De quelques choses qui ne vont pas
Le blog précédent visait à tirer
une leçon qui me parait évidente des élections françaises, savoir que l’Union Européenne et l’Euro risquent fort d’exploser s’il ne s’opère
pas un changement radical de politique européenne, si nos chers amis allemands
ne cessent pas de vouloir une Europe qui soit une Grande Germanie, et dominée
par eux, fonctionnant comme eux. Que l’on
compare ce qu’est la politique de Mutti, épicière base de plafond, à celle des
grands hommes d’Etat que furent les deux Helmut, Kohl, récemment décédé, et Schmidt !
Quelques exemples de ce qui ne va
pas
La crise grecque : la crise des subprimes (tiens, au fait, où en est la
Deutsche Bank) s’est transformée en crise des dettes d’Etat, s’acharnant sur le
maillon faible européen qu’était la Grèce. Effectivement, le truandage systématique
des comptes publics grecs (avec la complicité de qui ?), l’absence même d’un
Etat digne de ce nom en Grèce ne pouvait plus durer et menaçait la zone
européenne d’explosion. D’accord, il fallait frapper vite et fort, et vous l’avez
fait.
Mais au-delà il semble bien qu’en
bon protestant, vous ne pouviez accorder aucune absolution et qu’il fallait
punir le pêcheur jusqu’à ce qu’il pleure des larmes de sang. La meillee preuve
de cette volonté de punir est qu’elle a conduit à des décisions qui ont été
néfastes, non seulement pour la Grès, mais pour toute l’Europe. Vos lenteurs, vos
réticences dans la mise en place du mécanisme européen de stabilité et de
rachat de dette étatique par la banque centrale ont coûté des milliards.
Aujourd’hui, alors même que le FMI insiste sur la nécessaire annulation d’une
partie de la dette grecque, vous repoussez encore cette mesure, indispensable à
une Grêce ecsangue…pour cause d’élection allemande. C’est honteux, c’est
contraire même au but- comment les Grecs pourraient-ils reconstruire un Etat
dans ces conditions.
Les déficits : certes, un déficit courant irraisonnable et
reconduit d’années en années n’est pas supportable pour un Etat. Mais enfin, le
commerce intra européen est tel que le déficit de vos partenaires contribue
pour beaucoup à l’excédent dont vous êtes si fiers ; et, à la fin des
fins, si nous formons une communauté européenne, le déficit de tels ou tels
pays européen vis-à-vis de l’Allemagne n’a guère plus d’importance que celui du
Wyoming vis-à-vis de la Californie , non ? C’est à l’échelle de l’Europe
qu’il faut juger du déficit
Et puis, en période de crise et
lorsqu’en plus les taux d’intérêt sont au plus bas, il vaut mieux le déficit
que la récession, non ?
Enfin, il faut aussi faire de politique,
la réunification de l’Allemagne au taux de parité des marks est et ouest était
économiquement condamnable, mais politiquement inévitable. Kohl l’a fait, nous
l’avons bien compris, il fallait pour toute l’Europe que cette réunification se
fasse au mieux. Et nous avons alors supporté, pour cause de convergence vers l’euro
des taux d’intérêts supérieurs à ceux que nous aurions pu avoir. Vous pourriez
un peu vous en souvenir au lieu dé defendre pied à pied vos intérêts immédiats.
La sortie du nucléaire, pour des raisons purement
démagogiques,
avec la réactivation des centrales à charbon voire à lignite, est un crime
contre l’économie ( une énergie plus chère), contre le réchauffement
climatique, contre la santé publique (merci pour les épisodes de pollution).
Vous avez fait bien pire que ce pauvre Trump, avec ses mines de charbon du
Wyoming que de toutes façon aucun industriel n’exploitera autrement que
symboliquement. Et personne ne vous en veut !
L’immigration : un beau jour, vous encouragez tous les
réfugiès à immigrer et à venir en Allemagne. Orban décide alors de laisser
passer tous les migrants qui s’accumulaient
dans les gares hongroises, bizarrement, ça vous plait déjà moins. Puis vous voulez
décider quel pays accueillera qui (ça va, les chevilles), et finalement, tout
contrits, vous concluez un accord de blocage avec le néo-sultan turc, qui nous
place dans sa dépendance, celui-ci ne se
gênant pour menacer d’ouvrir les vannes chaque fois que quelque chose ( un
article, une chanson, un prêche) lui déplait. Génial.
Mais qui vous a donné mandat de
diriger la politique d‘immigration de tous les pays ? Nous comprenons bien
que votre démographie catastrophique (au fait pourquoi donc, dans ce pays si
bien gouverné ?) vous incité à favoriser l’immigration, mais ce n’est pas
le choix de tout le monde.
Votre politique de compétitivité par les coûts : le salaire horaire moyen en France
et en Allemagne est sensiblement le même. Mais les inégalités sont beaucoup
plus fortes en Allemagne. Pendant que certains secteurs de haute technologie
sont restés protégés, dans bien d’autres vous vous êtes lancés au rebours de
vos traditions industrielles et de ce qui faisait votre force, dans une
politique de basse qualité, bas salaires. Vous en êtes à 22.5% de travailleurs
pauvres contre 8.8% en France (21.3 en Angleterre, 3.8 en Belgique). Votre
politique n’a pas fait de miracles, elle a transformé des chômeurs en
travailleurs pauvres. Vous avez même un moment inventé les enchères inversées- des tâches
attribuées au moins demandant. Que voilà
une politique qui valorise le travail !! Vous avez déséquilibré
complètement certains marchés, les producteurs de porcs français devant faire
face à vos abattoirs géants peuplés de polonais surexploités en savent quelque
chose.
Cette politique de compétitivité
par les coûts, c’est vraiment l’inverse d’un modèle qui aurait pu rallier la plus
grande partie des européens, le feu modèle rhénan, le contraire de ce qui a
fait la réputation de votre industrie. Vous vous êtes aussi mis à tricher, et
comme vous ne faites pas les choses à moitié, ça donne Volkswagen. Privilégiant
la compétitivité par les coûts au lieu de l’innovation, vous vous scandalisez
maintenant de voir les Chinois rafler des fleurons de votre industrie et vous
voulez maintenant limiter leurs investissements . Mais ce sont maintenant euxc,
les vrais industriels.
Et cette politique de casse
sociale, de compétitivité par les coûts, et surtout par les coûts salariaux,
vous voulez l’imposer à toute l’Europe !
Ajoutons à la barque vos façons
de bulldozer, votre manière en faisant bloc, d’imposer vos intérêts dans les
institutions européennes. Ainsi, pour la catastrophique « libéralisation »
du marché électrique, alors qu’EDF se faisait exploser, vous avez réussi à
vendre l’idée qu’il n’y avait pas de monopole national en Allemagne, puisqu’il
y avait un distributeur public par Lander. Bravo ! Et ce n’est qu’un tout
petit exemple.
Non, ça ne va pas du tout !
ça le fait pas ! Il est minuit
moins cinq, cinq années avant l’explosion de l’Euro et de la Communauté Européenne.
Il faut vraiment que vous changiez, que vous changiez rapidement et
profondément. De politique et de Merkel
Bonnes élections !
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