça ne va pas du tout ! ça le fait pas !   Il est minuit moins cinq, cinq années avant l’explosion de l’Euro et de la Communauté Européenne. Il faut vraiment que vous changiez, que vous changiez rapidement et profondément.  De politique et de Merkel


Bonnes élections !


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